Il est déjà minuit passé, et le sommeil s'en fait encore désirer. Il n'arrête pas de se tourner et se retourner, mais rien n'y fait. Il essaie pourtant de chasser toutes ces pensées qui le tiennent éveillé malgré lui, mais elles reviennent aussitôt, bien moins fatiguées de cette course-poursuite qu'il ne l'est lui-même. Si seulement sa fatigue pouvait hâter son sommeil, mais non. Il est des fatigues d'humeur sadique, qui se nourrissent du corps et de l'esprit, interdisant le répit dont la nature les avait munis, le sommeil.
Il avait entendu dire que le sommeil fuyait trois sortes d'individus, celui qui a faim, celui qui a peur et enfin celui qui a froid. Il n'a ni faim ni froid. A-t-il donc peur? Mais de quoi ? De la torture de sa conscience ? Non il l'avait étouffée celle-là il y a très longtemps. Il doit avoir peur des conséquences ! Mais non ça serait ridicule, se dit-il ! Il en sourirait bien, mais il n'y arrive pas. C'est son chef qui lui demande de signer voyons. Donc il est couvert. Non, il a peur tout court, parce qu'il a toujours été un lâche, et qu'est-ce qu'un lâche s'il n'a pas la peur pour compagne, Même s'il en ignore le sujet? Épuisé, il finit par s'endormir.Foutu réveil ! Il est encore très fatigué, mais il doit se lever. Il n'a pas le temps de prendre une douche, bien qu'il en ait grand besoin, car il peine à s'habiller tellement le sommeil l'assaille encore.
Ah! voilà son chef qui l'attend. Il lui sourit. Il aime quand son chef lui sourit. Même si ce n'est que le temps d'un sourire, il a l'impression qu'il est important, qu'il existe quoi.
La feuille est déjà prête sur son bureau vide, sinon d'elle. Il a encore sommeil, et les pensées peinent à se frayer leur chemin à travers ses neurones, à part une : il faut faire plaisir au chef, comme il l'a toujours fait. Il signe la feuille sans même y jeter un regard. D'ailleurs ça n'aurait servi à rien, tant il est encore dans les vapeurs.
Une semaine plus tard....
Les couloirs si calmes d'habitude grouillent de bruits de pas. On entend les portes des bureaux s'ouvrir tous presque en même temps. Il se lève et ouvre la porte du sien. Il tombe nez à nez face à un parfait inconnu. Il regarde par-dessus l'épaule de l'homme et voit des policiers en uniforme.
- C'est lui qui a signé l'ordre de virement frauduleux. Mettez lui les menottes et emmenez le, dit l'homme en civil qui lui barrait le passage.
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HISTOIRES COURTES
General FictionDes histoires pas longues qui racontent des histoires tout aussi courtes.