Chapitre 2- Départ et souvenirs

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Ils durent prendre un taxi, gracieusement offert par la directrice de l'orphelinat suite au regard faussement larmoyant de son petit favori. Une fois dans la gare moldue, ils se baladèrent un moment avant d'apercevoir une famille de roux, pas du tout discret, crier à travers les non-magiques que le quai 9 et ¾ se trouvait par là. Une foule de regards interrogateurs et perplexes se tournèrent vers eux un court instant avant de se retourner vers leur trajectoire ordinaire. Luxe et Casimir les regardèrent en se demandant qui pouvaient bien être aussi stupide et aussi maladroit dans le fait de garder l'existence des sorciers cachée. Au moins, cela leur permit de les suivre à distance respectable et de voir où ils se dirigeaient. Une fois sur la bonne plateforme, ils restèrent un moment ébahis par la magnifique locomotive rouge devant eux. Luxe pris la main de Casimir dans la sienne et l'emmena dans la foule. Une certaine gêne les pris lorsqu'ils passèrent à côté de nombreuses familles en larme qui étreignirent leurs enfants. Ils étaient sans parents, sans figure parentale tout court, mais au moins, ils s'avaient l'un l'autre. La famille rousse leur apparut de nouveau un peu plus loin et semblait dire au revoir à deux jumeaux aux sourires moqueurs de l'âge de Casimir. Continuant leur parcours, ils arrivèrent bien vite à quelques pas des wagons. Les deux garçons s'arrêtèrent et sans porter attention aux gens qui les dévisageaient, ils se regardèrent intensément. Luxe retint la vague de sentiment qui l'envahit et préféra afficher un visage neutre.

« - D'accord...alors ça va être le moment, lança Luxe d'une voix se voulant assurée mais sonnant plutôt hésitante. Tu rencontreras plein d'autres amis de ton âge et tu seras un sorcier super. Puis, je viendrai te retrouver dans seulement deux ans. On se verra pendant l'été aussi d'accord... Alors ne m'oublie pas et rapporte-moi des bonnes notes d'accord ?

- Oui, maman, répondit Casimir avec un sourire moqueur qui n'atteint pas ses yeux pleins de larmes contenues. »

Sans lui demander son avis, Casimir enlaça fermement son frère de cœur dans ses bras. Il respira pour une dernière fois, avant un moment, la douce odeur d'agrume émanant de Luxe. Il passa sa main dans sa chevelure de jais toute douce dont il adorait s'occuper quand Luxe lui permettait. Casimir réalisa alors à quel point il lui manquerait. L'étreignant une dernière fois, il le relâcha puis empoigna sa valise avant de se diriger vers les portes pour embarquer dans le train. Il trouva rapidement un compartiment vide et installa sa valise dans le porte-bagage avant de s'asseoir sur la banquette. Il ne réalisait pas encore qu'il ne reverrait plus Luxe avant l'été prochain. Il sortit un livre de contes moldu et entama la lecture de la belle et la bête, un de ces préférés. Luxe le lui avait offert lors d'une de leurs balades sur le chemin de traverse. Les images bougeaient et brillaient dans l'obscurité, rendant l'ouvrage encore plus beau et précieux. Le train s'ébranla et se mit en route. Casimir lut un, deux puis trois contes avant de finalement s'assoupir. Il rêva de dragons, de magie et de châteaux. Un bruit fort le réveilla en sursaut. Une jeune fille, le regard hagard, le regardait et semble-t-il, venait d'ouvrir brusquement la porte de son compartiment. Elle avait les cheveux bleus et des piercings à sa lèvre inférieure. Ces caractéristiques, pour les moins surprenantes, le troublèrent légèrement. Elle s'avança puis demanda d'un ton assuré : « Puis-je m'installer dans ton compartiment? Dans celui où j'étais avant on m'a traité de folle. ». D'un timide hochement de tête, il lui signifia que ça ne le dérangeait pas. À moitié réveillé, il la regarda placer sa valise puis s'échouer sur la banquette face à lui. Elle se relava ensuite pour adopter une pose décontractée, puis s'exclama : « Bon alors moi c'est Gwendolyn Karefétinar, mais tu peux m'appeler Gwen. ». Il lui répondit alors, avec un timide sourire : « Enchanté Gwen, moi c'est Casimir Wolfreed ».

*****

Un mois plus tard, alors que luxe savourait un petit gâteau, préparé par la directrice, confortablement installé sur un banc de parc non loin de l'orphelinat, il vit arriver un hibou ayant une lettre entre les pattes. Curieux, il le déchargea de son colis et l'oiseau s'envola aussitôt dans le ciel, ne semblant pas attendre de réponse. Luxe ouvrit la lettre et y trouva deux pages de parchemin lui narrant les péripéties de son protégé.

Dérogation à son titreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant