Anodines

Passage 51

Le ciel flamboyant caresse tendrement les nuages et envoie ses derniers rayons de chaleurs comme un amant écrirait une lettre d'adieu. Le vent chaud vient se coller à ma peau et laisse son empreinte humide et désagréable.

Ces jours de canicule d'été m'agacent autant qu'ils me réconfortent. Seule la fraîcheur de la nuit contraste avec l'étouffante ardeur du jour. Je me remémore les premiers jours de printemps, où les fleurs de cerisiers poussaient doucement, jusqu'à une chute certaine, inexorablement.

J'avais levé la tête vers le ciel bleu et j'avais fermé les yeux, savourant le silence de la nature. Les oiseaux me berçaient tandis que les branches me chuchotaient leurs secrets au creux de l'oreille. La veste que j'avais emportée sous mes fesses, les jambes en tailleur, je me contentais d'apprécier ce cadeau inestimable de la vie, la préciosité de ces êtres éternels face à celle de notre existence éphémère.

On croirait que nous domptons la faune et la flore, mais en réalité, nous posons juste une empreinte dans le sable sur une plage où les vagues effacerons toute trace de notre passage.

Une légère brise, fraîche, venait chatouiller mon nez tacheté de roux, un peu tordu et un peu bombé. Je respirais alors l'air qui remplissait mes poumons d'espoir et de courage, et j'expirais toutes les idées noires que je pouvais conserver.

Le réconfort d'une bruine est incontestable. Qui plus est quand un vieux saule pleureur vous tient à l'abri, sous ses bras vieillis et courbés par le temps. Une bulle se forme alors autour de moi et je me déconnecte de la réalité. Une valse tendre et douce commence entre les perles d'eau et les délicats pétales.

Ah, qu'est-ce que le printemps est appréciable ! La fragilité de la naissance mais la force avec laquelle elle s'impose est tout simplement fascinante.

Je remonte mes manches, redescends sur terre, et trace mon chemin. J'ai un rendez-vous immanquable. Avec la tendre et bien méconnue faucheuse.

25/06/2020