Ma dernière pensée

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Je suis sur le toit de l'immeuble désaffecté de ma ville, il fait nuit. J'observe l'horizon en silence. Si je baisse les yeux, je peux voir le bitume de l'ancien parking 10 étages plus bas. J'ai ramené mon enceinte qui joue ma playlist en fond, quelques mètres derrière. Un vrai mélodrame... je souris -malgré moi-.

J'ai peur en observant la distance qui me sépare du sol. Mais je ne peux pas me défiler éternellement, j'attends cette opportunité depuis trop longtemps pour faire demi-tour. Je dois le faire.

Avec difficulté je détache mon regard du vide en face de moi et mes yeux se posent sur les étoiles juste au dessus. La nuit est tellement belle... je pourrais la regarder encore quelques minutes, juste le temps de respirer.
Par automatisme, mes pupilles cherchent la grande Ours. C'est la seule constellation que je connaisse.

Ça peut vous sembler étrange, mais il y a bien longtemps j'avais des personnes pour veiller sur moi. Ma mère en faisait partie. Malheureusement, ce n'est plus d'actualité. Elle a disparu, sans crier garde. Bien sûr, je pourrais lui demander ce qu'il c'est passé, où elle est passé. Mais tout mon corps est réplulsé à l'idée de devoir me frayer un passage parmi les bouteilles de bière qui jonchent le sol de mon salon pour la retrouver affalé dans le canapé pleurant sur une vieille photo de mon père. J'en ai plus la force.

Quelques fois, il me manque. C'était lui qui m'avait appris les constellations et le système solaire. Après toutes ces années, je ne m'en rappelle que très peu. Mais je me souviens de cette soirée d'été quand j'avais 7ans. J'étais allée chez mon père pour le week-end et nous avions mangés dans le jardin, comme à notre habitude, à la fin du dîné, il m'a fait lever la tête vers le ciel et a chuchoté que la grande Ours, même si elle n'était pas toujours visible, serait toujours là, dans le ciel, à veiller sur l'univers. Elle y sera encore après nous et après le monde.

C'était tellement niai. Je sors à temps de mes souvenirs mélancoliques pour entendre "Sign of the Times" commencer. J'ai toujours apprécié cette chanson. Peut-être que c'était la bonne. Je n'aurais jamais pensé qu'elle prendrait une si grande importance dans ma vie.

Inspire. Souris. Comment j'en suis arrivé là ? Une succession d'événements ou un surplus d'émotions, ce n'est plus la question. Je veux juste pouvoir partir.

Expire. Un dernier regard vers le ciel avant de tirer un trait. Ce n'est pas si compliqué; j'ai imaginé cette scène des centaines de fois. Alors pourquoi est-ce si douloureux ?Une larme roule sur ma joue. Son goût salé parvient à mes lèvres.

Vous allez me manquer, soyez heureux sans moi, s'il vous plaît.
Un dernier pas en avant. Je sens mes cheveux se soulever puis fouetter mon visage, le vent siffle à mes oreilles. La musique est étouffée peu à peu par la distance.
Je vous ai aimé,

Est ma dernière pensée.

Mes dernières pensée (OS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant