Les Mots

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Les Mots

"Il y a les mots de toute une vie

Il y a les souvenirs qui se dressent ,

Il y a les sourires qui s'épanouissent ;

Il y a la plus belle des roses qui fleurit''

         L'hiver est doux , splendide tant sa carnation est mutine à former le plus beau des spectacles avec l'astre solaire. Il y a cette création qui se plaît à former les réalisations les plus inattendues. Des personnages qui sont des fidèles murmures face au sel des soubresauts humains. Pourquoi il y a t-il tant de péripéties entre savoir , croire et dire ? Pourquoi la vie forme-t-elle autant de maillons entre ses sujets sans cesse entremêlés ?

Pourquoi s'est-il effacé pour le combat le plus salutaire qui devait le mener à la gloire personnelle ? Un comte de bonne souche , de la noblesse d'épée de surcroît , aussi sombre que la face de l'albâtre qui vous observe religieusement , aussi imposant que la forêt ambrée de ses prunelles à son excellence , une chevelure que bon nombre de nobles dames jalousent tant l'éclat des boucles est saisissant . Il avait réussi à devenir colonel de la Garde Royale parce que l'indomptable Athéna à l'azur frondeur prenait ses indépendances pour chasser le froid polaire toujours autant tourné vers le rossignol d'Autriche. Elle veut s'affirmer comme le plus viril des mâles , à l'instar d'un lion fier , rugissant tandis que ses sens sont désorientés par le cocon de soie féminin , menant le combat intérieur à son apogée. Devoir du cœur et de la raison s'opposent mais il n'y a que le meilleur des arbitres qui peut trancher à l'avantage de l'un par un regard perspicace et bienveillant à la défaite. 

Il se souvenait de cette nuit , des années bien après mention de cet hiver troublant de quiétude , les iris de Girodelle fixant cette arme qui reste l'unique lien chéri et matériel autre qu'une pierre de marbre froid , austère et contenant le sommeil de toute une vie onirique à laquelle l'accès lui serait devenir blasphématoire tant l'importance est palpable à conserver un souvenir agréable des traits autant caractériels que physiques d'une rose et de son protecteur. Alors le comte s'invente dans ses sommeils des rêves interdits , où son destin se mêle avec sa sylphide, mains entrelacées et s'agrémentant dans un paradis souriant , sans aucune ténèbre sur l'horizon qui se prélasse avec les eaux normandes. Elle lui sourit , confiante , touchante mais tout aussi espiègle dans cette façon de porter son regard vers les gens qu'elle touche...

Hélas le souvenir est heureux , les anciens démons dangereux et le pauvre fou désespérément amoureux. Le toucher est épais, lugubre et blessant , le mince filet de sang sur l'index d'avoir trop caressé la lame de l'épée montre le contraste ambivalent entre la réaction corporelle et l'esprit vagabond , aucunement conscient de la blessure. Pourquoi ce sourire étrange vient-il se dessiner sur les lèvres ourlées de Girodelle?

Les précédentes années sont là et font appel à un devoir de réminiscence pour le plonger dans un chassé-croisé houleux qu'il sait risqué , qui va réanimer certaines blessures...

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Le bleu des Jarjayes résonna insolemment à une réception en ce mois d'Octobre 1788 , avant la fatidique Révolution ... . En effet , la pièce chargea une atmosphère polarisante autour de ces bons messieurs qui eurent le luxe de croire que le Colonel Oscar- François viendrait se présenter dans sa nature véritable. Seul Victor , délectant avec un sourire mi-figue , mi-raisin un bon crû regardait le splendide affront à l'uniforme bleu se dresser et rendre sa loi envers les sempiternelles morales paternelles d'un cœur d'Achille qui avait décidé de rendre son fils à son état malléable de femme. Le pauvre mécréant faisait son repentir pour jeter les pires braises de discorde qui puissent se lire dans la généalogie maudite des Jarjayes avec un général qui n'eut que des filles et fit de l'une d'entre elles l'héritier tant obligatoire pour perdurer l'illustre descendance , fidèles serviteurs des joyaux royaux. Alors le comte français aux longues ondulations eut la décence arrogante de lever son verre et de lui sourit énigmatiquement. Elle le perçut clairement et lui adressa un regard menaçant mais ses pensées furent troubles :

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