Chapitre 4 - Marguerite

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Je rentre de New York deux jours après être partie. Le voyage dans la grosse pomme s'est révélé être efficace. L'opération de ma mère s'est parfaitement bien déroulée et ses résultats ont été satisfaisants. Malheureusement, nous ne sommes pas encore sortis de cette galère. Maman a encore besoin de beaucoup de repos et de surveillance de la part de l'hôpital. C'est pourquoi dès notre retour, Maman est transférée a l'hôpital pour qu'on puisse vérifier ses constantes. Son cancer a été quasiment réduit de sa totalité lors de l'opération.
Je ne remercierai jamais assez Laura pour son geste qui a sauvé la vie de ma mère. Cette dernière a repris du poil de la bête, surtout en me sachant en pleine santé après le terrible incendie qui a été déclenché par ma faute chez Emma Spencer.
Bien évidement, personne ne savait qu'il s'agissait de ma faute mais cela n'allait pas tarder à le savoir. Je repense sans cesse à Tyler que j'ai poussé à la mort. Seule Emily le savait ça et j'ignore même si elle a vu la scène tellement elle était bouleversée.
Bien qu'il soit répugnant de m'avoir harcelée pendant plus de deux semaines tous les jours, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il ne méritait pas sa mort. De ma faute.
J'avais poussé un homme à déclencher un incendie meurtrier puis je l'avais tué.
Je ne pourrais plus jamais regardé Emily dans les yeux après lui avoir retiré son petit copain qu'elle aimait de tout son cœur.

- Tout va bien ? s'inquiète Maman de retour dans son lit d'hôpital.

- Oui parfaitement bien, j'étais seulement perdue dans mes pensées.

- Tu sais que tu n'es pas toujours obligée de tout porter sur tes épaules, tu peux me le dire si tu te sens pesée par la situation.

Durant l'espace d'une seconde, je compte tout lui dire. L'incendie qui s'était déclenché par ma faute. Les gens que j'avais tué. Ceux que j'avais cloué dans des lits d'hôpitaux.
Mais l'inquiétude se lit si fort sur le visage de ma mère que je décide de ne pas l'encombrer avec mes soucis. J'allais surmonter cette épreuve comme toutes celles que j'avais surmonté jusque là.

- C'est l'incendie ? questionne ma mère. Tu connaissais des victimes ?

Je hoche la tête. Elle ne pouvait pas s'imaginer que l'une d'entre elle était morte à cause de moi.

- Oh ma chérie pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?

J'essaye de ne pas pleurer, mais c'est trop dur. Les larmes sortent toutes seules sans que je n'ai moyen de les contrôler. Maman me fait signe d'approcher et je me blottis dans ses bras.

- Je suis désolée.

- Ce n'est pas grave.

Et puis peu à peu, je me laisse bercer dans ses bras comme autrefois lorsque j'étais petite.
Quand tout allait pour le mieux.

***

Une heure plus tard, je descends à l'accueil.

- Bonjour, est ce que vous pouvez me renseigner sur le numéro de chambre de Ben Collins s'il vous plaît ?

- Membre de la famille ? m'interroge la réceptionniste en mastiquant son chewing-gum la bouche ouverte, ce qui a le don de m'agacer.

- Oui.

- Qui ça ?

- Je suis sa fiancée et je m'inquiète pour lui ! je me plains en mentant pour accéder à sa chambre. Soyez raisonnable !

La réceptionniste remettre mes propos en doute. Mais elle finit par craquer.

- Chambre 216 mais ne restez pas longtemps, les visites sont bientôt terminées.

Je souris pour la remercier. Merci, la technique de Laura pour se faire passer pour quelqu'un de la famille fonctionnait à merveille !
Comme je passais énormément de temps dans cet hôpital, je le connaissais comme ma poche. Ben était à un étage au dessous de ma mère. Je m'inquiétais beaucoup pour lui. Il aurait déjà dû être sorti de l'hôpital depuis au moins quatre jours comme tout le monde ! Or, il était resté sans que je ne sache pourquoi.
C'est aussi de ma faute, je songe.
Si je ne m'étais pas autant inquiété pour la sécurité d'Antoine, Ben n'aurait pas tenu à se lancer à sa recherche dans une maison complètement incendiée ! Mais Ben s'est montré têtu et s'est lancé à son secours. Mission qui s'est révélée impossible car Antoine m'a avoué par la suite avoir été enfermé dans l'ascenseur des Spencer. Pendant ce temps, Ben parcourait les flammes dans le but de sauver son meilleur ami.

