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Il pleut. L'eau coule. L'eau dégouline. Elle parcourt mon corps. Mon pauvre corps. Il fait nuit, sombre, froid. Il pleut. La pluie est un temps calme, où notre esprit peut se sentir libre. C'est beau. Tout autour de nous est noir, bleu, rouge. Mes pas résonnent dans la ville éteinte, endormie. La capuche de mon sweat noir protège de son mieux  ma chevelure d'entrer en contact avec les gouttes de pluie. J'ai froid. Il aime le froid. C'est lui qui me fait vivre. C'est lui qui me fait souffrir. Est-ce à cause de lui que je suis bizarre ? Je continue de marcher, tête basse, dans mes pensées. Une voiture arrive derrière moi. Il l'entend. Il le sait. Les fards allumés, la voiture passe à toute vitesse à côté de moi, sans manquer la flaque qui finit sur moi. Encore plus trempé qu'auparavant, je marche, je continue ma route. J'ai mal au crâne. Si ma mère savait, si elle savait ce que je faisais en ce moment. Si elle savait dans quel état j'étais, je serais sûrement déjà mort. Mais ils ne voient rien. Ils ne le voient pas.

Je jette un vif coup d'œil à ma montre, 01:23. Merde. Je suis en retard. Elle va me tuer. Je lui ai dit que ma "ballade nocturne" avec mon ami finirait bien avant vingt-trois heures. Je prépare dans ma tête des excuses idiotes. "Mon téléphone n'a plus de batterie". C'est une bonne excuse ? Ou c'est trop gros ? Elle ne va jamais y croire. Je fais demi-tour, retraçant toute ma sortie dans le sens inverse. "Putain, laisse-moi tranquille". "Va voir quelqu'un d'autre". J'en ai marre. Ce froid glacial me ronge la peau. Mais il aime ça. Je suis son jouet.

J'arrive bientôt. Je rejoins l'impasse où se trouve ma maison. Je vois que l'intérieur est encore tout éclairé. Étrange. Ils sont censés dormir à cette heure-ci. Je monte une à une les marches en bétons qui mènent à la porte d'entrée. J'ai mal. Mon crâne me fait si mal. Je mets ma main dans la poche arrière de mon pantalon. Mes clés ne sont pas là. Il m'a encore joué un tour ? En espérant que mes parents n'aient pas fermé la porte à clef, j'appuie sur la poignet pour l'ouvrir. Ouf. 

" Surprise ! "

Putain non, j'avais oublié. C'est mon anniversaire aujourd'hui. Ils prévoyaient de faire la fête toute la nuit. J'aime pas la fête. Encore moins avec eux. Je déteste fêter mon anniversaire. C'est débile, enfantin. "Ahah merci". Je fais mine d'apprécier leur surprise. C'est dur. Mon sourire me trahis, toujours. Mais ils n'y voient que du feu. Preuve en plus qu'ils s'en foutent de moi et ce que je ressens. Ils s'en sont toujours foutus. 

"Désolé, j'ai mal à la tête, je vais dans ma chambre"

"Non reste avec nous. Ça passera."

Non, ça ne passera jamais. C'est de ta faute. Pourquoi ? Pourquoi me fais-tu subir ça ? Tant pis, je monte dans ma chambre. Sans un mot. Sans un regard.

"Ty' putain reviens ! C'est ton anniversaire" "Bon, on va fêter ça sans toi."

Vous avez toujours fêter ça sans moi. Vous vous en rendiez même pas compte. C'est dingue à quel point je suis invisible aux yeux du monde. C'est toi qui me rend ainsi ? J'efface mes questionnements, ceux qui me hantent et qui n'ont toujours pas de réponse depuis l'âge de 13 ans, et m'allonge sur mon lit. Sur le dos, les yeux rivés sur le plafond blanc. C'est vide. Vide comme mon esprit. Vide comme ma vie. Sans toi mon esprit serait tellement plus tranquille. Va-t-en. Je t'en supplie. 

Pourquoi je me parle ? Je suis con putain. Je suis tellement seul. Je regarde mes bras. Bleu. Rouge. Noir. Je prends mon oreiller. Je hurle de rage. Cette injustice que tu me fais vivre. Laisse moi, au moins un jour. S'il te plaît.

Je t'en supplie.

Aide Moi.

Tu Es Là Pour Moi. 

Pas vrai ?

Tu Es Là Pour M'aider ?

Putain, cette musique est insupportable. Ils ne peuvent pas se taire ? Je les déteste. Je te déteste. Je vous déteste.

Mon corps tremble de ta faute. Mon corps subit de ta faute. Je souffre de ta faute. 

Ma vie est un enfer de ta faute.

BF.

DaemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant