Délicates positions

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Harry était dans une position délicate. Au sens propre comme au figuré. Tout d'abord, sa position accroupie devenait de plus en plus inconfortable, d'autant que sa tenue était couverte de boue. Ensuite, il était coincé. Parce que s'il ne bougeait pas, il pressentait que sa vie se finirait dans le bureau de Rogue. Et que s'il partait, s'était toute sa maison qu'il se mettrait à dos, puisqu'il donnerait l'impression de sortir des mauvais vestiaires de Quidditch. Ce qui était factuellement le cas.
Non, il n'était pas allé dans le vestiaire des filles. C'était peut-être pire que ça, mais beaucoup plus délicieux. La trahison suprême. Il était devant les vestiaires des garçons. Mais de la maison Serpentard. Où il y avait Drago Malefoy. Au loin, il entendait les hurlements de joie de ses camarades. La victoire de Serpentard contre Poufsouffle ne le réjouissait pas seulement par pur principe de haine, mais elle signifiait que le prochain match se jouerait entre Gryffondor et Serpentard, ce que les rouges et or voyaient comme une occasion de massacrer les verts et argent. Cependant, Harry avait d'autres choses en tête.

Comme cette magnifique vue qu'il avait sur le postérieur de son meilleur ennemi. Enfin, sur son boxer, mais c'était déjà ça ! Puis, soudain, ses yeux s'écarquillèrent. Malefoy s'était enfin retourné et lui faisait maintenant face. Sauf que, au plus grand bonheur d'Harry, il était torse nu.
Et tout ce qu'il avait imaginé était loin, faramineusement loin de la réalité. Il pensait que Malefoy était un gringalet, trop aristocratique pour ne pas avoir une taille de guêpe. Mais non ! Il était en fait musclé comme pas possible ! Le rouge monta aux joues du Gryffondor sans pour autant qu'il détourne le regard. Ce spectacle était bien trop rare pour le laisser passer ! Ses yeux verts brillaient d'envie lorsqu'il se sentit devenir dur.

Oh non !

Il avait... Merlin, ça n'arrivait donc qu'à lui ?! Il jeta un coup d'œil autour de lui et avisa les vestiaires des Gryffondor quelques mètres plus loin. Il n'avait qu'à y aller, et il pourrait peut-être...enfin bref. Aussi vite que lui permettait son...problème, Harry attira son balais de Quidditch d'un Accio informulé et vola vers les vestiaires, désertés depuis longtemps par les joueurs, et s'y engouffra précipitamment. Il se déshabilla et s'adossa contre un mur. Non, il ne fallait pas qu'il fasse ça, ce n'était pas bien...

Résiste...

Mais qu'est-ce que cela changerait par rapport à ses rêves fort explicites dont il se réveillait suant et noué de partout ? Sa main se dirigea vers sa verge tendue et il commença à se caresser. Il frotta son sexe dur de plus en plus vite, émoustillé par les image d'un superbe Malefoy, lorsque la semence coula, lui arrachant un gémissement. Essoufflé, il se détendit sous l'eau chaude de la douche, songeant au mensonge qu'il devrait servir à ses camarades pour justifier son absence.

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Lorsqu'il franchit le trou de la salle commune, les conversations allaient bon train sur le prochain match qui opposerait lions et serpents. Seul·e·s Ron et Hermione gardèrent les pieds sur terre :

- Où t'étais passé ?, lui demanda Ron

- Voir si Hagrid était revenu.

- Et alors ?, l'aborda Hermione

- Et alors rien.

Une ombre fugace d'inquiétude traversa les yeux de la brune, se dissipant bien vite avec l'ambiance de fête.

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Drago savait que quelqu'un·e les avait observé. Peut-être qu'iel observait quelqu'un en particulier, mais ce qui était sûr, c'est que cette personne n'avait rien à faire devant les vestiaires des Serpentard. Et il était presque sûr d'avoir entendu le sifflement d'un balai fendant le vent, bien plus rapide que ceux que les joueurs de Quidditch de Poudlard possédaient. À moins que... Non. Ça ne se pouvait pas ! Serait-ce Potter, l'espion ? Le seul à avoir un Éclair de Feu, le balai le plus rapide du monde ! Mais peut-être se faisait-il des films, comme à chaque fois qu'il pensait au garçon au cheveux noirs de jais et aux yeux émeraudes...
Si seulement il avait pu être sûr que c'était lui ! Drago en jubilait déjà. Il était convaincu que ce n'était pas pour écouter leur tactique de jeu qu'il était là. Ou du moins l'espérait-il... En temps normal, il aurait tout de suite tout rapporté à son père. Mais non. Comment réagirait-il lorsqu'il apprendrait que son fils, sa seule descendance, était gay, amoureux d'un Gryffondor et, qui plus est, de Harry Potter ?

