CHAPITRE 2

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Je dois avouer que marcher dans la petite ville qu'est Provincetown, ou P-Town pour les intimes, est plutôt agréable. Les températures sont douces ce samedi matin et je profite avec plaisir des rayons du soleil.

— Tu as l'air fatigué, hijo.

— Je me suis réveillé dans la nuit et j'ai eu du mal à me rendormir.

Dire que j'ai eu du mal est un euphémisme. J'en ai été tout simplement incapable. Il était affiché 4 h 12 sur le réveil de ma mère quand j'ai ouvert les yeux. 4 h 17 quand j'ai aperçu une silhouette sur le pas de la porte de la chambre.

J'aurais juré que c'était mon père.

— Il te faut le temps de t'habituer à notre nouvelle maison.

— Sans doute, oui, ajouté-je avec un sourire.

Impossible de dire à ma mère ce que j'ai cru voir. Parce que c'est une hallucination, tout simplement et je ne souhaite pas l'effrayer pour rien.

— Bien le bonjour, madame ! s'écrie un homme non loin de nous.

Je tourne le visage vers lui tandis que ma mère s'en approche déjà. Debout devant un commerce, près d'un étalage de légumes, il nous sourit. Son visage est lumineux. Il respire l'amabilité et la joie de vivre.

— Vous êtes nouveaux en ville, affirme-t-il, sûr de lui.

— Ça se voit tant que ça ?

— Je sais faire la différence entre des touristes et des nouveaux locaux. L'habitude.

Je laisse ma mère discuter avec l'homme, qui je pense, est le propriétaire du magasin et pénètre à l'intérieur. Je me dirige vers le rayon boissons et attrape deux bouteilles d'Arizona. Je passe mon temps à en boire et je ne suis pas compliqué, j'apprécie tous les parfums.

— Tu es nouveau.

Pour la deuxième fois en moins de dix minutes, j'entends ces mots. Je pivote vers la voix et tombe nez à nez avec une jeune fille aux cheveux châtains et au regard espiègle. Je l'interroge du regard.

— Je ne t'ai jamais vu ici. Et j'ai entendu mon père parler avec ta mère. Je suppose que c'est ta mère ? Vous vous ressemblez trop.

Donc, c'est la fille du patron. Je remarque maintenant qu'elle porte un tablier replié au niveau des hanches et instinctivement, je lève les yeux vers sa poitrine pour y trouver la trace d'un badge.

— Je m'appelle Lana, poursuit-elle, comme si elle savait ce que je cherchais. Ici, pas besoin de badge, tout le monde se connaît. Bienvenue à P-Town, tu fais maintenant parti de ses 3 000 habitants.

Lana me tend sa main, tout sourire. Son entrain ne me surprend pas vraiment. Comme son paternel, elle transpire la sympathie. Je lui serre donc en hochant la tête, ce qui la fait rire.

— Et toi, tu es... ?

— Oh, pardon. Je m'appelle... Alexander. Alex.

— Enchanté, Alex !

Dans son dos, ma mère me fait signe. Elle semble avoir terminée ses achats et pose le tout sur le petit comptoir de la caisse.

— Je dois y aller. Ma mère a terminé.

— C'est moi qui vous encaisse, me dit-t-elle avec un grand sourire.

J'aurais dû m'en douter. Je rejoins donc ma mère, accompagné de Lana. Elle salue ma mère comme si elle la connaissait depuis toujours et se met à scanner nos articles. Son père doit être très bon vendeur quand je vois tout ce qu'il y a dans le panier.

Le garçon d'en haut (Disponible en auto-édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant