« Nabil, j'veux absolument plus voir personne plonger dans les affaires et surtout pas Bené. Maintenant, le seul business dans lequel j'vends est celui du rap avec toi. Que la famille... ». Tarik s'interrompit lorsque de la fenêtre de sa chambre donnant sur l'unique skatepark de la cité, il aperçut Giulia qui s'amusait avec les jeunes du quartier. Lors de leurs rendez-vous, elle était toujours en avance.
Ce soir, Tarik avait rendez-vous avec Giulia. Cela avait été à son tour de décider où ils allaient se réunir et apparemment, il n'avait pas besoin de prévoir de faire trop de route pour rentrer. Ils passeraient la soirée aux Tarterêts. Or, ce quartier n'avait pas l'air de la perturber plus que ça, dont les éclats de rire pouvaient d'ailleurs s'entendre du troisième étage.
Tarik invitait toujours Giulia, qu'importe le regard mi-gêné mi-reconnaissant qu'elle lui lançait à chaque fois. Il était vraiment heureux d'avoir rencontré une fille aussi naturelle, gentille, qui ne se plaignait jamais de lui et qui surtout dégustait jusqu'à la dernière miette ce qu'il lui offrait. Ce soir-là, il avait prévu des hamburgers et frites fait maison d'un frère qui venait tout juste d'ouvrir son restaurant dans le zoo. Comme il venait de le dire, il fallait donner de la force aux siens.
...
« Ce soir, j'suis dans la ville, à Miami. Ce soir, j'suis little spoon comme ma che-bi. Et puis le temps d'ma vie. ». Giulia était déchaînée comme jamais. De son portable et dans l'enceinte de l'un des skateurs, elle venait de choisir le son qui l'ambiançait le plus. Elle chantait et dansait comme si le monde n'existait plus. Elle sautillait, tournoyait sur elle-même... Jusqu'à ce qu'elle heurte involontairement Tarik qui venait de rejoindre le groupe.
« Tarik ! Pardonne-moi, je ne t'avais pas vu et encore moins entendu. », s'excusa sincèrement Giulia en baissant le son, néanmoins juste assez pour que seuls eux se comprennent.
Tarik dévisagea Giulia. Au fil de leurs retrouvailles, il avait l'impression qu'elle était toujours plus belle, épanouie, souriante et spontanée. Il échouait à lui trouver son défaut éliminatoire. Effectivement, elle était bien la seule femme dont il pouvait supporter la présence douce et apaisante.
« T'inquiète. Je t'ai aps fait mal au moins ? », se surprit Tarik à se préoccuper d'une femme pendant que Giulia se frottait les poignets. Il remarqua également qu'elle était couverte d'égratignures.
« Non, c'est juste le skate. Je l'ai découvert y'a pas très longtemps, notamment grâce à Sabri. ». En effet, Giulia adressa à Bené un signe de la main, dont le jeune algérien répondit avec sourire.
« Vous avez d'autres choses à me dire avant que je le découvre par moi-même ou aps ? », feint Tarik de grogner tandis que tous se réunissaient autour de lui pour la distribution des pains.
« Ouais mon reuf, ça fait une semaine qu'on est ensemble Giulia et moi. C'est l'amour fou. ». Même à la plaisanterie de Sabri, Tarik faillit s'étouffer avec la limonade qu'elle lui avait servie.
Une fois de plus en un instant, Giulia afficha ses yeux de secouristes se caractérisant par une action immédiate et certaine : « Apparemment Sabri, évite les plaisanteries nous concernant devant Tarik car on a bien failli le perdre. », répondit-elle à l'un des plus jeunes membres de l'entourage Que La Famille.
Tarik détestait les blagues que pouvaient faire ses gars quand il s'agissait de couple ou d'amour. Pour l'aîné des frères Andrieu, ce sujet était trop sérieux et précieux pour avoir à s'en amuser. Et pourtant... Il donnerait tout pour que ces instants où Giulia affichait son plus beau et sincère sourire les projettent de nouveau tous les deux dans un univers intemporel.
« Tarik, tiens-moi ça s'il-te-plaît, je vais leur montrer si je ne sais pas freiner en skateboard. ». Quoi ? Dans quoi Giulia s'embarquait-elle encore en plaçant son sandwich dans les mains de Tarik ?
Il n'était pas bon de lancer des défis à Giulia car son interlocuteur ne devrait jamais oublier ses racines italiennes qui faisaient d'elle une femme fière au sang chaud. Elle était une vraie guerrière. Ainsi, pour argumenter son propos, elle prit au hasard l'une des planches et se lança dans un freinage.
D'instinct, Tarik posa tout ce qu'il avait dans les mains et se leva. A peine qu'il ne voulut comprendre la raison pour laquelle son cerveau et ses jambes venaient de fonctionner sans son accord que Giulia atterrit entre ses bras. Immédiatement, les autres la charrièrent affectueusement.
Giulia et Tarik ne voulaient se défaire de l'étreinte de l'autre. Dans ses bras, elle s'y sentait bien, au chaud, rassurée, cajolée et en sécurité. Quant à lui, il n'avait jamais accepté d'enlacer une femme. Pour lui, ce rapprochement n'était réservé qu'à l'intimité.
Sauf que Giulia était elle-même sans le savoir la femme qui remettait en cause tous les principes que Tarik. Elle était différente donc unique de toutes les autres qu'il avait fréquenté dans sa vie.
...
« Tarik ? Je voulais te remercier pour tout à l'heure de m'avoir retenu de tomber. Peut-être que je ne devrai pas te le dire mais tu es encore le premier homme qui me retient de chuter. ». Giulia saisissait plus que n'importe qui d'autre le sens, l'importance, l'impact et la signification des mots.
A présent, Giulia et Tarik se trouvaient dans la cage d'escalier de leur bâtiment. Ils remontaient chez eux après cette soirée où il avait senti qu'il en avait appris davantage sur elle. Elle était une femme sérieuse dans toutes les actions qu'elle commettait, même si cela ne l'empêchait pas de s'amuser.
Tarik ressentait donc un besoin presque instinctif et viscéral de protéger Giulia, du moins à ce qu'aucun homme ne lui fasse du mal. De plus, elle ne lui avait jamais parlé d'une quelconque personne qui pourrait partager sa vie. De fait, il n'existait chez elle aucune photo d'un un homme. Enfin, à ce qu'elle prouvait à Tarik, il ne pouvait qu'en déduire qu'elle était raisonnable.
Ainsi, Tarik voulait que Giulia ait définitivement une image de lui d'un homme dans lequel elle pouvait placer sa confiance les yeux fermés, notamment pour l'aider à avoir un soutien dans sa vie. L'amour y était nécessaire. Qu'il soit parental, fraternel, amical et d'autant plus avec son âme sœur. Il ne savait pas encore ce qu'elle penserait de tout cela mais il avait l'intime certitude d'avoir trouvé chez elle l'altruisme que seule un double pouvait procurer.
Alors, après avoir réfléchi, Tarik lui répondit sans plus hésiter : « Giulia, je ne détruirai aps parce que j'rêve d'effacer tes cicatrices. ».
En la présence de Giulia, Tarik devenait poète. Cette parole la fit stopper à la marche suivante. En effet, elle fut à la fois surprise et touchée par son discours efficace bien que peu prolixe. Elle savait que cet homme pouvait se définir par la portée des paroles qu'il prononçait.
En voyant Giulia s'arrêter, Tarik eut un mouvement de recul. Sa première réaction fut de s'en vouloir puisqu'il espérait ne pas l'avoir brusquée ou choquée. Finalement, il reçut sa réponse.
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Du coin des lèvres - PNL
FanfictionAu cœur d'une ville qui vit au rythme du rap, une romance improbable s'épanouit, portée par les vers d'Ademo et la poésie de PNL. Deux êtres, égarés dans le labyrinthe de coexistence, se retrouvent et s'unissent. Dans ce monde où les mots pèsent lo...