Chapitre 1

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Le 23 août 1970, aux environs de dix heures du matin, près d'un petit village en Aveyron

    La première pensée qu'elle aurait due avoir, était qu'un lieu apparaissant si parfait, renfermait inévitablement une épine qui pouvait la blesser. Mais à cet instant le paysage défilait de­vant ses yeux. Lui présentant un temps terne contrastant avec un ciel argenté et une végétation desséchée. Tout était ancien venant d'une époque révolue. Néanmoins, elle allait devoir s'y habituer car désormais, c'était ici qu'elle vivrait. Solenn son­geait à sa courte vie passée dans la capitale. Elle observait le miroitement des arbres sur le fleuve qui avait donné son nom au territoire. Et elle sut instantanément qu'une nouvelle vie commençait. Loin de sa ville natale qu'elle avait tant chérie.

     Elle détourna le regard de la vitre. Là, où s'amoncelait de la buée due au froid précoce pour la saison, afin de le poser sur ses deux sœurs. Eugénie et Sophie, elles étaient silen­cieuses dans leurs activités.

     Eugénie, la plus âgée d'entre elles, avait dix-sept ans. Elle possédait de soyeux cheveux bruns, ondulés et coupés en un carré plongeant. Elle avait des grands yeux noisette, qui mettaient en valeur sa robe bleue imprimée de fleurs rose pâle. Et quand elle souriait de son large sourire, ses pommettes saillantes lui donnaient l'air d'une poupée.

     Sophie, la cadette, avait quatorze ans. Les cheveux châ­tains, longs jusqu'aux épaules et la raie sur le côté. Ses iris bruns qui tiraient au jaune et son nez aquilin traduisaient sa malice. Elle aimait porter des robes de la couleur de ses yeux ainsi que des vestes en jeans, qu'elle salissait toujours.

     Solenn, du haut de ses seize ans, avait de longs cheveux blonds qui retombaient devant ses yeux verts. Des sourcils fins que l'on peinait à voir, des taches de rousseur discrètes et une bouche en cœur. Elle était fluette, tant que les bretelles de sa robe mauve ne cessaient de tomber.

     Du coin de l'œil, elle aperçut Eugénie secouer la tête et reposer son livre sur ses genoux. La brune soupira lourdement avant de demander sur un ton plaintif :

     « Quand arriverons-nous, maman ?

     - Nous y serons dans moins d'une heure. »

     La mère de famille, femme de la nouvelle ère avec ses cheveux à la garçonne et son pantalon en jeans, avait prononcé cette phrase en contemplant la vue à travers la fenêtre du côté passager. Là où s'étendaient des kilomètres de merveilles.

     À peu près une heure plus tard, la voiture se gara dans une cour abîmée par le temps et l'humidité. Solenn put étendre ses jambes engourdies par la route et le fait d'être restée assise un long moment. Elle était sortie pour prendre une grande ins­piration, observant les alentours du terrain pavé, les détaillant de son regard vert.

     Il y avait des vieilles maisons, dont certaines en ruine, et une nature morte qui l'encerclaient. Le temps était frais. Un vent soulevait quelques mèches de ses cheveux et les faisait flotter dans l'air. Plusieurs rayons de soleil filtraient entre les feuilles des arbres et les nuages grisonnants, qui couvraient le ciel habituellement bleu. L'ensemble lui donnait une apparence décolorée.

     Une voiture aux rouages grinçants se rangea aux côtés du véhicule déjà parqué. Une Peugeot 404 blanche, d'où Guy sortit. Il était le fils unique de la famille Leroy et le fidèle ami de Solenn. Il avait l'âge d'Eugénie dont il ne connaissait l'exis­tence qu'à travers les paroles de sa sœur. Il était pourvu de longs cheveux noirs qui encadraient son visage et ses yeux bruns bridés, dont il abusait du charme. Il était toujours vêtu de sa célèbre veste en cuir bicolore jaune et rouge.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 04, 2020 ⏰

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