Chapitre 1

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Une douce odeur de café flotte dans l'air, titillant mes narines, m'envoûtent avec son arôme si familier. Cette douce odeur qui indique que ma mère est levée et fin prête à aller au travail, après avoir pris le soin de me réveiller tendrement et de partager un bon petit déjeuné avec moi. Je profite encore de ces doux moments de grâce bien au chaud sous ma couette. Mais très vite, cette chaleur s'évapore comme de la fumée dans l'air, laissant le froid constant de ma chambre fouetter ma peau avec violance. Je gémis en cherchant à récupéré ma carapace de chaleur, quand une voix masculine s'élève, bien loin de la douce voix de ma mère.

-Bouge-toi Matt ! C'est la rentrée !

Je grogne à nouveau en le maudissant fortement. Bordel, pourquoi il est aussi brutal avec moi ce con ?

-Tu as dix minutes pour me rejoindre en bas sinon, tu vas au lycée à vélo ! Me dit la voix, pour toute réponse, je balance mon oreiller dans sa direction pour le faire sortir de ma chambre.

-Tu fais chier Eddy. Disais-je enfin en me redressant et en attrapant mon portable sur la table de chevet. Tu sais ce que tu risques à me priver de sommeil ?

-Je risque de partir sans toi oui, aller bouge toi mon pote. Sinon « Taxi Eddy » part sans toi.

Je soupire à nouveau en regardant mes messages alors que mon ami, lui, quitte ma chambre pour rejoindre ma mère à la cuisine. Je réponds vite fait à mes SMS en attente, puis je saute du lit pour me préparer. Une douche expresse et j'enfile ma tenue habituelle : Jean et t-shirt, le tout noir. J'aime le noir, car c'est la couleur la plus sombre, celle qui reflète à peine la lumière, contrairement au blanc éclatant. Je suis comme le noir, je n'ai plus cet éclat depuis bien des années, depuis qu'il m'a abandonné.

En entrant dans la cuisine, je trouve ma mère attablée au bar qui sépare la pièce du salon, et Eddy de l'autre côté entrain de discuter joyeusement. Ma mère a toujours considéré mon ami comme un fils, et moi je le considère comme mon frère, celui que je n'ai jamais eu. Car depuis que je le connais, Eddy passe le plus clair de son temps ici, fuyant son foyer comme la peste. Son père est un grand homme d'affaires, il est donc toujours en déplacement, oubliant souvent qu'il a un fils chez lui. Quant à sa mère, elle est décédée peu avant son deuxième anniversaire d'un cancer. C'est un peu ce qui nous a rapproché, la perte d'un être cher, notre repère, même si dans le cas de mon ami, il n'a que de vagues souvenirs d'elle, et qu'il se raccroche à ce que sa nourrice veut bien lui raconter.

-Ah ! La belle au bois dormant est enfin levé !

Je lève les yeux au ciel en riant doucement avant d'aller saluer ma mère d'un baiser sur le haut de sa tête.

-La ferme Eddy. Tu ne peux pas être plus doux la prochaine fois ? Je me sers un café avant de m'assoir à côté de ma mère pour déguster mon breuvage. Le café, cette douce drogue qui m'est vitale pour affronter la journée.

-Jamais. Si je ne te bouge pas, tu dormirais encore à l'heure qu'il est !

-Il a pas tord mon chéri. Ma mère sourit malicieusement et je comprends... Ils se sont ligués contre moi.

-Merci du soutien maman, vraiment, j'apprécie.

Elle rit doucement en se redressant pour poser sa vaisselle dans l'évier. Pendant ce temps, je lance à Eddy un regard qui lui dit clairement que je le déteste, autant que je l'adore.

-Aller Aurore, bouge tes fesses royale ! Me dit Eddy en frappant dans ses mains

Cette réplique provoque le fou rire de ma mère, qui adore les petites remarques que mon ami balance à tout va. Je lève de nouveau le regard aux cieux en demandant de l'aide à mon père. Pourquoi je suis ami avec ce malade moi déjà ? Je me lève et dis au revoir à ma mère, suivis de près par Eddy puis nous sortons de chez moi pour rejoindre son tout nouveau Range Rover tout neuf.

