O.S 4 : Nekfeu

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Je crois qu'on a jamais été aussi silencieux tout en étant autant nombreux.

Tout le monde est là. L'entourage, l'entourage de L'entourage, et quiconque auquel Deen peut être attaché.

Ça fait mal de se dire que le seul moment où tout le monde est présent c'est quand t'as le cul vissé sur un lit blanc.

Enfin j'imagine que le bigo aurait mal en pensant ça, ou peut-être qu'il en aurait rien à foutre. En tous cas moi ça m'fait mal.

Mais tout le monde est là et c'est pas plus mal. La famille, les amis, les amis qui font partis de la famille. Tout le monde. Tout le monde fixe le sol, personne n'ose ouvrir la bouche. Le dernier bruit qui a percé le silence était le cri de douleur de la mère Castelle quand elle a vu son fils étendu inconscient dans le fameux lit blanc. Elle a cru qu'on n'allait pas l'entendre, ou peut-être qu'elle aussi elle en avait rien à foutre. Après tout le regard des autres quand ton fils passe à deux doigts de la mort, t'en a sûrement rien à foutre.

Du coup, depuis, c'est silence radio, et c'est pas pour me déplaire. Je suis pas sur d'avoir envie d'entendre le voix de quiconque si ce n'est celle de mon frère.

Quand j'ai reçu le coup de téléphone de la maman Castelle ça m'a brisé. Oui, une rupture amoureuse fait mal et croyez moi j'en ai vécu des douloureuses, mais, apprendre que son frère est passé à deux doigts de la mort et que son pronostique vital est engagé, c'est autre chose.

Dieu merci à cette heure ci, ses jours ne sont plus en danger. Enfin c'est ce qu'à dit le doc, mais moi j'y crois pas trop. J'pense que j'y croirais que quand Deen sera réveillé. En attendant, pour moi c'est comme s'il était déjà parti.

Je relève ma tête sur le mur blanc en face de moi. Voir les visages tristes de mes reufs me brise encore plus alors j'avais préféré ne pas affronter leurs regards. Mais j'vais choper un torticolis à force de garder la tête baissée. Et j'ai déjà mal au cœur alors autant épargner mon corps.

Ce qui me fait le plus mal c'est le visage de sa maman. Je pense que dans sa tête ça doit être Hiroshima, quand je vois déjà comment c'est dans la mienne.

Faut la comprendre. Y'a trois heures, elle a décroché son portable, heureuse comme jamais de voir que son fils aîné l'appelait.

Imaginez la douleur que ça doit être d'entendre qu'il n'appelle pas pour prendre des nouvelles, mais plutôt pour vous apprendre qu'il est entre la vie et la mort. Enfin, lui, c'est plutôt une bonne femme de l'accueil de l'hosto, mais vous avez compris.

Enfin non, j'préfère pas imaginer.

Je parlais de silence mais j'avoue que j'ai un peu romantisé le truc. La vérité c'est que les talons de Madame Castelle cognent contre le sol inlassablement depuis qu'elle a spontanément décidé de faire les cents pas dans le couloir qui avoisine la chambre du Bigo.

Elle tourne, passe sa main dans ses cheveux, marche encore, ouvre la porte qui la sépare de son fils, puis la referme, regarde la vitre de son téléphone toutes les quinze secondes. Elle semble en attente, prise en haleine. Comme si Deen allait se réveiller de son coma artificiel d'une minute à l'autre. Alors qu'on sait tous que ça n'arrivera pas pour l'instant, pourtant on attend tous la tête baissée comme l'appel à la prière.

Je pose mes yeux sur mes gars autour de moi. La dernière fois qu'on s'est réunis tous ensemble, c'était y'a plus trois mois, pour la sortie du dernier album d'Yvan.

Le manque de temps, la vie qui avance sans qu'on puisse la suivre, le taf, les rencontres, tout ça fait que j'vois pas mes frères autant de fois que je l'aimerai.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 04, 2022 ⏰

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