Le début de la fin

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J-100

J'inspire un bon coup pour me donner du courage et j'ose affronter son regard. Ses yeux bleus perçant me fixent attendant que je prenne la parole.

Je me suis déjà fait mille et un scénarios dans ma tête mais je redoute tout de même sa réaction. Je sais qu'il va être déçu de ma décision, moi-même je le suis mais je n'avais pas le choix.

C'était une nécessité, il fallait que je parte de cet endroit de stress et de pression permanente.

Je me sens mal de devoir lui dire cela sachant que ça va lui briser le cœur; lui qui avait mis tant d'espoir en moi et en mes études. Selon lui je serai neurochirurgienne et rien d'autre.

Au fil des années, à force qu'il me répétait sans cesse cette idée, j'ai commencé à y croire à mon tour.

Cependant, des fois j'hésitais et je n'étais plus sûr que ce soit réellement fait pour moi.

Quand je lui faisais part de mes doutes, il affirmait confiant :

" Tu vas devenir neurochirurgienne et faire la fierté de ton père car tu es une battante et que tu vas y arriver ! C'est une évidence. "

Il y croyait tellement que je n'osais pas le remettre en cause. Je me contentais de lui répondre par un sourire sincère et satisfait de ma réponse il changeait de sujet de conversation.

Mon père est strict et sévère, il veut que je réussisse. Au final c'est pour mon bien s'il agit comme ça.

Il n'a pas envie que je finisse comme mon frère aîné Elio avec une situation financière instable. Ce dernier n'a pas obtenu son baccalauréat et depuis quelques années il fait du bénévolat pour les sans-abri en enchaînant les petits boulots par-ci par-là.

Je respecte fortement mon frère, je trouve cela fabuleux qu'il se démène autant pour les autres. Il est altruiste et si gentil. Il est heureux comme cela et c'est le principal.

Mon paternel n'est pas de cet avis, selon lui Elio est un raté. Tout ça parce que mon père n'a en-tête que les études, il n'y a que ça qui compte pour lui. Il ne voit pas ce qu'il y a autour.

" Qu'est-ce que tu veux me dire Ambre de si important ? " déclare mon père en me dévisageant perplexe.

- J'ai arrêté médecine papa, Je lui affirme en le regardant droit dans les yeux.

Déboussolé par la nouvelle que je viens de lui annoncer, il réagit au quart de tour :

- Quoi tu as abandonné médecine ! Et pourquoi ? Rétorque t-il furieux.

- Je ne pouvais plus papa. Je ne dormais plus, ne mangeais plus. J'y laissais ma santé. Tant d'effort pour un métier qui ne me plaît pas tant que ça c'est du gâchis... je lui avoue franche en baissant le regard au sol honteuse.

- Tu as délaissé tes études parce que tu étais fatiguée et que tu n'arrivais plus à tenir le rythme ! Hurle l'homme en face de moi agressif.

- Oui ...

- Et tu vas faire quoi maintenant ? Dit-il d'une voix sèche.

- Je vais me débrouiller papa je te le jure ! Je riposte aux bords des larmes.

- Tu vas finir comme ton frère dans la rue ! Tu me déçois tellement Ambre. Je ne pensais pas que tu pouvais me faire cela. Crache t-il dépité.

- Ce n'est pas juste ce que tu dis papa ! Tu ne peux pas me traiter de cette manière ! C'est ma vie et c'est moi qui décide pas toi ! Si je n'ai pas envie de devenir neurochirurgienne je ne le serai pas ! Et arrête de dénigrer Elio c'est ton fils et tu dois respecter ses décisions autant que les miennes ! J'explose abasourdie par ses propos.

Je plante mes yeux dans le siens pour décrypter sa réaction mais il ne bronche pas. Il se contente de m'examiner comme si j'étais une étrangère à ses yeux.

Voyant son absence de réaction, je continue :

- Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à ce que je sois neurochirurgienne ! Qu'est-ce qu'il a ce métier que les autres non pas ?

Là, j'ai attiré son attention. Il réplique d'un ton sarcastique :

- Tu ne sais vraiment pas ?

- Non papa, je ne suis pas dans ta tête ! Je proteste lassée de son comportement.

- À cause de ta mère... dévoile t-il d'un ton dur et ferme.

- Qu'est-ce que fait maman là-dedans ? Je demande étonnée.

- Si elle est morte c'est parce qu'elle est tombée sur un mauvais neurochirurgien qui faisait mal son travail ! Réprime mon paternel en rage.

- Non, c'est parce qu'elle était gravement malade papa ! Arrête de rejeter la faute sur les autres ! Je tente de le ramener à la réalité.

- Ne me dis pas ce que je dois penser ! Tu n'étais pas là Ambre, moi oui et j'ai tout vu ! Extériorise t-il plein de rancœur.

- Il faut que tu te fasses à l'idée qu'elle n'est plus parmi nous et que ce n'est pas la faute de ce médecin papa ! Je tente de le raisonner.

- Stop Ambre, ça suffit ! Tu n'es qu'une lâche comme ton frère, une bonne à rien ! Tu aurais pu éviter ce qui est arrivé à ta mère à d'autres familles. Tu ne penses qu'à toi, tu es tellement égoïste. Tu me dégoûtes ! Tu n'as même pas essayé; tu as abandonné ! Tu es faible ! J'ai tout sacrifié pour toi ! Je t'ai payé ton logement, tes frais universitaires et voilà comment tu me remercies. Tu déclares forfait... Ta mère serait tellement déçu . Tu n'es plus ma fille ! Je ne veux plus jamais te revoir sors de chez moi ! " Rugit mon paternel haineux.

C'est à mon tour de le reluquer, je ne reconnais pas mon père.

Celui avec qui j'ai passé 21 ans de ma vie. Celui qui me racontait des histoires pour m'endormir. Celui qui jouait avec moi aux jeux de société. Celui qui prenait soin de moi quand ça n'allait pas. Celui qui nous a soutenu et consolé quand maman nous a quitté. Celui qui a toujours été là pour moi.

Quand je le regarde à présent je ne vois qu'un inconnu.

" Tu as déjà perdu maman, Elio et maintenant tu viens de me perdre moi. Il ne te reste plus personne ! Tu vas finir seul comme un rat. Au revoir papa. " je lâche irritée.

Je n'attends même pas sa réponse que je sors en courant de la maison. Je m'assois sur le trottoir et je craque. Je laisse échapper les larmes qui roulent le long de mes joues.

Je ne comprends pas son comportement.

Pourquoi est-il si méchant envers ses enfants ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? J'ai toujours été sage et docile, j'ai toujours fait ce qu'il me demandait de faire.

Et là juste parce que je prends pour une fois une décision dans ma vie il me la renvoie à la figure.

Ne sachant pas quoi faire, j'appelle Elio pour tout lui raconter. Ce dernier, patient m'écoute attentivement et me propose de m'héberger le temps que je trouve une solution.

Je lui en suis reconnaissant. Je me rends à son appartement de 20 m² . Il m'accueille en me serrant fort dans ses bras.

Ce geste subtil me réconforte et après cette étreinte il m'accompagne dans le salon pour que nous discutons plus posément.

Je lui déballe tout, lui me rassure comme il sait si bien le faire en trouvant les bons mots. Il m'informe que je peux rester là autant de temps que je veux.

Je le remercie et je vais me coucher sur le canapé exténuée.

Je m'enroule dans la couverture, ferme les yeux mais impossible de dormir.

Mon cerveau ne veut pas me lâcher, il fonctionne à vitesse grand V.

Les craintes et les peurs refont surface et restent là, elles ne me lâchent plus...

***

Voilà le premier chapitre de cette nouvelle histoire !

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