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Dans son lit, Drago souriait. Il avait un super plan qui pouvait se résumer en un mot : Polynectar.
Il en avait pris discrètement dans la cave de son géniteur, et il ne restait plus qu'à trouver sa victime, un·e Gryffondor, en qui il se transformerait pour pouvoir approcher Potter...dans les vestiaires. Il fallait que ce soit un joueur de Quidditch, mais pas une fille, ni un des jumeaux traîtres à leur sang, car il était impossible de les différencier. Sûrement Ronald Weasley, le plus proche de celui qui hantait ses pensées. Restait à savoir comment faire pour lui piquer un de ses cheveux...

Ce plan est beaucoup trop foireux !

Ouais, mais c'est le seul qu'on a !

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Assis sur le rebord de sa fenêtre, Harry songeait.

Depuis combien de temps sais-je que je suis gay ? Depuis combien de temps suis-je amoureux de Malfoy ? Et, depuis combien de temps je n'ai rien dit à personne ?

Malfoy. Ils étaient en cinquième année et ça faisait deux ans que Harry l'aimait. Car, il fallait bien se l'avouer, le blond était devenu une vrai bombe. Ce qui n'avait pas changé, par contre, c'était les insultes et les bousculades à tours de bras. Ce qui confortait le Survivant dans l'idée que l'existence d'un potentiel couple Malfoy/Potter était totalement impossible. Ce qui lui donnait envie de pleurer.
Et c'est ce qu'il fit jusqu'à s'endormir.

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Le lendemain matin, Harry devait avoir l'air d'un vrai zombie car Hermione le regarda, inquiète :

- Que se passe-t-il, Harry ?

- Rien, tout va bien., dit-il en tentant un timide sourire.

- Vieux, va te regarder dans un miroir et après on en reparle., intervint Ron.

- Non, non, je vous jure que ça va ! Je vais...descendre prendre mon petit déjeuner dans la Grande Salle. Vous me rejoignez ?

Ron et Hermione hochèrent la tête, pas rassuré·e·s du tout sur l'état de leur meilleur ami.

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- Eh, Potter, t'as vu ta tête ? T'as fait la bringue toute la nuit ou quoi ?, cria Pansy Parkinson, qui entrait dans la Grande Salle avec Zabini et Malfoy.

- Allez, dis-nous, Potter ! C'est qui que t'as baisé cette nuit pour être dans cet état ?, ajouta Blaise.

Harry leva la tête, s'apprêtant à lui répondre d'aller manger de la bouse de dragon, lorsqu'il vit Malefoy qui le regardait intensément.

Si tu veux tout savoir, je n'ai rien fait, mais j'aurais bien voulu faire toutes sortes de choses innommables à ce magnifique mec qui se tient à côté de toi !

Mais cette pensée resta à l'abri dans sa tête et, sous le regard de Malfoy, il rougit et détourna la tête, repensant à la veille, sous les ricanement de Parkinson et Zabini.

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Drago ne riait pas du tout mais en même temps, il n'avait pas pu prendre la défense de Potter. Il avait bien vu, lui, les cernes qui marquaient ses yeux verts aujourd'hui bouffis, sûrement par les larmes. Et il n'avait pas manqué la soudaine rougeur de son ennemi lorsque celui-ci avait croisé son retard. Il en était sûr, c'était Potter qui était devant la porte des vestiaires la veille. Et il ne doutait pas que c'était pour le voir, lui.

Non, ce n'est pas que tu le sais, c'est que tu l'espères..., lui dit une petite voix intérieure. Et si c'était vraiment lui, alors...

...mais alors, Potter a probablement dû voir des choses qui l'ont ravi !, se dit alors le jeune homme blond, rougissant légèrement.

Mais comment se fait-il que, face à ta sublime beauté, il ait pleuré ?

Car il avait pleuré, Drago en était sûr. Peut-être pensait-il que c'était mal ? Ou que cet amour n'est pas réciproque, impossible et interdit ?

Mais comment lui faire comprendre, alors, que je suis fou de lui ?

Euh... Peut-être en arrêtant de l'insulter ?, intervint une nouvelle fois Constance la Conscience.

Toutes ces pensées virevoltaient dans sa tête lorsqu'il heurta violemment quelqu'un au détour d'un couloir après être sorti de la Grande Salle.

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1421 mots

Et si on s'aimait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant