Le Prince : Les Bonus

Vanille

Il était une fois une île, masquée par... Oh ! Milles excuses, ceci n'est pas la bonne histoire. Le narrateur espère toutefois que vous vous souvenez de celle-ci, auquel cas vous seriez bien avisés de vous rendre sur le champ dans l'œuvre voisine avant de poursuivre celle-ci.

L'histoire qui va vous être contée aujourd'hui, est réservée aux plus avertis d'entre vous.

Revenons ainsi quelques semaines avant les épousailles princières, précisément le jour de la dernière demande en mariage. Si nos souvenirs sont exacts, nous avons laissé nos deux héros après le dîner, derrière une porte close...

Le Prince Ashleigh était fébrile, en invitant son fiancé à pénétrer sa chambre. A dire vrai, il n'avait jamais partagé celle-ci avec qui que ce soit, puis il avait aussi craint que Sylan refuse. Après tout, son amant venait d'un milieu très traditionnel, il aurait très bien pu préférer avoir sa propre chambre jusqu'au mariage.

Et pourtant, il avait à peine sourcillé, semblant même éprouver le même soulagement que lui à l'idée de dormir ici ce soir, ce qui suffit à combler Ashleigh de bonheur. Leur aventure était pareille à une rivière sauvage : les rapides, les remous chargés d'adrénaline, la violence des obstacles... Il n'aspirait plus qu'à voir s'écouler leur vie et leur amour tel un petit ruisseau : doux, paisible, lascif.

Il ne pouvait désormais plus contenir son sourire, lorsqu'il entraîna Sylan à l'intérieur, surtout lorsque celui-ci le questionna sur la présence d'un éventuel valet alors qu'ils avaient déjà évoqué le sujet chez la Mage Magdeline. Lui non plus, n'avait pas les idées claires.

— Non. C'est juste moi.

— Bien. Non pas que...

Sylan se tut, et Ashleigh le regarda promener son regard sur la pièce, désireux que son fiancé s'approprie les lieux. Ce dernier s'approcha alors du lit, et le prince du Nord se figea sous l'attente lorsque les doigts du blond se posèrent sur le tissu.

— Flanelle ? demanda-t-il.

— Evidemment, répondit Ashleigh en pinçant les lèvres.

Lors de leur premier rendez-vous chez la Marquise de Magnolia, Sylan lui avait confié qu'il ne tolérait pas la soie et qu'il ne pouvait dormir convenablement que dans des draps de cotons. Avec le recul, Ashleigh convenait qu'il avait sans doute été prématuré de faire changer ses draperies dès son retour à Enlhiver ce jour-là. Mais après tout, qui pouvait affirmer qu'il n'avait pas tout simplement envie d'essayer quelque chose de nouveau ?

— C'était avant, ou après ?

Sylan, lui, pouvait l'affirmer. Il l'interrogeait, mais il avait vu clair dans son jeu, à n'en pas douter, et la lueur dans son regard lui signifiait qu'il n'était nullement gêné de son esprit d'initiative.

— Peut-être bien après...

Ashleigh se rapprocha de lui, à la fois intimidé et consumé par le désir de blottir cet homme dans son lit et dans ses bras.

— La flanelle est plus recommandée que le satin, dans notre contrée, reprit-il en plongeant dans ses yeux gris.

— Oui. Cela me convient très bien.

La voix de Sylan n'était qu'un souffle, mais elle murmurait directement au cœur d'Ashleigh.

— Très bien.

Sans le quitter du regard, Sylan frôla ses mains en une timide invitation, et Ashleigh s'en saisit avec la ferme intention de le garder auprès de lui. Toute la nuit, et toute la vie. Il voulait tout connaître de lui, et tout connaître avec lui.