VIII

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  Cela lui arrive de pleurer, Lou. C'est rare, elle préfère garder ses larmes plutôt que de les laisser couler sur ses joues tachetées, mais pas impensable. Il y a des fois où tout ressort sans qu'elle ne sache pourquoi et c'est dans ces moments-là qu'elle se sent le plus démunie.

Aujourd'hui, Lou pleure.

Elle pleure à cause de ses blessures musculaires qui la lancent, à cause des oignons qu'elle cuisine pour le repas du soir, mais aussi pour les malheurs des autres. Elle a croisé une vieille dame sur le chemin de la plage et son visage si triste lui a fait mal au cœur. Elle pleure pour les malades qui n'ont aucune chance de guérison, pour ceux qui perdent un être cher et pour l'oiseau dans son arbre qui ne chante plus.

Lou pleure, et ses larmes tombent comme les gouttes de pluies d'une averse. Elles sont inarrêtables, rapides et puissantes. Elles ont attendu trop longtemps de sortir, alors une seule faille leur donne l'occasion de se montrer.

Avant, on qualifiait la brune d'éponge. On disait qu'elle absorbait les peines des autres sans jamais en souffrir, mais Lou a toujours trouvé ce surnom stupide.

Elle n'est pas une éponge. Elle est un aimant qui attire les autres et leurs soucis sans jamais se plaindre : on dirait qu'elle n'a pas le choix, et parfois ça lui pèse.

L'aimantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant