Glissant, tournoyant et papillonnant sous cette eau troublée de remous et de bulles, c'est ainsi que je m'évade de ce monde que je peine à supporter. A cours d'oxygène, me voilà contrainte de retrouver cette surface qui me fait aussitôt sentir le poids qu'est devenue ma vie à l'heure d'aujourd'hui. Reprenant mon souffle, je nage lentement vers l'arrivée d'eau de l'immense baignoire de la salle de bain des préfets. M'asseyant sur la marche immergée je sens à nouveau le contact de cette eau ni trop chaude, ni trop froide, cascadant du haut de ma tête jusqu'à mon buste. Je ne suis pour elle qu'un obstacle qu'elle contourne audacieusement avant de ne se confondre dans l'étendue aqueuse du bain que je me suis autorisée à prendre en ce vendredi soir.
Bien que mes yeux soient fermés, je ne peux empêcher l'image de cette porte apparaître. Car en face de moi, je sais pertinemment quelle pièce s'y loge. Car dans cette pièce, je sais pertinemment quelle personne y réside. Car avec cette personne, je sais pertinemment quelle autre s'y trouve. Mais qu'à cela ne tienne, la proximité de Drago et d'Astoria ne me fait plus vraiment grand chose. Ou plutôt devrais-je dire que cela m'a tellement atteint que me voilà habituée à cette désagréable sensation.
Cela fait quasiment un mois que j'ai eu la bonne idée de me dévoiler entièrement à mon cher fiancé. Je ne sais combien de temps je suis restée sous cet arbre à fixer les lumières de Poudlard, mais assez pour savoir que les élèves inondaient déjà la salle commune des Serdaigle, comme tel était le cas après chaque dîner. Depuis ce jour, lui et moi ne communiquons qu'en cas d'extrême nécessité au sujet de nos affaires de Préfets-en-chef, notamment lors des réunions hebdomadaires ainsi que lors de la rédaction du compte-rendu à fournir aux directeurs adjoints. En cette fin de semaine, tel avait été le cas. Alors qu'il s'en allait rejoindre la salle commune des préfets qu'il s'était auto-attribuée, je me suis laissée aventurer à l'interpeller dans le but initial de savoir s'il m'était possible de rejoindre la salle de bain des préfets en passant par ladite salle commune. A l'entente de son prénom, il s'était arrêté juste devant la porte de cette dernière, sans toutefois daigner se retourner, m'adressant de son ton trainant que je ne connais que trop bien ces derniers temps, un « Quoi ?» qui résonne encore maintenant à mes oreilles. Laissant immédiatement tomber, je me souviens avoir marmonné un « Rien, je vais me contenter de faire le détour ».
Evidemment, il a fallu qu'un nouvel obstacle se mette sur mon chemin lors de ma sortie de la salle de réunion des préfets. Au moment d'ouvrir la porte, quelle n'avait été mon amère surprise en découvrant une Astoria plutôt désarçonnée de me voir face à elle. Après quelques secondes à se fixer, je m'étais écartée, lui tenant la porte afin de lui laisser le passage. Puis, sans un regard pour les deux autres, je m'étais extirpée de cette pièce qui ne me devenait plus du tout accueillante. Parasitée par la simple idée de les savoir ensemble à cette heure avancée de la soirée, je n'avais eu qu'une envie, sauter à l'eau le plus vite possible. Mais pour ce faire, encore avait-il fallu faire couler le bain dans cette immense baignoire ainsi qu'ôter mes vêtements.
Ramenant des deux mains mes cheveux trempés en arrière, je décide enfin de quitter cette place idéale à mes yeux pour sentir les bienfaits de l'eau sans pour autant perdre son énergie à trop bouger. Sortant du bain, c'est lentement que je rejoins ma serviette avant d'éponger furtivement mon visage, mes cheveux, puis mon corps. N'ayant utilisé d'eau trop chaude, le miroir est vierge de toute buée et c'est sans mal que je peux contempler mon reflet. Il m'est tout de même à chaque fois difficile de me défier du regard. Et pourtant je le fais, car si je comptais le nombre de choses difficiles auxquelles je suis confrontée depuis quelques temps ça n'en finirait plus.
Je me sais amaigrie du fait de ma perte d'appétit de ces dernières semaines. En général je fais de rapides passages aux cuisines, mais je me force tout de même à faire quelques apparitions dans la Grande Salle lorsque les regards de reproches de Morag se font trop perçants. Au final, je ne suis ni plus, ni moins proche de cette dernière. Nous nous parlons toujours aussi peu, mais je me rends compte que sa simple présence me satisfait. C'est comme si notre communication se faisait par de simples regards et gestes agrémentés de quelques simples mots. Elle a compris que je ne souhaitais pas plus, que je n'étais prête pour plus. Ce qui n'est vraiment pas le cas de Théodore.
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Quel avenir pour une Sang-Pur ? oOo Destins Brisés (Tome 3)
FanfictionEmma Oreiro, jeune Sang-Pur, doit faire face à un avenir tout tracé. La nouvelle reçue au cours de sa cinquième année changera catégoriquement le cours de son existence à Poudlard. De la haine à l'amour, aux amitiés soudées à celles brisées, le tout...