Il était une foisdans la somptueuse ville de Bagdad, dans le grand palais d'Al-Knuld,aux dorures étincelantes de lumière, qui reflétait tant et si bienles milles richesses de l'empire des Abassides; que demeurait lecalife Al-Mansour et sa magnifique famille. Sa charmante épouse luiavait offert le plus beau et le plus précieux des présents endonnant la vie à deux ravissantes filles jumelles, Assia et Anissa,il était en contemplation permanente devant elles, même si lanaissance d'un garçon aurait permis d'avoir l'héritier tant attendudes habitants de Bagdad, il les aimait tant et savait apprécierleurs différences car elles étaient tel le jour et la nuit. Lapremière née, Assia, ressemblait plus à sa mère, elle avait unelongue chevelure dorée et ondulée, des yeux d'un bleu profond et leteint rosé d'une pêche, elle avait cette douceur, cette grâce, quiémerveillait tant ses parents. La seconde née, s'appelait Anissa,elle était le portrait de son père, brune avec de longs cheveuxbouclés, et un teint mat qui faisait ressortir ses yeux vertsémeraude, elle avait un temperemment de feu, et ne cessait de défiersa sœur, se comparant et se mesurant à elles bien souvent devant lahorde de domestiques qui suivaient leurs disputes au gré des jours,tandis que leurs parents préfèraient s'en amuser. Mais Anissacontinuait d'entretenir ce mauvais feu, elle croyait véritablementque les mille et une qualité de sa sœur faisait d'elle, la fillepréférée de ses parents, qui très souvent la complimentait. Alorsun jour, la grande jalousie d'Anissa devînt tellement intensequ'elle voulut utiliser le fameux livre de sorcellerie, qu'elle avaittrouvé dans la grande bibliothèque du palais afin d'éloigner sasœur qu'elle ne supportait plus, car elle voulait être la seulefille bien aimée de ses parents, elle voulait à son tour qu'ils luiapportent toutes leurs attentions. Alors, elle commença à parcourirles multitudes pages de ce gros livre très ancien et elle eut l'idéede transformer sa sœur, Assia en chat, ainsi elle s'échapperait etdiparaîtrait enfin de sa vie. Pour cela, elle apprit scrupuleusementtoutes les consignes de ce maléfice. Elle eut l'idée d'attendre quesa sœur s'endorme profondemment, elle lui lut le texte, et là toutse réalisa comme elle l'avait prévu, elle se transforma en unebelle chatte persane toute recouverte de poils longs blancs et desyeux d'un bleu azur. Lorsqu'elle voulut la prendre, elle miaula enregardant intensemment Anissa, puis la griffa à la main, alorsAnissa la jeta en colère dans un panier à pique-nique et partitrapidement dans un quartier qui se trouvait derrière le palais. Dansune rue sombre, loin des agitations, elle laissa la belle chatteblanche, s'échapper du panier, abandonnée de ceux qu'elle aimaittant. Perdue, et désoeuvrée dans cette nouvelle enveloppecharnelle, elle déambulait sans savoir vraiment où elle setrouvait, la jeune fille du sultan ne se promenait que très rarementdans sa ville, son père des plus protecteurs ne souhaitait pasqu'elle se mélange aux gens du peuple, craignant qu'elle ne se fasseenlever par des malfaiteurs. Elle découvrit son apparence ens'approchant d'une flaque d'eau qui scintillait aux reflets dusoleil. Elle fut prise de frayeur et ses cries se transformèrent enprofond miaulement de détresse, puis des larmes coulèrent de sesyeux de chat. Non loin de là, derrière le splendide et luxuriantjardin du palais vivait dans une immense demeure, le fils unique ducadi Ali-Burhan, il se nommait Yanis, il avait des cheveux bruns etlisses comme de la soie, des yeux d'un bleu très clair, mais àtravers lesquels il n'avait pu voir car il était aveugle denaissance.Un matin, lorsqu'il sortit de chez lui avec un de sesfidèles serviteurs, pour se rendre au souk, il entendit unmiaulement qui le saisit et aperçut cette si belle chatte quisemblait complètement apeurée. Il s'en approcha tout doucement etlui dit «mais que t'arrive t-il?» et lorsqu'il voulut la prendre,il ressentit quelquechose de vraiment particulier, de la peine. Ilrentra aussitôt en prenant cet animal, abandonnant le serviteur quipartit seul acheter des épices. Il lui versa du lait dans unecoupelle mais l'animal ne but que lorsque il pencha la coupelle versses moustaches. Elle devînt sa fidèle compagne, lui parlant sanscesse, il avait souvent l'impression que ses miaulements étaient desréponses, elle l'accompagnait de partout. Pendant ce temps, lesultan et sa femme, qui avaient trouvé la chambre de leur fillechérie complètement vide, remuèrent ciel et terre pour laretrouver, toute la ville et les environs de Bagdad avaient étéfouillés par les soldats. Ils promirent une récompense à celui oucelle qui leur ramèneraient mais le temps passa et ils commencèrentà perdre espoir de revoir un jour leur fille chérie qui leurmanquaient tant, leur coeur était envahit d'une immense tristesse.Leur fille, Anissa s'était au début réjouie de son abscence, maiselle comprit rapidement qu'elle ne remplacerait pas sa sœur, sesparents étaient inconsolables, ils souffraient énormément et ellen'arrivait pas à soulager leur peine, mais elle ne sut commentréparer ce qu'elle avait fait. Si elle