La fenêtre est grand ouverte. Le vide est si beau. Il me tend les bras.
Derrière moi, la solitude achève sa sombre besogne. Les ténèbres s'enlisent sur mes membres, enivrent mes pensées qui se peignent de mille teintes de noirceur. Mon cœur est en plein chaos, le désespoir me hante et mon âme se flétrit au fil de la sempiternelle danse des heures. Mes jambes ne tiennent plus, elle se lèvent, me mènent au bord du gouffre qui m'attend, m'accueille avec sa gueule béante. Je n'hésite pas, plus rien ne me retient. J'enjambe la limite, j'ai perdu tout contrôle. La chute est longue, vertigineuse. La terreur s'empare de moi, mais je ne sais que faire. Qui me rattrapera ?
Mon corps se pose sans douceur. Mille frissons de glace me parcourent la peau. Où suis-je ?
Un gémissement me répond, mais il ne vient pas de moi. Mille autres se joignent à lui, et je sais que je ne suis pas seul. Un vacarme à réveiller un sourd s'élève, enfle, encore et encore, en une symphonie infernale qui manque de me faire perdre raison. Une odeur fétide me parvient aux narines et fait remonter l'acide. Ma main effleure une chose, une chose froide et rugueuse, molle et lâche. Mes yeux croisent ceux d'un cadavre, un cadavre hurlant, comme tous les autres qui m'entourent. Je ne suis pas seul, non, je suis perdu, perdu dans un entrelacs de chair morte et d'âmes vagabondes. Ils crient, s'agrippent à moi, et je recule d'effroi. Est-ce cela que la mort ? À moi, ô grand roi, à moi, néphentès ! Je ne suis que l'ombre de qui j'étais, un pauvre diable perdu dans un océan de corps pourris ! N'y a-t-il point d'espoir ? Une main aimante viendra-t-elle m'aider ? Trêve d'illusions. Qui suis-je pour espérer ? Rejeté par tout et tous, évaporé dans le sablier du temps, je suis condamné, jeté dans l'oubli. En moi-même je me perds, mon âme s'étourdit. Qui suis-je ? Que dois-je faire ? Ah ! Misérable vie. Je ne sais plus qui je suis, oublié par autrui ! Alors, je vais hurler à mon tour ! Et me mêler à ces êtres égarés, et partager leur désespoir, et respirer le parfum maudit du trépas...•
Dédié à D. S--P. Si tu passes par là, passe le bonjour au troisième concerto de Rach°
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My Wonderland
PoetryLes mots sont les gardiens, gardiens maudits de tous mes maux. Ici, je romps le sceau et les laisserai vous dévoiler ce que je vous cache à la réalité. Bonne lecture.