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9h37.
Tic tac.
Une brise effleure sa peau, l'extirpant de son sommeil. Il s'efforce d'ouvrir les yeux dans cette chambre aussi lumineuse que spacieuse. Sa pâleur se confond aux draps et seuls ses cheveux corbeaux ébouriffés se distinguent au centre du lit. Jettant un coup d'oeil au réveil, il se surprend d'avoir autant dormi. Puis un bruit sourd retentit. Il est temps de se lever.
Nu, Eliott se dirige vers un vieux peignoir gris qu'il affectionne. Il ne le ferme pas, au contraire il aime sentir le soleil taper contre sa peau encore endormie. Dans sa poche droite, un paquet de Camel. Il en allume une première, accoudé au balcon. L'odeur se répand dans la chambre. Ce parfum d'une douceur toxic se mélange à ses doigts. Inspire. Expire. La tête inclinée vers le ciel, il songe. Personne ne rend la clope aussi sublime que Ponge. Un faible écho de jazz s'élève dans les rues de Paris. Quel bonheur, pense-t-il. Il observe sans indiscrétions ses voisins au balcon d'en face, qui dégustent un croissant encore tout chaud dans la simplicité et la sérénité.
Sasha escalade les toits, remonte une pente, saute de balcons en balcons et se pose sous les douces mains d'Eliott. Puis ronronne. Le grand brun enchaîne les cigarettes jusqu'à en avoir la voix qui résonne. La clarté du ciel reflète sur la fontaine de la cour. Quel charmant tableau avons-nous là. Digne du romantisme stéréotypé de Paris. Eliott ricane. C'est beau, certes, mais Paris c'est avant tout une ville active. Et il est temps de se bouger.

Il écrase sa dernière clope.
Offre une ultime caresse à Sasha.
Ferme sa porte vitrée.

" À nous deux, Paris. "

Les LimbesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant