Il se réveille dans sa chambre. Ce n'est pourtant pas surprenant, de se réveiller dans sa chambre. Mais pourtant il est surpris, peut-être un peu anxieux, quand il se réveille dans sa chambre.
Parce qu'il sait que ce n'est pas la chambre dans laquelle il s'est endormi hier soir.
Ce ne sont pas les lits superposés qu'il a dans les dortoirs du Scepter 4. Ce n'est pas le vieu mur délabré de son premier appartement. Ça n'a pas la chaleur de la maison de son ami d'enfance. Ça n'a pas l'odeur de cigarette bon marché.
C'est le lit aux draps rayés, dans la chambre aux murs bleus ternes, dans la maison aussi froide que la glace.
C'est le manoir Fushimi. Le manoir où il s'était promis de ne jamais remettre les pieds, dont la seule pensée faisait remonter des souvenirs pénibles. Ce même manoir. Cette même chambre où il avait passé des nuits et des journées entières à se terrer, évitant à tout pris le contact humain. Presque rien n'a changé. Le bureau est à sa place, ses cahiers aussi. L'armoire est toujours contre le mur du fond. Elle a toujours la serrure cassée, rappel du jour où il s'était caché pour échapper à son père. Où il avait échoué.
Cette chambre n'est sensée être qu'un souvenir lointain. Un objet laissé derrière. Un lieu sans importance.
Alors oui, il est surpris. Peut-être un peu paniqué.
Il se lève prudemment. Il remarque qu'il porte les mêmes vêtements qu'hier soir. Étrange. Il fait froid. Normal. Il se dirige vers la porte de sa chambre. Il l'entrouvre dans un horrible grincement, et passe discrètement sa tête dans l'embrasure. Le couloir est sombre, long et terriblement silencieux. Il fait encore nuit. Il sort en refermant la porte de sa chambre le plus silencieusement possible. Le déclic est tellement doux que l'on pourrait presque douter de son existence.
Il longe le couloir, sa main droite sur le mur pour prévenir de toutes chutes éventuelles. Le mur est froid, le sol sous ses pieds nus est froid. Tout est si froid. Il frissonne en réponse. Il parcourt le premier étage. Toutes les portes sont fermées, les fenêtres aussi et aucun lampadaire ne brille à l'extérieur.
Il réfléchit à sa situation. Il se retrouve dans cet endroit après des années, sans aucune explication. Le plus étrange est que toutes les portes soient fermées. Il ne se rappelle pas que cette femme ait déjà pensé à fermer une seule porte.
Il continue son exploration en descendant les escaliers.
Les marches grincent sous son poid et le son qu'elles font est bien plus réconfortant que le pesant silence du manoir. Pourtant, dans quelques instants, Saruhiko ne fera qu'espérer que ce silence revienne. Il n'a descendu que trois marches quand il l'entend.
« Saruhiko~ »
Le ton est mielleux, suave mais n'a aucune once d'amour. Dès que la première syllabe est prononcé, Saruhiko se fige sur place. Il ne bouge plus, ne respire plus. Son corps est figé dans un état de panique intense.
Ça ne peut pas être lui. Ce n'est pas lui. Il est mort. Mort de chez mort. Tu as halluciné.
Il aurait pu halluciné, ce ne serait pas la première fois, sûrement pas la dernière. C'est la réponse la plus logique, la plus raisonnable. Et pourtant, sur le moment, elle sonne faux.
« Saruhiko~ Où es-tu ?~ »
La voix vient du salon. Juste à droite des escaliers. Une porte et on y est. Juste quelques marches et une porte. Ce n'a pas l'air si compliqué, n'est-ce pas ?
Alors pourquoi je ne peux pas bouger ?!
« Où te caches-tu ?~ Si tu ne te montres pas je vais venir te chercher.~ »
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Sweet Nightmares
FanfictionNous avons tous des peurs cachées au plus profond de nous, que nous nous efforçons d'oublier. Il y en a même dont nous ignorons l'existence. Mais, malgré tous nos efforts, il y a toujours un moment où elles reviennent à la surface, et Saruhiko le sa...