"Les battements de mon coeur résonnaient dans le silence de la nuit, je sentais mon sang pulser contre mes tympans et le vent caresser mon épiderme laissant place à une vague de frissons qui se propageaient tout le long de mon corps. Pour la premièr...
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Elle était là. Sur le pont. Le corps au dessus du vide. Le vent malmenait sa robe blanche, chaque souffle la faisant tanguer un peu plus. Chaque souffle la faisait tomber un peu plus. Ses longue tresses qui lui tombait sur le dos, ses doigts fins, la courbure de son corps ; tout en elle me faisait penser à une poupée de cire. Une poupée abîmée, malmenée, la peau traversé de cicatrices . Suspendue au dessus du temps. La ville s'était tue. La nuit régnait en maître. Il n'y avait personne, pas une voiture, pas une âme sur ce pont, si ce n'était elle et moi. Ses pieds restaient fermement accrochés à la rambarde et soudainement elle m'a parut si légère. Ses os transperçaient sa peau et j'aurais juré qu'il suffirait d'une brise pour qu'elle chavire. Ma respiration se faisait faible, imperceptible tendis qu'aucun mot ne me venait. J'avais presque envie de la voir tomber. D'admirer le spectacle angélique que serait sa chute dans les eaux gelées du fleuve à des mètres sous nos pieds. Peut-être voulais-je tomber avec elle. Peut-être voulais-je mourir avec elle. Ce qu'elle ne faisait pas m'hypnotisais si fort que je senti mon corps frissonner dans le noir.
"-Tu ne comptes pas m'empêcher de sauter ?
Elle avait chuchoté si faiblement que j'ai cru rêver pourtant je le jure je sens encore cette phrase résonner dans mon esprit. Les mots se bousculaient dans ma gorge mais rien ne sortait. Je voulais qu'elle saute. C'était une question rhétorique, je l'ai sentie dans le ton de sa voix, mon avis importait peut, elle avais fait son choix.
- Le vent a soufflé, a fait gonfler sa robe blanche et frémir son corps.
Tout semblait irréel ; ce pont, l'eau qui continuait sa course sous nos pieds, elle, moi. Tout. J'ai déglutis sans rien répondre, je commençais à manquer d'oxygène.
- Ça ne te dérange pas que je meurt sous tes yeux ?
Le ton de sa voix était aussi glaciale que l'air, dénué d'émotion.
- Je sais pas...peut-être.
L'eau continuait de se jeter dans la mer comme elle, rêvait de se jeter de ce pont. Elle s'est retournée et j'ai pu voir son visage, enfin, flouté par l'obscurité. La lune faisait refléter dans ses yeux une lueur étrange.
