Clairière, pointes et sensations.

10 1 2
                                    

Elle s'avance, doucement, inutiles,.

Pieds tendus, écrasant l'herbe encre humide rosée.

Et elle sent, lentement, qui glisse, coule, du coin de son œil, le long de sa joue, une larme.

Ses jambes qui piétinent sans en avoir conscience.

Et cette boule... Non, ce n'est pas une boule, cette sensation, d'oppression dans la poitrine; oui, celle qui vous transmet des frissons, des vagues de chaleur dans le reste du corps. Celle qui vous dit que ça vous fait du bien d'éprouver, oui, d'éprouver, des émotions, souvent contradictoires. Une plénitude mais en même temps de la tristesse et de la compréhension. Que l'on sert à rien dans ce monde, que l'on ne fait qu'encombrer, que prendre une place inutile. Cette sensation qui fait monter les larmes aux yeux malgré l'action du corps.

Ses pointes avancent par petits pas, hésitants, funambules, d'un seul instant. Oui, ces pas qui avancent vers le centre de la clairière pendant que dans la tête, c'est la tempête, les idées, les sentiments qui virevoltent sans qu'on puisse en attraper aucun; toutes ces pensées, volatiles, insaisissables.

Et puis la première larme n'est plus seule, elle est rejointe par d'autres, de plus en plus nombreuses sans pour autant que cela se transforme en flots, juste une par une, pour regretter le temps passé, oublié, mais qui revient, par vagues, dans sa tête.

Le piétinement s'arrête, simplement, comme on arrête le temps.

Elle se recroqueville sans quitter la hauteur de ses pointes, pour prendre moins de place dans ce monde dont elle ne veut plus.

LIFE - Texts & Short StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant