Le Labyrinthe du Diable

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Le froid. C'est la première chose que j'ai remarquée. Glacial, il me paralysait. Ce froid était partout autour de moi. Je le sentais sur ma peau, la transperçant. J'avais l'impression qu'elle pouvait se fissurer au moindre mouvement. Ensuite vint le sol. Un sol en pierres, dur et lisse. J'avais des courbatures et le froid semblait me maintenir collée à ce sol. Je n'osais pas bouger. Ma peau allait-elle s'arracher si j'essayais de me lever ? Enfin, je réalisai pourquoi j'avais si froid ; pourquoi je sentais la pierre aussi précisément sous ma peau : j'étais vêtue d'un simple débardeur et d'un mini short de sport. Où étaient passés mes vêtements ?

Lentement, je remuai mes orteils et mes doigts. Je répétai ces mouvements jusqu'à ce que je sente à nouveau un peu de chaleur circuler dans mon corps. Je ne pouvais pas rester là. Je devais sortir d'ici. Mais où était "ici" ? Et depuis combien de temps y étais-je ?

Je posai une main sur le sol. Puis une autre. Mes muscles étaient tellement courbaturés que je sentais des craquements dans mes bras. Je me redressai et ramenai mes jambes vers moi pour me réchauffer. C'est alors que j'ouvris les yeux. Je fus surprise par l'obscurité de la pièce dans laquelle je me trouvais. La tête me tournait et j'avais la nausée. J'essayai de parler, d'appeler à l'aide, mais ma gorge sèche m'en empêchait. Je clignai des yeux plusieurs fois, le temps de m'habituer à cette noirceur qui rendait mon supplice encore plus terrifiant.

Un maigre rayon de lumière filtrait à travers un trou dans le mur sur ma droite. J'eus alors une idée de la pièce dans laquelle je me trouvais. À peine plus grande qu'un placard, les murs étaient couverts des mêmes pierres qui jonchaient le sol. La fine lueur traversait ma cage pour aller se poser sur une porte noire en bois. Elle était entrouverte. Était-ce ma porte de sortie ou était-ce un piège ?

Lorsque mon corps eut retrouvé ses sensations et que j'eus regagné un peu de force, je me levai. Je manquai trébucher sur des pierres qui sortaient du sol. Je me dirigeai d'abord vers la fente dans le mur. Elle ressemblait étrangement à une meurtrière, comme celles que l'on trouvait dans d'anciennes fortifications. Je tentai de regarder à travers, mais je ne voyais rien d'autre que l'intense lumière blanche du Soleil, sans doute la seule source de luminosité dans cette prison obscure.

Désemparée, je compris que je n'avais plus le choix. Je devais quitter cette pièce. J'étais terrifiée à l'idée de ce qui m'attendait de l'autre côté, mais je m'enfonçai dans les ténèbres. J'avançai dans ce dédale de pierres, dans un froid toujours aussi glacial. La soif me tiraillait. Des ombres dansaient sur les murs autour de moi. Je commençais à délirer.

J'ignorais où j'allais. Mes pieds avançaient d'eux-mêmes, suivant un chemin invisible. Mon cerveau ne semblait plus vouloir réagir. J'avançais avec l'impression d'être dans un labyrinthe sans fin. Un cri retentit soudain au loin, suivi d'un rire qui me glaça le sang. J'étais pétrifiée. Je regardai autour de moi, mais ne vis que murs et pierres. Aucune pièce où me réfugier.

Un nouveau cri, un nouveau rire. Mes pieds refusaient de continuer. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Je devais aller de l'avant. Je continuai alors dans ce labyrinthe infini quand je vis apparaître une lueur étrange devant moi. Elle était rouge et une chaleur inquiétante en émanait. Elle m'appelait à elle et mon corps semblait ne pouvoir résister.

Un pied après l'autre, je m'approchai de cette lumière aveuglante. Le rire était de plus en plus fort, de plus en plus proche. Terrifiée, je plongeai alors dans ces flammes qui m'attirèrent violemment à elles.

Une alarme résonna dans ma tête alors que j'étais aspirée par ce tourbillon de feu et je me réveillai en sueur. J'étais chez moi, dans mon lit. Il était six heures du matin et je devais aller travailler. 

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