༄ 𝐒𝐩𝐫𝐢𝐧𝐠

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— Je ne sais pas si c'est à cause de toi et ton prénom stupide, mais le printemps est ma saison préférée.

Assis sur le muret qui longeait la place ou se situait la grande roue, les deux adolescents observaient l'agitation de la fête foraine tout en restant un peu à l'écart dans leur petite bulle de confort.

— La meuf au prénom stupide t'emmerde.

Spring n'aimait pas qu'on se moque de son prénom parce qu'elle, contrairement à Winter et Autumn, elle l'aimait.

— Tu sais que ce n'est pas méchant pas vrai ?

— Oui, oui. Je te connais ne t'en fais pas.

— Enfin bref, j'ai besoin de tes conseils. Si possible.

— Hep, hep, hep ! Pas avant minuit tu connais la règle !

Un doux rire traversa les lèvres pâles du jeune homme.

Spring on la surnommait « la conseillère nocturne ». Pourquoi ? A cause de l'heure à laquelle elle répond à ses messages, et aussi à cause de son incroyable don pour former de meilleurs couples que pourrait le faire Cupidon.

« Des conseils encore plus sages que ceux de la nuit ! » La voix de Summer résonnait toujours dans son esprit lorsqu'elle répondait aux divers messages. C'est aussi à ce moment précis qu'elle réalisa une chose. Si jamais elle rentrait tard ce soir -ce qui allait forcément arriver- elle ne pourrait pas répondre aux messages à cause de la fatigue qui la guetterait plus vite que d'habitude. Et puis tant pis! Ils se passeront de mes services pour la nuit.

— Plus sérieusement, reprit-elle, c'est à quel propos ?

— Une fille.

— Le clichééé !

Le rire de Spring fit frémir le châtain qui ne s'attendait pas à une telle réaction. Ce n'était pas méchant il le savait. Mais depuis qu'ils se connaissaient -soit maintenant trois ans- il avait été l'un des seuls à ne jamais lui demander de conseils. Alors forcément, Spring était surprise et amusée. Surtout qu'il ne parlait au grand jamais d'amour !

— Excuse-moi. Se reprit-elle. M'enfin bon, je vais être gentille ce soir. Je te donne mon conseil maintenant ok ? Alors écoute moi bien : dis-lui le plus simplement du monde et arrête de te prendre la tête.

— Vraiment ?

— Nan mais ! Serais-tu en train de remettre en cause mes talents de Cupidon ET de conseillère ?

— Attends mais je croyais que...

— Si tu comptes encore me sortir un truc que tu as vu dans une de tes séries arrête toi maintenant !

— Nan je suis sérieux ! Je croyais que les filles aimaient quand on faisait les choses en grand.

Spring se tourna vers le jeune homme qui regardait dans le vide l'air perdu. Il est sérieux. Pensa-t-elle. Un léger sourire attendrissant étira les lèvres de la jeune fille.

— Pas toutes tu sais. Prenons un exemple super simple. Winter et Autumn. La simple évocation de ces prénoms amusait la verte en repensant à l'histoire qu'elle allait raconter. Winter est la première à lui avoir dit « je t'aime », oui parce que, au cas où tu ne le saurais pas, beaucoup accordent plus d'importance à ces trois mots qu'à la manière dont tu leur demande de sortir avec elle. Enfin bref. Winter a fait un truc tout simple mais Autumn a beaucoup aimé. Par contre, Autumn a vu les choses en grand.

— Mais... Ça veut dire qu'elles l'ont fait deux fois ? A sa remarque, son interlocutrice fronça doucement ses sourcils encore châtains.

— Bah, oui. La première fois que Winter lui a dit puis la première fois qu'Autumn lui a dit. Je ne sais pas si tu comprends.

Spring observa longuement la réaction de son ami pour savoir s'il comprenait ce qu'elle voulait dire puis reprit.

— Ok donc je disais. Winter a fait un truc simple parce qu'elle manquait de temps. Autumn n'allait pas être là pour notre année de seconde alors elle n'avait plus de temps à perdre. Tout en l'écoutant, le jeune homme se souvint que les deux filles avaient commencé à sortir ensemble vers la fin juin. Très tardivement dans l'année scolaire. Comme Winter allait la chercher tous les soirs après la danse, sans exception, eh bien un jour elle lui a dit.

— Elle a juste dit « Je t'aime » ?

— Oui. Je te l'ai dit, elle a fait ça simplement.

— Et Autumn ? Tu as dit qu'elle avait fait en grand elle.

— Ouaip. Si Autumn est passionnée par la danse classique, Winter l'est par la photographie. Elles sortaient déjà ensemble mais Autumn n'avais toujours pas dit « je t'aime » à Winter. C'est, encore une fois, en sortant de son cours de danse qu'elle l'a fait. Il lui aura fallu un mois et beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps pour y parvenir. Spring se mit à rire devant l'air perplexe de son ami. Elle a piqué une feuille A3 à Summer qui dessine beaucoup, puis elle a utilisé un vieil appareil photo de mon père et avec, elle a photographié tout ce que Winter aimait le plus. Elle a imprimé le tout, mis en forme son affiche et au centre se trouvait une photo d'elles deux qui s'embrassaient. Seule photo qu'elle n'avait pas prise. Elle lui a donc offert et elle a dit « parce que je t'aime autant que tu aimes toute ces choses Winter ».

Le jeune homme souriait tendrement mais pas à cause du récit que venait de lui raconter Spring, non. C'était justement cette dernière qui le faisait sourire. Son expression d'enfant qui souriait béatement avec des étoiles plein les yeux. Elle jubilait presque, comme elle aurait aimé que cela lui arrive.

Soudainement le châtain se sentit pousser des ailes et il eut envie. C'était le moment, maintenant ou jamais. Le moment pour séduire celle que personne n'atteignait jamais, celle qui aidait les autres mais qui était incapable de s'aider elle-même.

— Spring? La verte tourna son regard brun sombre vers lui signe qu'il avait son attention. Et alors qu'il réunissait tout le courage du monde il parvient enfin à lui dire: Je t'aime.

— Moi aussi je t'aime Alexander.

— Attends quoi ? Il m'aura fallu un an et demi pour te déballer les trois mots les plus précieux au monde et j'ai pas le droit à une grande déclaration ? Ledit Alexander n'était évidemment pas sérieux, il voulait s'amuser et riait.

— C'est justement parce que tu as mis tout ce temps que tu n'as pas le droit à une grande déclaration. J'attends depuis un an et demi monsieur !

Et Spring descendit du muret sur lequel ils étaient perchés pour rejoindre ses amis.

— Eh ben ? Qu'est-ce que t'attends pour venir ? La voix de sa nouvelle petite-amie sortit le châtain de ses pensées.

Il se leva lui aussi du muret et rejoignit les quatre saisons qui partaient en courant vers les montagnes russes situées un peu plus loin.

𝔸𝕦 𝕗𝕚𝕝 𝕕𝕖𝕤 𝕤𝕒𝕚𝕤𝕠𝕟𝕤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant