Cher auditeur, chère auditrice,
Si je me tiens devant vous aujourd'hui, c'est pour vous parler d'un fléau. Un fléau qui sévit sur notre belle terre et par adéquation sur notre belle France. Je ne me tromperai pas en pensant qu'à l'instant le Covid 19 a été vif dans votre esprit. Mais ici, il n'est pas question de crise sanitaire, mais d'un déni sociétaire, d'un tabou, d'une ombre. Cette ombre plane depuis des siècles emportant avec elle homme et femme. L'ombre que je vous peints ici se fait appeler violence conjugale et nous aimons à tort penser que ses victimes sont seulement des femmes.
Je ne vous jetterai pas la pierre parce que les chiffres parlent d'eux même : 219 000 femmes âgées de 18 à 75 ans ont été victime de violence conjugale et 130 ont été tuée par leur partenaire ou ex-partenaire en France. Ces chiffres sont douloureux et tels des signaux, ils nous mettent en garde et nous alertent qu'il y a encore beaucoup de femme dans le silence, prises au piège entre les griffes de ce bourreau qu'est la violence. Ces chiffres à l'échelle de la France sont déjà indignant, alors les imaginer à l'échelle mondiale seraient un crève-cœur.
Ce silence brise. Ce silence détruit. Ce silence nourrit cette ombre qu'est la violence et la rend plus forte chaque seconde, chaque minute et chaque jour. Tous les 2 jours une femme meurent sous les coups et tous les 10 jours pour un homme. Je constate avec regret que nous avons tendance à oublier ces hommes victimes de cette ombre. Les images qui leur ont été attribué au fil des siècles fait que nous leur imputons tellement bien le rôle de bourreau qu'il est difficile de les visualiser en victime parce que l'homme est censé être « fort », « virile » ou encore le « pilier ». Nos préjugés musèlent ces victimes et les chargent d'un poids qui alourdit encore plus leurs maux.
Notre génération doit se lever pour ces vies injustement prises. Nous devons saisir l'arme qu'est la parole pour combattre cette chimère qui s'amplifier et s'intensifier, pour la vaincre, nous devons aller au-delà de nos préjugés.
Les femmes ne sont pas seulement des victimes, elles aussi peuvent briser et prendre des vies. Fermer les yeux, se taire et ne pas prendre les mesures pour briser ce déni sociétaire peut augmenter inconsidérablement le nombre de victime. La violence conjugale ne doit pas être le combat d'un genre, mais le combat de tous. Oui les femmes sont les plus touchées, mais chaque vie compte. Que cela soit tous les 2 jours ou tous les 10 jours, 130 morts ou 21 morts, 219 000 femmes victimes contre 82 000 hommes ; une vie reste une vie et chacune compte.
Compte tenu des différents témoignages que j'ai pu lire et entendre, il est de mon devoir de ne pas rester silencieuse pour ma génération, pour mon frère, pour mon neveu et pour mes futurs enfants qui peuvent aussi être ajouté à ces chiffres un jour. Le changement ne vient pas seul comme un cheveu sur la soupe, au contraire pour le voir, il faut d'abord se lever et parler.
Martin Luther King a dit que l'obscurité ne chasse pas l'obscurité, seule la lumière peut le faire. Je veux être cette lumière qui chasse l'obscurité, je veux être ce sel qui amène le changement. Mais seule, je n'y arriverai pas seule alors pour nos mères, nos pères, nos frères, nos sœurs, pour cet inconnu que tu croises au détour d'une rue. Cet inconnu dont tu ignores les maux. Pour toutes ces personnes soyons la lumière de ce monde, ne soyons pas divisés et battons-nous mains dans la main contre la violence conjugale. Ensemble nous sommes plus fort.
Je vous remercie de votre attention.