Détestable

3

J'ai été chargée de donner à Izaid les feuilles des cours. Alors j'ai demandé en rentrant à mon père de me ramener chez lui. De toute évidence, ça a arrangé mon père qui va pouvoir voir Maria.

Une fois chez elle, je me rends devant la chambre d'Izaid. Maria me regardait désespérément, mais j'ai fait comme si je n'avais rien vu.

-Hum Izaid... C'est moi, Aimée... Je te ramène les devoirs...

Il ouvre la porte, laissant place à un Izaid avec un bras en bandage, un oeil au beurre noir, plusieurs bosses et pas mal de bleus.

-J'ai pas besoin de tes feuilles. J'y comprends rien de toute manière. Me dis pas que t'es venue juste pour ça ?

Il a l'air ennuyé. Et fatigué.

-Je viens aussi t'annoncer qu'on a un travail de groupe en français. On doit faire un mini exposé sur un livre qu'on aura choisi à deux. Pour dans deux semaines.

-Je suis en groupe avec qui ? Dis lui que je participerai pas.

-Avec moi. Et t'as pas d'autre choix que de participer. Je lui réponds fièrement.

-Pff... Je te laisse choisir le livre...

-Je choisis Avant toi de Jojo Moyes. Que tu le veuilles ou non.

-Mouais... La fin tragique où le mec décide quand même d'aller en suisse... Y a quoi de bien dans ce livre. Il m'ennuie.

-Si tu connais la fin c'est que tu l'as lu. Donc ne dis pas qu'il t'ennuie.

-J'ai du le lire pour savoir qu'il m'ennuyait. Sois logique un peu. C'est pas parce que j'ai l'air idiot que je ne lis pas.

Celui-ci se pousse et ouvre sa porte en grand, me faisant signe d'entrer. Je découvre alors une étagère s'élargissant sur tout un mur, rempli de livres, de papiers et autres choses. Un bureau sur lequel sont posés quelques dessins et un lit parfaitement fait. Sa chambre est plongée dans le noir.

-Enfin bon. Tu reviens en cours quand ?

-Demain...

Izaid paraît déçu de retourner au lycée si tôt. Mais ce qui me trouble c'est qu'il ne craint même pas le terminale avec qui il s'est battu.

-Déjà ? Ce n'est pas un peu tôt ?

-Tu t'inquiètes pour moi maintenant ?

Son sourire moqueur est réapparu. Il se remet à me regarder de haut.

-Bon. Tu ressors ? Je vais pas te laisser entrer dans ma chambre indéfiniment. On a le temps pour ton devoir. Alors laisse moi tranquille avec ça.

Puis son visage impassible est réapparu. J'ai l'impression d'avoir devant moi un lunatique. Un coup il est plutôt de « bonne humeur » (du moins, il n'est pas si désagréable), et après, il est énervé, tendu et renfermé. J'en arrive même à me demander s'il sait ce que c'est, la joie

Je sors alors de sa chambre, et m'attends à ce qu'il referme la porte derrière moi, mais il sort aussi, et referme sa chambre à clé.

Il avance et me double, puis s'arrête, se retourne et me fixe.

-Bon, tu viens ? Dit-il, sèchement, mais pas méchamment. Tu l'as dit toi même, non ? On doit apprendre à se supporter, maintenant que nos parents fricotent.

-Euh... Oui, j'arrive. Je m'attendais juste à ce que tu refermes la porte derrière moi, en restant dans ta chambre

-C'est ce que tu veux ?