Nuages gris, pluie fine, hirondelles qui volent basses, enfin bref, le temps typiquement breton. En effet, cette jolie région, à l'air ancien, proche de la nature, a cette réputation. Cependant, ce n'est pas la région la plus pluvieuse de France. Toutefois, c'est par cette journée pluvieuse que mon livre débute. A travers les gouttelettes, les feuilles qui volent avec ce vent de tempête, une voiture roule à travers les hauts arbres plantés depuis des siècles. Ces arbres, dit-on, ont vu des soldats allemands atterrirent à leurs pieds, sans pouvoirs se défendre face à l'invasion. De nombreuses rumeurs, histoires, légendes, ragots de villages, parlent de ce jour-là. La population, ou du moins les paysans qui gardaient leurs vaches se souviennent encore de ce jour. D'après les archives de la mairie, les allemands ne sont pas entrés dans la ville. D'après les archives de l'armée allemandes, les troupes ne sont pas sorties de la ville. Le mystère n'a jamais été percé. Malgré cela, les témoignages sont troublants. Les anciens, pour la plupart décédés, racontent : Ils ont débarqué d'à travers les arbres, aux feuilles vertes. Ne nous ont même pas regardées, pourquoi ? Je suppose que nous étions cachés, par peur. Ils étaient divisés en deux groupes : l'un allait vers la ville. L'autre vers les campagnes, à la recherche d'abris pour se loger, se nourrir et garder des forces pour conquérir les villes plus à l'ouest de la Bretagne, Brest par exemple. Nous n'avons revu ces deux groupes. On aurait dit que la forêt les avait mangés. C'est sûr, ils ne sont jamais allés vers la ville. Ils n'ont pas fait demi-tour non plus, sinon nous les aurions vu. Ils ont disparu comme ils sont apparus. Ces ragots sont étranges et sortent tout droits d'un film d'horreur, pourraient-on dire. Les arbres regardent toujours la voiture. Virages après virages, flaques après flaques, la voiture arrive en ville. La route principale est immense. D'après la légende, encore une fois, la route aurait été construite au XIe siècle après jésus christ. Elle aurait servi à amener de très grosses pierres sur de très gros chars pour construire une immense ville fortifiée. Les archives de l'église racontent que ce fut l'un des premiers châteaux en pierre du pays ! Aujourd'hui, il n'y a plus de château et aucune ruine n'a été retrouvée. Seul la route est la trace de monument. Dans la voiture, l'autoradio passe en boucle I do it for you de Bryan Adams. C'est une musique lente, qui sent bon l'amour, ou la tristesse pour d'autres. La grosse voiture couleurs kaki, blanche et bleue, se gare devant un grand bâtiment en verre, reflétant le gris du ciel de cette ville. Les cailloux du parking grincent sous le poids du Land Rover Defender. La voiture est une voiture de la gendarmerie nationale. Un écusson est collé sur les deux côtés de la voiture et se le capot. Un bloc de gyrophare vient assurer l'état de service de la voiture et de son occupant. L'homme se trouvant à l'intérieur, sort et marche vers le bâtiment rénové il y a peu, c'est la mairie. Gérald Dutoir en est le maire depuis 9 ans. Le pouvoir sur cette ville, est une affaire de famille. A vrai dire, aucun maire n'a de métier à coter, simplement parce qu'aucun maire n'en a besoin, ils sont élus à tour de rôle dans la famille. C'est une famille riche, qui possède à elle-même la moitié de la ville. Fut un temps, ils possédaient une partie de la forêt mais depuis le XVIIIe siècle, ils ont laissé les terres. Chaque année, un membre de la famille mourait, comme si la forêt ne voulait pas d'eux. Le manoir qu'ils habitait a disparu et à laisser place à des arbres.
Le jeune Major de la gendarmerie monte au deuxième étage. En entrant dans la salle du conseil, il fut accueilli par le maire, Gérald Dutoir. Une poignée de mains, suivie d'un sourire amical vint réchauffer le cœur des deux hommes, par ce temps pluvieux. Le maire est assis en bout de table. Le major Christian Burma, à la barbe fournie, s'installa à sa droite, dos aux vitres de la mairie. La salle était décorée d'une grande tapisserie, représentant une dame du moyen-âge avec ses chiens. La tapisserie, cependant, fut réalisé dans la filature du coin en 1784. A l'origine, elle fut offert à Louis de St-Jeans, l'ancien maire de cette ville. Face au major Burma, c'est-à-dire, face aux vitres donc dos au mur, il y avait une grande bibliothèque, composé des ouvrages les plus connus en France, passant de Hugo à Zola, de Shakespeare à Molière et de Baudelaire à Proust. De magnifiques ouvrages, d'époque, décorait ce mur. Les deux hommes, l'un maître de la ville et l'autre maître de sa gendarmerie, attendait une visite. Un homme d'une trentaine d'année devrait traverser la forêt pour se rendre à Vale en forêt.
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Dans l'ombre...
Short StoryUne ville étrange, avec des disparitions inquiétantes. 17 disparitions en 4 ans. Un procureur a trois jours pour tenter de percer le mystère de la petite ville de Vale en forêt. Aidé de la gendarmerie et du maire, il enquêtera, accompagné de légende...