Me, My hair and My lover cat

Chapitre 12

Point de vue de Gwen :

Cela fait bien une dizaine de minutes que nous transportons Adeline à travers les couloirs du lycée et la vache ! elle pèse son poids. Une énorme bosse commence à apparaître à l'arrière de sa tête, qui, a mon humble avis,
a sonnée creux lorsque Austen l'a frappée avec la poêle. L'intérieur de l'établissement est désert à cette heure ci. Les enseignants sont dans la salle des profs et les élèves sont dans la cour ou au self. Nous devons juste éviter le personnel chargé de faire le ménage qui rôde toujours dans les couloirs, les salles de classe et le cellier où est rangé tout leur matériel.

- Austen, on va encore loin comme ça ? Parce que mes bras commencent à m'insulter pour la souffrance que je leurs inflige...!, dis-je à mi-voix.

- Attend, je cherche une salle qui n'est pas fermée à clé. Je dois lui jeter un sort qui demande un minimum de concentration, me répond t'il en désignant du menton le corps inerte d'Adeline.

- Ok, si tu le dis...

Nous marchons sur le carrelage blanc et froid du couloir du premier étage. Austen tend de temps en temps une main malhabile vers les poignées de portes pour tenter en vain de les ouvrir. Ici, j'ai presque froid et mes poils s'hérissent sur mes bras. Il faut dire que dehors, la température est d'au moins 30 degrés et là, peut-être bien aux alentours de 24. Nous tournons a l'intersection d'un couloir et l'affiche d'un film de Charlie Chaplin semble nous narguer en riant aux éclats. Austen semble entendre quelque chose car il me fait signe de ne plus bouger et de ne plus parler.

- Qu'est-ce qu'il y a ?, je chuchote.

- J'ai entendu Mr Blés dans la salle 21. Il est au téléphone. Ne bouge pas, j'en ai pour une seconde, dit-il en me faisant un clin d'œil.

Mr Blés est un professeur remplaçant en français que nous n'avons pas.
Austen dépose la tête de Adeline par terre et s'avance vers la salle, le plus naturellement du monde. À mon tour, je pose les pieds de la princesse endormie. Peut-être un peu trop violemment car elle émet un ronflement bruyant. Pendant un court instant, j'ai bien crû qu'elle allait se réveiller ! Si le blondinet croit que je vais rester bien sagement assise à attendre qu'il revienne, il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude ! Je me relève et m'avance prudemment vers la salle où il est entré. Je me demande ce qu'il fabrique et j'espère qu'il ne va pas nous faire prendre. Je vérifie qu'il n'y a personne aux alentours et laisse la pimbêche seule dans le couloir. De toute manière, on n'a croisé personne jusqu'ici !

Lorsque je regarde par l'interstice de la porte, je suis étonnée de voir que Austen fixe étrangement Mr Blés, un homme d'une cinquantaine d'années, un peu rondouillard. Dans sa barbe grisonnante, il y a des miettes  de chips dont la poche Lay's orne
" magnifiquement " le bureau en bois devant le tableau blanc. Je comprends en voyant les pupilles dilatées du vieil homme et les doigts de Austen tracer des symboles invisibles dans les airs qu'il est sous son contrôle et que mon ami lui donne des indications à suivre. Je ne savais pas qu'il savait hypnotiser . Je ne comprends décidément rien à sa fichue magie.

- Oui, ma chérie. À ce soir, ma chérie, dit Mr Blés d'une voix monocorde et dépourvu d'émotion.

J'ai le temps d'entendre une voix de femme crier très rapidement à l'autre bout du fil avant qu'il ne raccroche. Je crois qu'elle était pas contente... Bien que le moment ne s'y prête pas, j'ai envie de rire. Cette situation n'est tout de même pas banale ! Ou bien alors, c'est moi qui rigole pour un rien.

Je ne voudrais pas être à la place du prof lorsqu'il va se retrouver face à celle qui, je suppose, est sa femme...
L'homme rondouillard récupère son sac Serviette en cuir brun, sa poche de chips et quitte la salle en fermant simplement la porte. Je me tourne vers Austen, au milieu de la salle de cours. Il semble un peu déboussolé, ses yeux bougent frénétiquement et il se passe une main dans ses cheveux blonds.