Je suis désolé

La vie d'un héros n'est pas toujours facile.

Comptez sur Aizawa pour rappeler l'évidence. Kirishima soupira et frappa l'arrière de sa tête contre le pilier en métal, son crâne durci faisant un grand bruit dans la pièce vide. Il n'aimait pas cet exercice.

Sa partie était pourtant simple. Rester assis, et attendre que celui que jouait le héros vienne le sauver. Mais rester assis n'avait jamais été vraiment son point fort, et à peine deux minutes après le top départ de l'exercice, il commençait déjà à s'impatienter.

-C'est trop nul, je voulais être le héros, se plaignit-il à haute voix.

La classe avait été répartie en groupe deux groupes de sept et un groupe de six. Dans chaque groupe, un héros, trois vilains, et deux ou trois otages selon. Le but de l'exercice était simple. Il arrivait parfois, dans la vie d'un héros, qu'il se retrouve face à une situation impossible comme celle-là. Plusieurs personnes prises en otage à la pointe d'un fusil, des vilains plus nombreux et des renforts tardifs. Il fallait alors agir. Le héros pouvait décider d'attendre les renforts, au risque de mettre les vies des otages plus en danger qu'elles ne l'étaient déjà. Ou il pouvait tenter le tout pour le tout et aller les sauver seul, face à des vilains plus nombreux que lui. Ici, Ojiro était le héros. Et comme tout héros, il avait un choix. Attendre, ou agir, sachant que pour chaque groupe, un chronomètre avait été lancé, qui sonnerait la mort des otages après un temps déterminé par Aizawa. Le héros ignorait ce temps, les otages également. Seuls les vilains en avaient connaissance. Ici, Sero, Mineta et Yaoyorozu. L'exercice se terminait lorsque les renforts arrivaient (un deuxième chronomètre, avec un temps différent et cette fois, inconnu de tous), lorsque le héros parvenait à libérer les otages, ou lorsque le premier chronomètre sonnait l'exécution de ces derniers.

Sur le papier, Kirishima avait d'abord pensé que cet exercice était intéressant. Il n'avait pas pensé qu'il se retrouverait dans le camp des otages, à attendre sagement qu'on le tue ou qu'on le sauve, tandis que c'était les autres qui s'amusaient sur le terrain.

Après les avoir fermement attachés, Yaoyorozu, Sero et Mineta étaient partis se répartir stratégiquement dans l'immeuble qui constituait la scène du crime. Laissant Kirishima seul avec ses pensées, et un Bakugo étonnement silencieux. Il n'y avait pas vraiment accordé d'importance, quand Bakugo avait laissé Sero attacher ses poignets dans son dos avec son ruban adhésif sans même lâcher une réplique cinglante. Bakugo avait toujours été sérieux dans son travail, et même s'il jouait l'otage pour cette fois, cela restait un exercice dans leur formation de héros professionnels. Kirishima n'y avait pas porté attention. Ni lorsque Sero avait attaché leurs poignets, ni lorsque Yaoyorozu avait produit une chaîne sous les instructions de leur professeur pour les attacher au pilier en métal. Après tout, c'était les consignes, et les civils se débattaient rarement dans des situations de ce genre. Ils devaient jouer leur rôle.

Mais maintenant que les trois pseudos-vilains étaient partis, et que la large pièce nue était silencieuse, Kirishima s'étonna de n'entendre aucune plainte venant de son camarade otage. Il était presque sûr que Bakugo avait eu autant envie que lui de jouer le héros lors de cet exercice. Peut-être aussi le vilain. Un rôle où il ne fallait pas se contenter de s'asseoir et d'attendre. Bakugo était connu pour savoir exprimer son mécontentement et le voilà silencieux.

-Hey, mec, tu crois qu'Ojiro va réussir à nous trouver ? lança-t-il.

Il ne pouvait pas voir Bakugo, il était adossé de l'autre côté du large pilier, mais il se tordit et parvint à apercevoir un morceau de son épaule.

-Il a pas vraiment le meilleur alter pour contrer ceux des trois autres, commenta Kirishima en reprenant sa position initiale. Mais bon, il était plutôt agile donc peut-être qu'il va essayer de nous retrouver plutôt qu'attendre.