Un soir de novembre

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C'était un soir de novembre, il pleuvait. Tu étais là, assise sur ton lit, appuyée sur le rebord de ta fenêtre. À travers la vitre, tu pouvais voir la ville. Tout était gris. Les seules lumières étaient les feux des voitures et les lampadaires.

C'était un paysage bien triste, tout comme la journée que tu venais de passer.

Ce matin, tu t'étais levée trop tard et tu avais loupé ton bus. Tu es arrivée à ton premier cours avec deux minutes de retard. Tu t'es faite incendiée par ton professeur dès ton entrée dans la classe. C'est vrai que ces derniers temps tu n'arrivais jamais à l'heure en cours le matin, mais ce n'était pas une raison. Les cours se sont enchaînés et l'heure de la pause de midi est arrivée. Deux ou trois élèves se sont moqués de toi mais tu n'as rien dit. Tu n'as pas pour habitude de répondre, tu préfères encaisser et tout garder pour toi.

Tu as rejoint quelques amis au self. Ils t'ont remonté le moral et t'ont fait rire pendant toute la pause. Ils ont le don de te faire oublier tous tes problèmes. Et tu te rends compte au fur et à mesure des moments passés avec eux à quel point ils comptent pour toi.

Tu es retournée en cours. Tu as arrêté de sourire. Ta professeure de mathématiques t'a rendu ton devoir. Trois sur vingt. Avec écrit en commentaire « décevant ». Toi aussi tu étais déçue. Tu savais que tu étais capable de faire mieux. Mais ces derniers temps, tu n'y arrivais plus. Tu étais de plus en plus fatiguée émotionnellement et tu n'arrivais pas à gérer cela.

Pour ne pas empirer ta situation, tu as essayé tant bien que mal de suivre les explications de ta professeure.

Comme ce matin, les cours se sont enchaînés. Tu as finis à dix-huit heures. Tu es sortie de ta classe plutôt lentement. Tu redoutais le moment où tu te retrouverai seule avec toi-même. Tu as mis des écouteurs, en espérant retarder ce moment. Bien évidemment, cela n'a pas marché. Tu t'en doutais un peu de toute façon.

Une fois rentrée chez toi, tu as salué ta mère et tu es directement montée dans ta chambre. Tu t'es étalée sur ton lit et ça a recommencé. Tu t'es remise à penser, comme tous les soirs, à ce qui n'allait pas, à ce qui te fait croire que ta vie est nulle et sans importance.

Tu as repensé à la mort de ton père, cette soirée qui te hante toujours. C'était il y a quelques années mais tu t'en souviens comme si c'était hier. Ça reste bloqué en toi.

Tu as aussi repensé aux moqueries des gens. Devant eux, tu fais de ton mieux pour leur faire croire que ce qu'ils te disent ne t'atteint pas. Mais au fond tu es brisée et tu te sens inutile. Ça t'arrive même parfois de te dire que ce serait mieux si tu n'étais pas là. Parce qu'au fond ces gens ont peut-être raison, peut-être que tu es réellement ce qu'ils disent.

C'était un soir de novembre, il pleuvait. Tu étais appuyée contre le rebord de ta fenêtre et tu observais la ville. Tu avais arrêté de penser à ce qui te rendait mal. Tu n'en pouvais plus. Il fallait que cela cesse. Tu allais te reprendre en main, mettre de côté tes problèmes et aller de l'avant. Tu peux y arriver, tu le sais. Tu n'es pas faible comme tu le pensais, tu es forte. Tu vas te relever et tu vas réaliser tes rêves. Tu iras mieux, tu en es sûre.

Un soir de novembreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant