Chapitre 1

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Concentrée sur l'écriture de son roman, la jeune femme ne remarqua pas les mèches qui s'échappaient de son chignon négligé. Lorsqu'elle trouvait une bonne idée, il était impossible de la déconcentrer. Elle était assise sur une table de pique-nique décolorée au fil des ans par les intempéries. Les écouteurs dans les oreilles, elle ne profitait même pas des bruits avoisinants. Elle les avait enfoncé dans ses oreilles au moment même où elle avait entendu des cris joyeux d'enfants. Non pas qu'elle était réticente à en avoir mais elle était encore très loin de se poser cette question.

Toujours absorbée par son récit, elle ne se rendit pas compte que son crayon faiblissait de minute en minute. Ce n'est que lorsqu'elle n'arrivait même plus à voir ce qu'elle écrivait dans son carnet qu'elle pesta contre lui.

- Abruti de crayon !

En vain, elle décida de s'adonner aux pratiques anciennes : elle souffla sur la mine, écrivit sur sa semelle et essaya même de limer la mine avec une vielle lime qui trainait dans son portemonnaie. Elle soupira devant ses tentatives vaines, alors que son inspiration quittait déjà son esprit peu à peu.

Enervée contre son stylo, elle le jeta rageusement au bout de la table en aboyant cruellement dessus. Elle fit même fuir un chiot qui creusait un trou, non loin d'elle.

- Quel karma de merde ! Pesta-t-elle.

Elle remit en place les quelques mèches blondes qui s'étaient échappées de sa coiffure et qui la gênaient. Elle était déçue. En baissant les yeux, elle s'aperçut qu'elle avait encore ses écouteurs mais que la musique ne résonnait plus dans ses oreilles. Comprenant peu à peu la situation, elle retourna son téléphone et appuya sur le bouton pour le déverrouiller : plus de batterie. Elle leva les yeux au ciel pour s'apitoyer encore plus.

- Mais qu'est-ce que je vous ai fait pour mériter ça ?

Elle eut pour seule réponse de l'univers une goutte de pluie qui s'écrasa contre sa paume.

- C'est une blague ?

Rapidement, elle rangea son précieux carnet, ramassa son maudit crayon et partit d'une marche rapide vers son domicile. Elle était propriétaire d'un petit appartement dans la ville de Magnolia depuis quelques années. Originaire de la ville portuaire d'Hargéon, elle était partie dès qu'elle avait commencé ses études. Elle n'avait plus d'attaches à sa ville natale : sa mère était morte quelques années après sa naissance et son père avait compensé son absence en jetant son dévolu dans le travail. Il avait mené son entreprise jusqu'à sa gloire avant de mourir de surmenage. Lucy était encore au lycée lorsque c'était arrivé. La perte de son dernier parent l'avait conforté dans son choix de partir d'Hargéon. Elle avait alors revendu ses parts de l'entreprise "Love and Lucky" de son père et avait acheté un appartement à Magnolia. Elle aurait pu partir à Crocus, la capitale de Fiore, mais elle avait finalement opté pour une ville plus tranquille. Les universités de lettre de Magnolia et de Crocus se valaient. Elle avait mené sa petite vie étudiante tranquillement et avait fait des rencontres inoubliables. Elle s'était formé un nouveau cocon familial. Elle avait décidé de devenir romancière lorsque Reby, sa meilleure amie, avait lu un essai de son cru. Elle avait donc décidé de devenir journaliste et d'écrire à ses heures perdues son roman. Mais depuis quelques temps, son écriture devenait difficile. L'inspiration la quittait. C'est pourquoi elle écrivait pendant des heures lorsqu'elle se sentait inspirée.

La blonde soupira - la pluie venait de redoubler d'ardeur - et commença à courir. Elle avait encore 20 minutes de marche avant d'arriver chez elle. En tournant au coin d'une rue, elle aperçut la façade d'un bar qu'elle connaissait bien : elle avait coutume de s'y rendre avec ses amis. Elle se précipita vers la grosse porte en bois où l'insigne du bar s'y trouvait "Fairy Tail". Ce nom avait toujours attisé sa curiosité. Il semblait quelque peu féerique. Elle poussa le battant et entra dans le bâtiment. La décoration était minimaliste : des tables comblaient l'espace de la pièce centrale et le bar dominait au fond de la pièce.

Identité secrèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant