La ville où était arrivé Raphaël n'était pas très impressionnante, ni grande d'ailleurs. Mais elle résonnait de rire et cris de joies des petits et grands et on y entendait de la musique dansante du soir au matin et du matin au soir. Il y faisait toujours bon vivre et, lorsqu'il pleuvait, tout le monde se rassemblait chez l'un ou l'autre et Mme Pouviac préparait une grande marmite de chocolat chaud pour tout le monde pendant que les hommes sortaient une bonne bouteille de cognac. Lorsqu'il faisait beau on se mettait en maillot de bain et on se baignait dans la rivière après l'école et le boulot. C'était l'enfance de Raphaël, il s'en souvenait comme si c'était hier, sûrement la période la plus heureuse de sa vie. Et cela grâce à Sophie, sa meilleure amie, sa sœur, son âme sœur, sa moitié. Ils s'étaient rencontrés à la rivière un soir : il avait perdu son bracelet de baptême dans l'eau en jouant avec ses amis et elle l'avait aidé à chercher. Ils devaient avoir dix ans, pas plus. Il avait tout de suite su qu'il ne pourrait jamais l'oublier. Son sourire et ses yeux noisette l'avait envouté. « Arrête de m'admirer » disait-elle « je ne suis pas un trésor, je ne suis qu'une pauvre paysanne ». Il aurait peut-être dû répondre que si, il ne serait pas là s'il l'avait fait. Chaque coin de rue lui rappelait son enfance innocente. Celui-là c'était celui où il avait embrassé Catherine, devant Sophie en plus, juste pour la rendre jalouse alors qu'elle était avec Tom. Elle avait été en colère après ça, elle ne lui avait pas parler pendant trois jours et avait laissé tomber Tom qui s'était empressé de se mettre avec Catherine. Et celui-ci, c'était celui où elle l'avait frappé parce qu'il avait dit une connerie, encore. Sans faire attention il percuta une petite fille qui jouait à la poupée au milieu des pavés.
- Désolé, ma grande.
Elle releva ses grands yeux bleus et le dévisagea quelque seconde puis se releva, défroissa sa jupe et demanda :
- Je peux vous aider peut-être ? Je connais tout ici.
Bien sûr, lui aussi, mais il demanda quand même :
- Je cherche la maison de mademoiselle Lyver, tu pourrais m'y accompagner ?
Elle lui prit la main et l'entraina en courant dans des rues plus étroites. Ils arrivèrent bientôt devant une grande maison, la maison de la famille Lyver depuis des décennies. Il toqua à la porte et une dame assez âgée l'ouvrit. Ses lunettes sur le bout du nez et sa main sur son dos arrondi par le temps, elle scruta le mystérieux visiteur avant de s'exclamer :
- Mais c'est notre petit Raphou !
Et elle le prit dans ses bras. Enfin, il l'a pris dans ses bras, plutôt. Il était si grand qu'elle lui arrivait au ventre, pas plus.
- Viens, viens, entre. Assis-toi, mets-toi à l'aise, tu as beaucoup de chose à nous raconter.
Elle lança un bonbon à la petite fille qui attendait toujours avant de fermer la porte. Raphaël rentra dans un grand salon qui avait pour mur des bibliothèques. Un grand piano à queue trônait dans la partie gauche de la pièce. Quand il le vit d'autres souvenirs lui revinrent en tête, elle, assise sur le petit tabouret, elle jouait tout le temps du Chopin, son compositeur préféré. Parfois il venait avec sa guitare et l'accompagnait comme il pouvait.
L'autre partie de la pièce était constituée de gros fauteuils très confortables et d'un grand canapé pouvant accueillir sept personnes sans difficultés. Au milieu, une table basse était recouverte de magazines et autres tasses vides, ils y avaient fait tant de fois leurs devoirs. Il prit place dans un grand fauteuils en cuir bordeaux, celui où il s'asseyait toujours, et la vieille dame s'installa en face de lui, dans le grand canapé.
- Alors mon garçon, que viens-tu faire ici ?
- J'ai fini ma fac d'ingénieur, je suis en vacances et je voulais venir vous voir. Sophie est ici ?
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Nouvelles en tous genres
RandomPetit recueil de nouvelles allant de celle écrite pour un concours au collège à celle concocter dans le train. Elles sont toutes de style très différent. En espérant qu'elles vous plairont, bonne lecture !