CHAPITRE 1

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Mes paupières se ferment doucement et pourtant, il m'est tout bonnement impossible de trouver le sommeil. Ma vision se redresse, fatiguée, afin d'observer les quelques pixels dans le coin en haut de mon téléphone afin d'observer l'heure qui y est affichée. 
Il est bel est bien deux heures du matin. 
Ainsi les quelques sages conseils de mon oncle auront été inutile. Des techniques qui ma foi me semble bien rustre lorsque je prend le temps d'y réfléchir. Non, je ne dors malheureusement pas mieux sans mon téléphone, que j'ai d'ailleurs repris après cette observation.
Dormir la tête au pied du lit n'a absolument rien changé non plus ce qui ne m'étonne pas plus puisque peu importe le sens mon organisme ne va pas décider plus rapidement à quel moment je pourrais trouver le repos bien que ce ne serait pas de refus.

Les yeux plissés sur l'écran à peine illuminé de mon smartphone, je tente désespérément de trouver une occupation qui pourrait être ne serait ce qu'un minimum amusant. C'est alors que l'écran, après s'être mis en veille, se rallume subitement pour laisser apparaître sous l'horloge numérique un nouveau message reçu. Je peine à lire le nom du contact et le début du message... J'ose imaginer que cela n'a pas réellement d'importance à cette heure. Peut-être est ce une erreur de ma part, mais honnêtement, je ne suis pas d'humeur à lire un quelconque texto à cette heure-ci. 

Un bruit sourd me déconnecte de l'interface numérique. Je relève subitement la tête pour essayer de trouver la source d'un tel bruit. Il doit sûrement provenir du couloir, si ma fatigue ne me joue aucun mauvais tour. 

Mes mirettes tentent alors de se frayer un chemin dans le noir absolu comblant ma chambre. Je suis dans l'incapacité de percevoir quoique ce soit pour le moment, ma vue s'habitue peu à peu à l'obscurité. 

Et c'est alors que je perçois un nouveau son, un son qui sans contexte adéquat n'a absolument rien d'effrayant et pourrait même s'apparenter comme rassurant. Pourtant ici ça ne l'était pas. Il s'agissait d'une expiration, un souffle s'extirpant doucement hors des lèvres de l'inconnu. 
S'agit-il d'un cauchemar ? Au fond de moi j'ai l'impression que chaque muscles est paralysé, pourtant au-delà de ma respiration saccadée je ne peux nier la mélodie effrénée que dégage chaque battements de mon cœur.
S'agit-il d'un cauchemar ?

Toujours aussi ankylosé je suis incapable d'attraper mon téléphone pour témoigner de mon insécurité. Je ne peux pas non plus me déplacer pour allumer la lumière. L'obscurité est ma seule source de lumière. Et dans cette horrible "lumière" dans laquelle mes yeux viennent de plonger j'arrive à y voir plus claire.
Se tient alors dans le coin de ma chambre ma pire crainte aboutissant au précédent son. Une forme humanoïde emplissant le coin de la pièce tel une gargouille observant de son regard de pierre les misérables passant. Je tétanisée...
Il m'observe, il me détail de son regard aussi noir que l'univers dans lequel il m'a si facilement attirée. Son corps est tel une masse de muscle cramponnée au mur prête à me sauter à la gorge. Sa respiration s'accélère. Il se rue dans la direction de mon sommier, dans ma direction. Il hurle.

Je pleure, je me débat de toute mes forces.

La véritable lumière, la lueur salvatrice irradie la pièce. 
Mon oncle entre, armé peut être ? Il porte quelque chose à sa main mais je ne veux rien voir ni entendre. 
Ce n'est peut être qu'au bout de quelques minutes que les voix rassurantes de mon cercle familial me parviennent.

- Lucie ? Lucie ça va ? 

Je lève les yeux et observe penché au-dessus de moi le visage inquiet et fatigué de mon vieil oncle. Que dois-je lui répondre ?

- Je t'ai entendu hurler depuis notre chambre se trouvant à l'autre bout du couloir, ajouta-t-il agacé, tu pourrais au moins me répondre lorsque je te parle...

C'est suite à ces mots un poil pressé qu'interviendra ma seconde responsable légale : ma tante.
Plus douce et plus compréhensive des derniers événements elle reprendra avec animosité les dires de mon cher oncle.

- Ce n'est pas une façon de se comporter avec elle Arthur ! Regarde un peu ta nièce avant de hurler comme un coq de basse cours, elle est chamboulée...

C'est après avoir sévèrement sermonné mon protecteur encore armé d'un tuyau de fer que ma tante, Polly, décide de s'assoir à mes côtés sur le matelas de mon lit parmi les draps et les pleurs.
À la merci de moi-même je reste éternellement recroquevillée attendant patiemment que mon cœur et mes esprits se raccrochent complètement à la réalité. C'est à l'aide d'une main affectueuse caressant le haut de mon dos qu'elle décide de reprendre la parole pendant que mon oncle quitte la pièce.

- Ton vieil oncle est juste inquiet, tu n'as pas à...

- C'est rien tata t'en fais pas.

Je ne voulais pas qu'on s'inquiète pour moi. Ils étaient déjà si facilement inquiet de tout, je ne souhaitais pas en rajouter. 
Mon regard dépasse l'épaule de celle qui m'a élevée pour observer le coin de ma chambre. 
C'est drôle, je me sens terriblement stupide. Il ne s'agit que de mon porte manteau sur lequel est déjà accrochée l'une de mes innombrables vestes et autres vêtements qui n'ont théoriquement rien à faire à cet endroit.
Néanmoins, quelque chose me chagrine encore. Une incohérence dans ce scénario.

Était-ce mon souffle que j'ai cru percevoir comme venant d'ailleurs ? J'entendais et je voyais, mais ais, je pris le temps de réfléchir et de relativiser ? Absolument pas. 
Le verdict est tombé, cette forme humanoïde n'était que l'endroit où j'accroche mes vêtements et ce souffle aussi terrifiant qu'il était émanait de moi et de ma superstition.
Rien ne peut pénétrer ce cercle privé qu'est ma chambre, car je suis en sécurité...

Je suis en sécurité...

Il ne reste que moi dans cette chambre. La lumière s'est éteinte et ma tante à laissée allumée la petite diode rouge sur mon radiateur, laissant émaner assez d'éclat pour que cela reste apaisant.
Et pourtant, ce n'est pas apaisant. Je ne suis pas apaisée. La lumière éteinte, je suis à la merci de cette forme invisible et je le sais. Quelque chose cloche.
J'ai l'impression de me battre face à une présence réelle. 

Soudain, je sens un air frais caresser le côté gauche de mon visage. Je tourne doucement la tête, apeurée par ce qui pourrait se trouver derrière. Mais ce n'est que ma fenêtre. 
Je laisse donc mes jambes m'amener jusqu'à l'entrouverture des carreaux pour fermer définitivement la cause de ce courant d'air. Un nouveau son parvient à mes oreilles : le bruissement extérieur de feuilles écrasées et de brin d'herbes écartés.

Finalement, un miaulement me rassura, il ne s'agit que du chat. La simple manifestation de ce petit être poilu me renvoie au lit.

Il n'y avait rien ce soir-là, si ce n'est mon imagination.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 04, 2020 ⏰

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