Perfect Zoé

Le jour d'avant

Je m'appelle Zoé, et je suis, à quelques différences près, une fille comme toutes les autres.

J'ai 17 ans, et je m'apprête à entrer en terminale. Enfin, plutôt en Sixth Form, puisque je fais mes études en Angleterre. Mon père est anglais, et nous avons quitté la France lorsque j'avais sept ans pour nous installer à Reigate, une petite ville située dans le comté de Surrey, au sud de Londres. Il y a ouvert un club de golf dans les environs, et ayant visiblement décidé qu'il quitterait la France avant ma naissance, ma mère l'y a suivi sans hésiter. Mes parents se sont de toute façon rencontrés à l'Université de Cambridge, et parlent tous les deux très bien l'anglais. Alors pourquoi se seraient-ils posé la question ? Il paraît de toute façon que l'on apprend mieux les langues lorsque l'on est encore jeune, et je n'avais de toute façon pas beaucoup d'amis à l'école.

A vrai dire, les choses n'ont pas vraiment changé ici, puisque je suis très souvent seule. Au lycée, je suis ce qu'on peut appeler une fille « populaire » : je pratique le piano et le netball, une sorte de basketball très populaire en Angleterre, et je suis plutôt bonne. Je fais évidemment du golf, et je suis présidente du club des Blue Azaleas, dans lequel je dessine avec les autres membres des vêtements de mode que nous présentons à la fin de l'année dans un grand défilé devant toute l'école. Seulement voilà : je n'ai jamais eu de « vrai » petit ami, malgré ce que pensent mes « amis ». J'ai bien eu quelques rendez-vous ces dernières années, mais je ne parviens jamais à aller plus loin. Et en dehors des heures de cours, quand les autres sortent au pub où se rejoignent pour des pique-niques, je rentre chez moi me plonger dans mes livres et mes CDs. Voilà à quoi ressemble ma vie.

Demain c'est la rentrée, et je m'apprête à reprendre mes habitudes : le bel uniforme soigneusement repassé la veille, la tresse épi que j'ai appris à faire cet été pendant mes vacances en Afrique du Sud-, la sacoche en cuir bleue ciel, et bien sur le bus 424, qui me mène de la maison à l'école. Je ne suis ni excitée ni ennuyée de reprendre les cours. C'est ma dernière année au lycée, et je me vois déjà quitter Reigate pour les Etats-Unis, où j'aimerai intégrer l'Université de Columbia, ou pourquoi pas, si mes résultats sont assez bons, de Yale.

En attendant d'être réveillée demain matin par la lumière de septembre que j'aime tant, j'écoute une nouvelle fois mon CD des Smashing Pumpkins, en rêvant à des jours meilleurs...