Un pas, deux pas, trois pas...
J'avançais à tatillon sur cet épais tapis de neige.
Au vingt-cinquième, je serai devant sa fenêtre, pleine de givre depuis le premier jour de décembre. Cette fenêtre qui interpelait ma curiosité depuis toujours.
Elle appartenait au fils de cette famille plutôt étrange, les Kim.
Aucune personne du quartier ne les côtoyait et ce n'était pas faute d'avoir essayé de les approcher d'une quelconque façon, mais après d'innombrables échecs, tout le monde avaient compris qu'ils préféraient rester dans leur coin. Ce qui était incompréhensible et carrément effrayant.
Leur maison semblait la plupart du temps inhabitée, dénuée de vie. Monsieur et madame Kim quittaient leur domicile assez tôt le matin pour aller travailler et rentraient tard, laissant leur fils se débrouiller seul pour se rendre quotidiennement au lycée.
Les rares fois où il m'arrivait de me lever tôt, je le croisais dans le bus. Toujours emmitouflé dans sa parka noire, écouteurs aux oreilles – objet qu'il ne quittait jamais, excepté lorsqu'il était en cours. À croire qu'il s'y accrochait férocement pour éviter tout contact extérieur.
Il était toujours seul, aucun ami, aucune connaissance plus ou moins proche. Ses seuls contacts humains se limitaient au personnel enseignant et à celui de la cafétéria.
Les autres élèves n'osaient pas l'approcher, ils le trouvaient trop bizarre à leur goût.
Des rumeurs plus absurdes les unes que les autres courraient sur lui et sa famille, affirmant que leur maison était hantée, qu'ils étaient des vampires ou autres créatures inexistantes, ou encore la dernière en date, qu'ils restaient dans leur coin car ils étaient mafieux et leur fils dealeur.
Cette histoire s'était propagée à une telle vitesse dans le quartier qu'elle était même remontée jusqu'aux autorités, les faisant débarquer en pleine nuit en défonçant la porte de cette pauvre famille qui n'avait rien demandé, tout en réveillant par la même occasion le quartier complet.
Madame Seo, la vieille d'en face s'étaient senti bête d'avoir fait une aussi grosse erreur en déduisant que la poudre blanche sur leur table de cuisine qu'elle avait aperçu en surveillant en douce leur maison était en réalité de la farine boulangère.
Si beaucoup craignaient cette famille, moi, elle m'intriguait.
Surtout leur fils.
Mais je n'avais jamais osé faire le pas pour engager une conversation. J'étais plutôt lâche, ou craintif de me faire recaler. Alors de nombreuses années s'étaient écroulées sans que je ne puisse passer le stade du "salut".
Mais aujourd'hui, en ce vingt-trois décembre, j'avais décidé de changer la donne. De réaliser cette résolution annuelle et mettre un terme au cycle infernal de personnalité abject dont j'étais loin en réalité.
Ma montre affichait vingt heures, je savais qu'il était seul à cette heure-ci, ses parents ne rentraient pas avant vingt-trois heures.
Ma mère qui avait fait du kimchi en grande quantité, avait trouvé bonne cette initiative d'aller rencontrer le voisin. Elle s'en voulait assez de voir un garçon en pleine croissance passer la plupart de son temps enfermé seul chez lui, alors elle avait préparé un plat pour que je le lui apporte, pensant qu'il ne devait sans doute pas manger correctement.
« Jungkook, tu lui demanderas aussi s'il veut parfois manger à la maison. » m'avait-elle dit avant que je ne quitte les lieux.
Alors j'étais là, devant sa maison, entamant mon vingt-cinquième pas qui me plaçait face à sa fenêtre givrée.
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La Fenêtre Givrée
FanfictionDerrière cette fenêtre se trouvait la curiosité de Jungkook. Ses voisins, une famille mystérieuse, vivait recluse et ne se mélangeait avec personne. Un jour, prit d'une envie soudaine de faire connaissance, Jungkook se rendit à leur domicile. Mais...