-Whoo ton père est rentré ? Soufflais-je admiratif en montant dans le véhicule qui sent encore le neuf.

-Aussi vite qu'il est reparti oui.

Je ne m'attarde pas trop sur le sujet, ça ne sert à rien si ce n'est pas lui qui fait le premier pas. Avec les années, j'ai appris à le comprendre, à savoir que son père est un sujet très sensible et que s'il ne veut pas en parler, il ne faut pas chercher à en savoir plus. Il se refermera automatiquement sur lui-même. Je compare souvent son père à Voldemort car dès qu'on prononce son nom, Eddy panique. On arrive rapidement sur le parking du lycée dans un silence absolu. En sortant du véhicule un sifflement attire notre attention et mon visage s'illumine.

-Eddy ! Tu as braqué une banque pour te payer cette merveille ?

-La ferme miss Disney, tu es déguisé en quoi aujourd'hui ? Cruella ?

Je ris doucement en prenant mon amie dans mes bras pour la saluer. Alors qu'Eddy part devant, l'air grognon.

-Son père est de retour c'est ça ?

-Ouais...Ma pauvre Ella, je sens que cette journée va être longue...Je passe un bras autour de ses épaules tout en suivant Eddy vers l'entrée du bâtiment. Et l'écoute pas, ta tenue est superbe !

Elle me sourit tendrement, Ella, cette grande fangirl qui aime ajouter une petite touche de comics ou de Disney sur ses tenues qu'elle réalise elle-même. Elle a un talent fou pour la couture, le tissu entre ses mains se transforme en véritable œuvre d'art. C'est aussi la personne qui compte le plus pour moi après ma mère, à égalité avec Eddy. Elle est mon pilier, cette amie sur qui je peux compter depuis la primaire, cette fille qui a été là dans les bons comme les mauvais moments. Elle m'a ramassé plus d'une fois à la petite cuillère, et elle a toujours réussi à recoller chaque morceau.

En arrivant au bureau d'accueil pour récupérer notre emploi du temps, des cris nous accueil. Eddy nous intime de venir sans faire de bruit afin d'observer la scène qui se déroule dans le bureau.

-Comment ça vous ne voulez pas me changer de classe ? Vous avez qui je suis ?

-Votre statut ne vous donne pas tout les privilèges Monsieur Scoott. De plus, la demande de redoublement est arrivée très tard, les classes étaient déjà crées.

-Mon père vous mettra à la porte pour ça !

-Que votre père vienne monsieur Scoott, je serais ravi d'expliquer au maire comment son fils menace les secrétaires pour un caprice d'enfant gaté.

On échange un regard avec Eddy et Ella qui en dit long sur notre surprise de le voir là. On pensait avoir enfin la paix cette année, mais ce n'était qu'une belle illusion. C'était prévisible vu ses résultats l'année dernière... Mais nous avons fortement espéré... On se redresse vivement en le voyant sortir comme une tornade du bureau. Il s'arrête sur le pas de la porte et nous regarde à tour de rôle, le regard noir, puis il s'attarde sur moi. Bordel... Ça recommence.

-Matthew.

-Zackary.

-Toujours dans mes jambes à ce que je vois.

-Tu prends tes rêves pour une réalité.

Un combat de regard commence entre nous, un combat qu'on mène depuis plusieurs années maintenant. Je ne faillis pas, et soutiens son regard de glace. S'il croit qu'il va me faire peur.

-Tu es dans mon chemin.

Sur ces mots, il part tout en prenant soin de bousculer mon épaule au passage. Je l'observe partir en soupirant, massant mon épaule endolorie. Comment sommes-nous arrivés à nous détester à ce point ? Du moins, comment lui en est arrivé là ? Car de mon côté, Zack me manque, le Zack souriant joyeux et insouciant. Pas ce con. Lui, je ne peux vraiment pas l'encadrer.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 20, 2020 ⏰

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