avait appris toute l'histoireà ses parents, elle risquait d'être reniée à jamais. Quant àAssia, qui se prénommait désormais «trésor», elle ne sortaitjamais à l'extérieur, Yanis avait bien essayé plusieurs fois del'amener ne serait-ce que dans la cour, mais à chaque fois, elle secouchait par terre complètement apeurée et miaulait. Il fallaitnéanmoins trouver un moyen pour que son milieu naturel lui deviennede nouveau familier. Alors la mère de Yanis lui fabriqua une laisseavec une corde, ainsi Yanis put progressivement lui apprendre àarpenter les rues, elle se sentit ainsi en sécurité et découvritenfin la ville et ses habitants, elle n'avait jamais vu ce qu'étaitla pauvreté, sentit toutes ces odeurs qui s'échappaient de cescuisines, les cris des enfants, les chiens aboyaient, ou encore cesgens qui parlaient sans cesse de tout et de rien, Yanis était devenuson guide et cela la réjouissait même si elle aurait tout donnépour retrouver sa vie d'avant avec ses parents, elle pardonneraitpeut-être même à sa sœur ce qu'elle lui avait fait. Néanmoins,cela parut un peu farfelu pour certains habitants du quartier, devoir cette si belle chatte se promenait ainsi attachée, même s'ilsavait que Yanis était aveugle, jamais personne n'avait fait pareilchose auparavant. Mais un jour, Yanis partit au souk avec Trésor etson fidèle serviteur, Abdoul, lorsqu'une vieille dame, nomméeFatma, se jeta sur eux en leur disant qu'elle sentait le mauvais œil,alors elle leur demanda de venir chez elle et elle pourrait leur enapprendre plus, ce qu'il fit de suite. Yanis demanda à son serviteurde rester à l'extérieur, en rentrant, elle leur proposa de boire lethé, Yanis s'assit et prit Trésor sur ses genoux, Fatma s'avançavers Trésor et lui imposa les mains, et lui dit que le mauvais œilétait sur le chat, un proche mal intentionné lui avait jeté unsort et l'avait transformé en chat, et pour la délivrer, il n'yavait qu'une seule solution, trouver la fontaine magique située nonloin de là, à l'extérieur de la ville, dans un jardin embaumé parl'odeur du jasmin, «tu n'auras qu'à la suivre et elle te guidera,elle a entendu et elle sait» lui dit Fatma. qui rajouta « celui quiréussira à chasser le mauvais œil, sera récompensé par saquête». Alors Yanis lui tendit des pièces d'or et ils repartirentimmédiatement jusqu'à sa demeure. Il rentra, appela son père, lecadi Ali-Burhan, et lui raconta ce que la vieille dame lui avait ditet ils décidèrent de partir avec deux chevaux à l'extérieur de laville. Son père passa devant lui pour tirer le cheval de son fils,qui avait installé Trésor dans une belle sacoche de cuir marron.Ils parcourirent une longue distance quand soudain l'odorat de Trésortitillait par l'odeur du jasmin, se mit à miauler. Alors ilss'arrêtèrent, descendirent de cheval et posèrent Trésor à terre.Elle partit à toute allure vers un jardin où le jasmin caché desruines d'une ancienne habitation. Le père de Yanis accompagna sonfils, ils virent une grande fontaine ronde et là, Trésor étaitassise au bord. Yanis s'en approcha mais Trésor glissa en voulants'approcher de l'eau. Yanis éclaboussé, comprit que Trésor étaittombée et voulut la saisir quand il sentit la peau douce d'unefemme, et elle s'exclama: «tu m'as sauvée!» et lui donna unbaiser qui lui fit apparaître l'image d'une femme tellement belle.«Etait-ce un songe? Il y voyait, il la voyait, il la contemplaencore et encore, en se disant qu'elle allait disparaître.Le cadiresta stupéfait, il s'approcha avec joie de son fils, le serrantcontre lui en lui assurant qu'il y voyait bien, «c'est un miracle!»répéta t-il plusieurs fois. Sa quête avait été récompensée parl'amour. Trésor s'appelait en réalité Assia, c'était la fille dusultan qui avait mystérieusement disparu. Elle leur raconta que sasœur jumelle lui avait jeté un sort car elle avait toujours trèsjalouse d'elle. Ils repartirent amener Assia au palais de son père,qui n'en revenait pas de revoir enfin sa fille, sa mère s'évanouitquand elle l'a revue. Quant à sa sœur, elle se jeta à ses pieds enlui demandant pardon, son père comprit alors ce qu'elle avait faitet la gifla. Mais Assia lui tendit la main et lui dit qu'elle l'apardonnée car grâce à elle, elle avait découvert l'amour. Sonpère décida alors de donner la main de sa fille à Yanis. Dansles prochains jours qui suivèrent eut lieu l'un des plus beaumariage que l'on n'est jamais vu. Assia voulut que les habitantspuissent être témoin de leur union et après la cérémonie, ilsfirent tout le tour de la ville à dos de chameau. Tout le peuple lesacclamait, les cries des femmes retentissaient dans la villefortifiée. Quelque mois plus tard, naîtra de cet amour, l'héritiertant attendu que ses parents appelèrent Bilal, qui signifie «eau»en arabe, l'eau qui leur avait donné une nouvelle vie.
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L'histoire de la fontaine magique
Short StoryIl était une fois dans la somptueuse ville de Bagdad, dans le grand palais d'Al-Knuld, aux dorures étincelantes de lumière, qui reflétait tant et si bien les milles richesses de l'empire des Abassides; que demeurait le calife Al-Mansour et sa magnif...