9. Prochaine fois

226K 7.1K 56.7K
                                    




Asher

20 heures. Manhattan.

Debout face à l'une des résidences de mon père, une énième cigarette entre mes lèvres et le visage noyé de dégoût, je comptais les heures qui me restaient à perdre ici.

Avec cette belle brochette d'enfoirés qui me servait de famille. Foutaise.

À l'intérieur, il y avait la plupart de mes oncles et tantes. Ainsi que leurs gosses.

Et les gosses de leurs gosses.

Je déteste les fêtes de famille.

Quelques-uns manquaient à l'appel, et j'étais presque étonné de voir que Shawn n'était pas encore arrivé.

Lui qui se montrait si ponctuel, j'espérais intérieurement qu'il soit mort quelque part.

Ce blaireau de mes deux.

T'as du feu ? Demanda la voix de Kyle derrière moi.

Les yeux rivés sur les murs du manoir, je fouillai dans mes poches et lui tendis mon briquet sans le regarder. Il grilla sa cigarette et soupira, me laissant pousser un gloussement moqueur.

Quoi ?

Ton agacement est palpable, remarquai-je en fixant le manoir.

Il cracha sa première fumée et me rendit mon briquet.

Je ne comprends pas pourquoi ils ont organisé cette soirée, il est mort. À quoi bon fêter son anniversaire ? C'est qui lui, Jésus ?

Mes yeux se fermèrent et je soupirai, je ne comprenais pas non plus.

Peut-être était-ce une manière de faire leur deuil ?

Bien sûr quand c'était eux, ils connaissaient le deuil. Personne ne m'avait laissé faire le mien lorsque mon père était mort.

Bandes de fils de putes.

Je suis venue pour tante Gemma, confiai-je en tournant la tête vers lui.

Moi aussi, affirma-t-il en fronçant les sourcils, fêter l'anniversaire d'un lâche...

Sa phrase m'arracha un petit sourire, mais je ne répondis rien. Kyle avait accumulé beaucoup de rancœur envers son père, surtout depuis son suicide.

Moi aussi je le haïssais, pour avoir fait tout ce qu'il avait fait. Pour avoir mis mon ange en danger, et pour m'avoir mis en danger par la même occasion.

Tout le monde était en colère à cause de son suicide, et c'était tout ce qu'on pouvait faire.

Le haïr.

Je tirai une nouvelle clope et la grillai, la fumée se dispersa partout autour de nous et je fermai les yeux, appréciant les précieuses minutes de calme avant le début de cette soirée qui allait me donner envie de me flinguer.

L'hypocrisie se promettait d'être au rendez-vous autour de la table, et j'étais pressé de rentrer à Los Angeles pour éviter leurs faux rires et amours qu'ils portaient pour Rick.

Il est à peine 20 heures et je suis déjà fatigué, grogna la voix de Ben qui nous rejoignit à l'extérieur.

J'ai la dalle, râla Kyle.

Je restais silencieux et me tournai face à l'allée où étaient stationnées toutes les voitures de ma famille, mes yeux rivés sur le ciel sombre de New York.

CAPTIVE (Tome 2) (sous contrat d'édition chez BMR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant