Chapitre 1

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«Tu ne peux pas poser un peu cette manette de playstation ?»

Sa voix avait l'air contrariée. Hélas, mes yeux ne pouvaient se détacher du petit écran de télévision de la chambre à coucher. Bataille royale, comme on dit dans le jargon). 100 participants, 1 survivant, et ça serait moi, c'était toujours moi. 

«Antho ! Je te parle là !» 

Face à mon silence persistant, je la senti claquer la porte derrière elle en me traitant de geek. "geek", ce mot m'avais toujours fait sourire prononcé par sa jolie bouche. Au fond c'est quoi un geek? Il n'y  a pas de terme péjoratif pour un féru de sport ou de littérature, parce que ce sont les passions anciennes, les passions nobles. Geek ! Et bien tiens, désormais,  à chaque fois qu'elle me traiterai de geek je la traiterais de vieux jeu. 

On me tira dessus, la partie prit fin, j'avais perdu. Ah ! il fallait toujours qu'elle vienne me faire son caprice quand il ne faut pas. Mais c'était Anna, ça restait ma Anna, et c'est vrai que je lui avait promis que je passerai du temps avec elle quand on emménagerai ensemble. Mais comment faire ? Elle ne s'intéressait à rien. A trop vouloir bien faire je vais finir en après midi shopping avec ses deux copines!  Je veux bien faire un effort mais pas au dépend de ma santé mentale.

Je descendit la rejoindre dans la cuisine, elle préparait le repas. Je sentais sa colère dans sa manière de couper les ognons. J'aurais trouvé ça mignon si je ne craignais pas qu'elle se coupe un doigt. Je me glisse derrière elle et passe ma main sur ses hanches. Elle soupire, ses long cheveux roux me caresse le bout du nez. Il fallait que je brise la glace, que je lui donne de l'attention, tout ce dont elle attend de moi, peut importe comment. 

«Aller, viens jouer avec moi » 

Elle posa subitement le couteau sur la plaque sans rien dire. Les mots sont sorti si vite que je n'ai pu les retenir. Mais qu'est ce qui m'avait pris? Comme si parmi tout les scénario probable il y en aurait un qui tournerai à mon avantage! Mais quel idiot. Si ma playstation ne passait pas par la fenêtre dans la minute qui suit, je l'aurais permise de me sacré curé. La sentence tomba, elle se dégagea de mon étreinte, et me regarda. Ces grand yeux noirs étaient insondables, c'est à dire qu'elle avait l'art de maintenir des silences électrique. 

«Allons y alors.»

Aussitôt dit, la pression retomba  comme un soufflet. Pourtant, un malaise s'installait et je ne savait pas si c'était à cause de mon imminente intégration à l'ordre ecclésiastique ou le caractère positif et inattendu de la réponse. Je ne m'était pas laissé le temps d'y réfléchir plus longtemps, nous sommes monté dans la chambre, elle a choisi le jeu (call of duty, celui avec pleins de zombies), et nous avons commencé, sans même échanger un mot. 

Au début, je l'ai senti ennuyée, elle ne savait pas comment faire, puis, au fil des heures, elle commençait à bondir de joie quand elle arborait une arme à son gout. La nuit défilait et mes yeux tombèrent de fatigue vers 3 heures du matin, mais elle était là, toujours éveillée, à supplier une dernière partie alors que moi, dans toute l'ironie du sort, je lui proposait d'aller se coucher. Tout ceci me semblait complètement inouï, mais je me disait qu'après ça elle me foutrait la paix, parce qu'elle me comprendrait. 

Mais j'ai créé un monstre. Je m'en suis douté quand elle s'est glissé du lit au petit matin sans faire de bruit, pour rallumer la console. J'en étais presque sûr quand je suis allé faire les courses seul au supermarché "parce que je ne peux pas arrêter la partie en cours, tu comprends?" bien sur que je comprend. On dirais moi. Et hélas je l'ai su lorsque qu'après un weekend entier passée les yeux rivés sur l'écran, elle me jeta hors de la chambre quand je lui proposa une ballade dans la foret. J'ai créé un monstre et comme  Victor Frankenstein, tout en y voyant une certaine fierté,  je commençait à craindre pour notre vie à deux.

 Les deux semaines qui suivirent, j'ai été petit à petit exclu de ma propre chambre, je n'avait pour ainsi dire, plus le droit de toucher une manette, tout était monopolisé par elle. Elle a tout essayé, FPS, RPG, Stratégies, et même ce jeu de simulations de recettes de cuisines. Ainsi je restais là, impuissant, à contempler ma petite amie comme hypnotisée par ce petit téléviseur. C'était de la folie, c'était insensé, comment peut on passer autant de temps coincé dans cette chambre à coucher ? Et ne plus prêter attention au monde qui nous entoure? C'était une addiction, j'en suis certain maintenant. Une addiction aux jeux vidéos, il fallait que j'agisse. 

«Anna ? Tu ne peux pas poser un peu cette manette de playstation ?»

La phrase faisait écho dans ma tête comme un reliquat du passé. 

«Anna ? Anna!» 

Je criais maintenant mais rien ne semblait l'ébranler. Elle restait là silencieuse, absorbé par ce jeu, la bataille royale, comme on dit dans le jargon. 

« t'es vraiment devenue une geek»

Au fond de moi, je comprenait le sens de ses mots désormais. 

J'allais partir en claquant la porte, mais la colère m'envahit, alors dans un dernière élan désespéré j'attrapa tout les câbles de la playstation et je les débrancha d'un seul coup. Le noir régnait désormais dans la pièce à la hauteur du silence. Anna me fixais, tout était redevenu électrique.Je paniquais : 

«J'étais obligé Anna ! T'es accro ! Tu te rends pas compte ! Le temps que tu passes la dessus ! »

Elle se leva doucement, me tendit la manette avec un léger sourire qui en disait long :

«Oh si, Anthony je me rends compte. Et toi, tu t'en rends compte maintenant?»

Bataille à la loyale.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant