Elle.
"Je ne sais pas quoi faire..." Soupirait pour la millième fois ma cadette.
Exaspérée de l'entendre ressasser sans cesse les mêmes propos, je pris mon manteau pour l'enfiler. Il était cousu de ma propre main, dans un tissus épais, mélange de marron et de noir.
Je venais d'en boutonner cinq, lorsque Jeanna m'interrogea finalement, prenant conscience de mon geste.
"Mais, qu'est-ce que tu fais ?"
Son ton triste me pinça le coeur mais je décidai malgré cela d'ignorer ses questions. Je déroulai du porte-manteaux mon écharpe, que j'avais finis la veille, avec de grosses mailles noires, dans un fils doux, et posai ensuite sur mon crâne bien plus chevelu que la moyenne des femmes, le bonnet fabriqué exactement de la même manière. Je vérifiais que mes gants, également de la couleur de la nuit, étaient bien à leur place, dans la poche de droite et fourrais un en-cas dans celle de gauche.
Sans regarder la fillette d'une douzaine d'année qui m'observait, avec l'air malheureux qu'elle adoptait dès que je m'en allais, je lui lançai, fermement, mais avec amour.
"Va dormir, ou rends toi utile en reprisant ton pull bleu. Surtout reste là. Ne sors pas. Sous aucun prétexte. "
Elle faillît protester, et je la sentais bouillonner, tellement l'envie de me désobéir dès l'instant où je ne serais plus en vue la tentait, mais je savais qu'elle n'en ferait rien.
Je l'embrassai sur le front, tendrement, puis lui tournai le dos.
"Pas de tes pleurs avec moi. Je serai de retour pour le déjeuner de demain. Sois sage." Je demandais d'une voix forte en poussant la poignée
Le vent balaya l'entrée, et je fermai rapidement la porte, pour éviter à ma soeur un quelconque, mais embêtant, rhume.
Le soleil se couchait, recouvrant le monde d'orangé. La ligne d'horizon montrait d'abruptes montagnes enneigées : l'hiver était loin de prendre fin...
Je m'engageais sur le chemin créé par le temps, entre une multitude d'arbres centenaires, qui menaient à là où je souhaitais me rendre.
Après une marche, d'une demi-heure seulement, le chemin, plat, au fond de la ravine, s'arrêta à l'endroit où la façade naturelle était la plus facile à escalader.
Pourtant, l'ascension fût épuisante, même pour moi, une grande sportive.
La faille au fond de laquelle était bâti notre logis douillet, se trouvait à un quarantaine de kilomètres de toutes habitations. Tous les mois, j'entreprenais une longue route, pour objectif une ville se trouvant à une soixantaine de kilomètres. De là-bas, je ramenais des vivres, mais aussi d'autres agréments obligatoires pour une hygiène de vie respectable. Le trajet de trois à quatre jours était l'occasion de m'arrêter aux marchés afin de vendre quelques crèmes, pommades et cataplasmes aux villageois, pour but de gagner de l'argent. Évidemment, j'irais bien plus vite, sans ces pauses, mais à quoi bon aller acheter quoi que ce soit, sans argent ?
Lorsque je laissais ma Jen toute seule, je la savais morte d'inquiétude. Je le comprenais parfaitement, après tout, elle était trop jeune pour survivre seule dans la nature, et la route jusqu'à la civilisation était éprouvante pour une jeune fille seule. Elle avait si peur que je ne revienne jamais...
C'est après une escalade tout simplement épuisante que j'arrivais en haut du mur. Devant moi, s'ouvrait une magnifique clairière blanche et immaculée. La neige s'était entassée sur les deux pierres tombales que j'avais taillé, le cœur brisé.
La colère montait lentement, ne les voyant pas entièrement.
Je courus, et malgré mon état d'épuisement avancé, et j'entrepris de déblayer avec force les deux tombes.
Paul Fordant
Shoël, prêtre de l'eau.
Honni soit qui mal y pense.
Tu as toujours su quoi dire,
PapaJasmine Fordant
Söriah, prêtresse de la forêt.
Honni soit qui mal y pense.
Tu as toujours su nous aimer,
Maman"Que nos Dieux te protègent père. Que nos Déesse veillent sur toi mère. Soyez en paix..."
Ma prière en l'honneur de ces deux êtres chères, mes parents, se prolongea longtemps.
Leur mort, en ces lieux même, a créé dans nos vies, à Jeanna et moi un grand vide.
Ils ont donné leur vie pour nous protéger... Toutes les deux...
Sans eux pour nous protéger, surveiller, consoler, aimer, nous avions commencer par dépérir. Mais j'ai pris les choses en main.
Voila 5 ans, que nous nous sustentons seules.
Peut-être était-ce mon destin de les rejoindre si tôt ? Peut-être l'avaient-ils voulu, peut-être que nous leurs manquions trop ?
Je n'étais pas seule ici.
Qui était-il ? Je ne l'ai jamais sus.
Il étais vêtu d'une longue cape noir, le recouvrant intégralement, et une capuche couvrait sa tête.
Il était grand. Très grand.
J'avais eu peur. Très peur.
La vitesse avec laquelle il m'avait approché était stupéfiante. Irréel.
Avant même que je ne tente le moindre mouvement, il avait capté mon regard dans le sien.
Ses pupilles verticales couleur fauve, ses longues moustaches de félin, sa peau recouverte d'une fine couche de poils d'ors, ses dents d'animal, sa posture ressemblant à celle d'un chat prêt à bondir, sa main, la droite, tendue vers moi, doigts écartés, toutes griffes dehors, tout, en lui, faisait ressortir le prédateur qu'il était.
Ses yeux m'hypnotisaient. Je ne pouvais plus bouger. Je ne voulais plus bouger. J'étais sous son emprise, mais une infime partie de moi essayait de se rebeller.
Mais il était si fort, bien trop fort pour moi...
Un sourire, dévoilant encore plus ses canines brillantes dans la nuit qui était tombée, fendit son magnifique visage, un sourire si cruel, que je me mis, sans pouvoir me retenir, à hurler de toute la force de mes poumons.
Et, abandonnant sa posture défensive, il se jeta sur moi, en un bon prodigieux.
----------------------------------
Y a-il une suite ? Et bien j'y pense parfois.
En tout cas, j'espère que vous avez apprécié, et sur ce... JOYEUX NOËL :D
Dîtes-moi vos cadeaux :D
Et vous pouvez me donnez des idées ou des petits défis écriture ;)
VOUS LISEZ
L'Homme du Cimetière
FantasyLe soleil se couche, laissant place à la pleine lune. Un loup hurle au loin. Gwendolyn ne savait pas. Sa sœur ne savait pas. Qui savait dans cette campagne perdue ? De toute manière, il est trop tard.