J'aperçois la chambre 216 au loin.
Personne n'attendait devant.
Je toque à la porte. Personne ne répond. Je décide tout de même d'entrer. Je pénètre dans la chambre plongée dans la pénombre. Sur le lit, Ben dort paisiblement.

Je suis choquée de le voir entourée de machine et de fils qui lui revenaient jusqu'au nez pour pouvoir l'aider à respirer. Je manque de crier.

Oh non Ben ! Tout ça à cause de moi !
Je refoule mes larmes au plus profond de moi.
Je prends une chaise et la place face à lui. Je le regarde dormir avec une certaine sérénité. Je me remémore nos moments passés ensemble et notre rupture qui a été assez dramatique. Maintenant que ma mère allait mieux, est ce que je pouvais de nouveau ouvrir mon cœur à quelqu'un ? Tandis que je me pose cette question tout à fait stupide, les yeux de Ben s'ouvrent.
Contente de voir l'océan face à moi, je me rapproche.

- Salut...

- Marguerite ?

Ben tente de se lever mais je pose une main sur son torse pour qu'il arrête.

- Ne te fatigue pas ! Reste allongé.

- Qu'est ce que tu fais ici ?

- Je voulais savoir comment tu allais.

- C'est sympa...ça a été ta mère ?

- Oui très bien, je le rassure. Mais toi comment ça va ?

- Oh, ça peut aller.

- Qu'est ce qu'il t'arrive ? Ce n'est pas normal tout ça !

Je désigne les machines à ses côtés.

- J'ai des problèmes respiratoires à cause de la fumée que j'ai inhalé lors de l'incendie. Ça va être compliqué de sortir très rapidement.

- Je suis déso...

- Tu n'as pas à l'être. L'important c'est que tout le monde est en vie.

Mon regard s'obscurcit. Était-ce possible qu'il ignore toujours pour les décédés ? Je décide de sauter cette étape. C'était trop dur d'annoncer ça à quelqu'un de cloué dans un lit d'hôpital. Si Ben allait devoir rester ici pour encore un bon moment, il pouvait compter sur ma présence. Entre lui et ma mère, je n'allais pas quitter l'endroit !

- Et toi comment tu vas ? reprend Ben. 

- Oui très bien. Bonne année au fait !

Pourquoi l'inquiéter pour rien ? Ben m'offre un grand sourire sincère mais je remarque sa fatigue.

- Bonne année !

- Tu as été super le soir du jour de l'an. Vraiment. Un véritable héros. Beaucoup de gens nous ont suivi à la terrasse pour sortir de la maison.

- C'était normal. Comment va Emily ?

- Je n'ai pas de ses nouvelles... Je devrais en prendre. Surtout que l'enterrement de Bastien doit bientôt avoir lieu.

- Enterrement ?

Les yeux de Ben expriment l'effroi. Je hoche la tête difficilement pour affirmer mon propos. Il ferme les paupières.

- Merde...je le connaissais, c'était un bon gars. Tu as vu Antoine récemment ?

Je secoue la tête. Depuis mon retour de New York, je n'avais même pas eu le temps de passer chez moi. À vrai dire, je n'avais pas pensé à Antoine alors qu'il a lui aussi passé une nuit dans cet hôpital. Je me promets de lui rendre visite bientôt.
Ben se met à tousser violemment. Son bruit se fait puissant, et m'inquiète.

- Ça ne va pas ?

Ben continue de tousser de plus en plus fort. Ce n'était pas normal. Ben ne parvient pas à me parler. Paniquée, je me lève et me précipite dans le couloir. 

- Quelqu'un s'il vous plaît !

Des infirmières arrivent de partout. Elles courent jusqu'à moi en m'interrogeant sur l'état de Ben qui ne cessait pas de tousser.

- Veuillez sortir de la chambre mademoiselle.

- Mais qu'est ce qu'il a ?! je demande, le cœur au bord des larmes.

Elles ne me répondent pas mais font signe de partir.
Je ne vois pas le reste car les larmes qui montent en moi brouillent ma vision. C'était insupportable de voir Ben dans cet état sans rien pouvoir faire pour lui.
Je pars de la chambre, et attends des nouvelles dans le couloir avec appréhension.
En espérant qu'il s'en sorte. Car rien n'était gagné.

DESTINS Tome 4 - EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant