Hortensia

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Hortensia : indifférence, beauté froide

Froids. Froids les yeux de Salieri au milieu des autres, ses yeux qui le transperçaient, morts un peu, échoués sur sa peau à glisser comme s’il n’était rien, lui, Mozart, et Salieri, ses yeux, visage fermé, bras verrouillés, un peu de dédain captif au fond des pupilles, ses yeux qui le transperçaient quand ils ne le touchaient pas réellement,
ça le rendait malade.

Tranquillement, les yeux de Salieri le quittèrent, passèrent sur d’autres, la foule et lui au milieu, beau quand il l’avait vu, beau dans ce regard froid, dans la glace offerte à son sourire à lui, Salieri ! qui s’était voulu chaleureux, mais finalement un peu tendu, et ça ne lui ressemblait pas d’être mal à l’aise comme ça,
ça le rendait malade.

Lentement, Salieri continua son chemin, le dépassa, et pas de glace cette fois-ci car ses yeux ne le regardaient même pas, droits devant lui, alors Mozart se surprit à la regretter, la glace, seulement le bruit de ses pas sur la neige,
ça le rendait malade.

Une secousse, un brin de toux éclos de sa trachée, et dans sa main un pétale, doux, petit, bleu, insolent là dans le creux de sa main, ce pétale qu’il venait de cracher.

Et c’était déjà arrivé, deux semaines auparavant, et il n’avait pas voulu y croire, ça n’était pas possible, seulement un minuscule pétale, il avait dû s’échapper de quelque fleur et tomber en même temps que la toux, alors il avait rapidement oublié.

Les yeux de Salieri, froids, et maintenant un autre pétale, les yeux de Salieri, froids, qui transperçaient les siens qui désormais  s’écarquillaient de terreur, car les yeux de Salieri, froids, sur son amour qui ne connaissait pas de réponse,
ça le rendait malade.

Jardins grisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant