🍨 Sucre 1 🍨

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Dans la cité de Bak'Ha, il faisait bon vivre. Une magnifique ville aux allures victoriennes, avec des tours hautes et des calèches partout dans les rues, des chevaliers pour la sécurité des citoyens... Comparée aux quatre autres cités qui constituaient le royaume d'Aldina, celle-ci semblait figée dans le temps, puisqu'elle avait choisi de rester au dix-neuvième siècle.

À Bak'Ha, on ne connaissait que la joie. Ses habitants chantaient les louanges de leurs dieux tous les jours, et ceux-ci leur offraient tout ce qu'ils souhaitaient en retour.

La cité, située à l'ouest du royaume, était gouvernée par un Ha'mid, nommé Claudel. Celui-ci exerçait un excellent travail. Les chevaliers lui obéissaient au doigt et à l'œil. Il pouvait se servir de son pouvoir pour abuser de son peuple, mais non. Claudel était un homme bon, qui voyait le bien chez tout le monde et qui aimait chacun de ses citoyens.

Le Ha'mid avait un fils : Solar. Ce jeune homme de bientôt vingt printemps était quelqu'un de renfermé, de secret, qui parlait à peine à son père pour des raisons que nul ne connassait. Il était loin d'être le parfait chevalier. Il n'avait même aucune force dans les bras pour un jeune homme de son âge. Et bien sûr, Claudel en souffrait. Ce dernier nourissait le rêve de le voir le succéder et devenir Ha'mid à son tour, cependant, le caractère de son enfant n'allait pas avec ses desseins, car il fallait s'intéresser de près au peuple pour s'attirer le regard des Sages du royaume.

Ce matin, le gouverneur de la cité marchait dans les couloirs pittoresques de son château pour se rendre dans les appartements de son fils. Le vieil homme était décidé à avoir une discussion sérieuse avec son enfant. Peu importait combien Solar fuyait la réalité, il fallait bien qu'il affronte la vie.

Une fois devant la grande porte des appartements du jeune homme, Claudel inspira une grande bouffée, avant de pousser les battants. La chambre de son fils se peignit sous ses yeux. Un énorme bordel. Rien n'était à sa place. De nombreux vêtements et bibelots jonchaient le sol, des débris de verres par-ci par-là, des armures en désordre.

Claudel fronça les sourcils, déçu par tant de négligeance de la part de son fils. Il hâta ses pas jusqu'au grand lit à baldaquin dans lequel était étalé Solar. Le blondinet dormait à poings fermés, ignorant qu'un filet de bave s'échappait de sa bouche.

Le Ha'mid demeura d'abord stoïque devant son enfant. Peu importait combien ce dernier grandissait, il était toujours son petit bébé. Claudel prit le temps de contempler le seul bien précieux qu'il lui restait depuis le décès de son épouse quelques années plus tôt. Solar possédait de longs cheveux ondulés aussi blonds que le soleil, comme sa défunte mère, ainsi qu'une peau blanche dépourvue de nævus. Ses yeux aux iris bleu étaient voilés par d'épais cils, surplombés par de broussailleux sourcils.

Claudel se reprit. Hors de question de se laisser attendrir par le visage de son fils. Il se pencha au-dessus de ce dernier et le bouscula violemment.

— Hey, tonna-t-il. Les vrais hommes se lèvent tôt !

Solar gémit, bercé par le moelleux de son lit. Puis, lorsqu'il réalisa que son père se tenait à son chevet, il sursauta brusquement, surpris.

— P-père ? bégaya-t-il.

— Lève-toi, ordonna le Ha'mid.

Solar ne se fit pas prier. Il sortit du lit et se tint droit devant son père. Sur ses deux jambes, il mesurait à peine le mètre cinquante. Frêle et mince, on aurait dit qu'il souffrait d'une quelconque maladie qui l'empêchait de grandir comme tout autre noble. Quiconque ne le connaissait pas lui aurait donné seize ans tout au plus.

SUGARTOPIA ( BXB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant