L'homme qui aimait l'attention

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Parmi la foule, Sarah Rosenberg regardait le bataillon d'exploration qui s'apprêtait à quitter la ville. Tous sur leurs montures, ils devaient être une cinquantaine à traverser la rue, la tête haute. Certains passants semblaient les acclamer et d'autres se chuchotaient à l'oreille, les visages crispés, sans doute informés du taux de mortalité de la dernière expédition.

Mais Sarah était envieuse. Elle avait bientôt fini son entraînement et avait déjà décidé qu'elle voulait s'orienter par là. En fait, elle l'avait toujours voulu.
Ses amies autour d'elle le souhaitaient aussi, uniquement parce qu'elles fondaient à la simple vue de Livaï, le caporal-chef du bataillon, dont elles ne cessaient de parler en entraînement.
Et en plus d'être stupides, elles avaient la tête dure. Difficile de les convaincre qu'elles ne tiendraient pas deux minutes à l'extérieur.

Enfin bon, étaient-elles pires que les autres qui affirmaient prendre la garnison ou les brigades spéciales pour ne pas avoir à faire d'efforts ?
Il est vrai que dans un monde comme celui ci où la hiérarchie apparente offrait une sûreté à laquelle on ne croyait plus, même le plus fin des avantages valait la peine d'être gagné.

Mais pour Sarah, c'était un rêve de pouvoir passer les murs et explorer l'extérieur. Du haut de leurs 50 mètres, ils la protégeaient peut-être mais l'emprisonnaient également. Sarah avait une soif inébranlable de découverte.

Tandis qu'elle pensait elle ne remarqua pas qu'un autre homme s'approcha d'elle et l'interpella.

- Toi, à en juger ta tête tu veux rejoindre le bataillon d'exploration.

Elle releva les yeux vers lui. Sur son cheval brun, il s'était arrêté à quelques centimètres d'elle. Elle n'eut même pas la possibilité de se demander si c'était bien à elle qu'il s'adressait dans toute cette foule, juste peut être pourquoi il prenait le temps de se soucier de son orientation.

Le blond semblait sur de lui mais le ton qu'il avait employé trahit son appréhension.
Quand elle comprit que ce type cherchait juste l'attention de la grande foule, ça l'amusa.

Voyant que Sarah ne répondait pas, l'homme continua. Autour d'eux seuls les chuchotements brisaient le silence. On pouvait entendre des voix pouffer : " Pourquoi perd-t il son temps avec elle ? C'est ridicule " parvint t-elle a distinguer.

- Enfin, c'est bien beau d'avoir la détermination gamine. Mais tu n'as clairement pas l'étoffe du bataillon, ni du caporal. Va t'entraîner.

Des cris d'exclamations se propagèrent de toute part. Sarah serra les poings d'indignation tandis que l'homme qui faisait peut être le double de sa taille sur sa monture retournait aux côté des soldats. Son regard s'arrêta sur son affreuse coupe de cheveux.

- Vous vous permettez de juger à un regard ? Attendez moi, je deviendrai le meilleur élément du bataillon. Votre grade sera ridicule à côté du mien.

Les yeux noisettes de Petra se mirent à trembler, surpris par le répondant de la jeune fille. Elle devait avoir son âge, peut-être légèrement plus jeune qu'elle mais elle avait beaucoup plus de répondant. Petra ne se serait jamais permise de faire une chose pareille avant de côtoyer la Brigade d'Operations Spéciales, après réflexion. Et puis, maintenant, Auruo risquait de s'opposer à sa candidature...

En parlant du loup, son comportement soudain l'avait fâcheusement étonnée. Il avait toujours aimé se vanter mais de la sorte, devant tout le monde ? À en perdre son temps ? Voilà qui était surprenant de sa part. Peut être était il encore en quête de ressemblance avec le caporal-chef... Le fait qu'il ose en plus rabaisser quelqu'un d'autre l'agaçait davantage : quand ils seraient partis elle lui frapperait le crâne, elle se l'était promis.

LA THÉORIE DE L'ATTACHEMENT - Livai x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant