Chapitre 2

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Je sens de nouveau une vibration près de ma tête. Ce dur réveil m'oblige à entrouvrir les yeux pour m'apercevoir que je suis revenue dans ma chambre près d'un siècle plus tard. Un filet de lumière tombe pile sur mes paupières, ce qui, contrairement au silence qui règne dans la pièce, m'empêche de me rendormir et de continuer ce rêve. Toujours à moitié endormie, j'observe les posters affichés sur mes murs. Telle une jeune adolescente, des images de star ou des affiches de film recouvrent chaque côté de la pièce.

Mon téléphone continu à sonner sous mon coussin, ce dernier émet des ondes qui se diffusent dans toute ma tête jusqu'à ma nuque. Agacée par cette sensation très désagréable, je me décide enfin à le prendre pour vérifier qui m'appelle et surtout jusque quelle heure j'ai bien pu dormir. En appuyant sur le petit bouton central, un flash lumineux m'éblouit, m'obligeant à plisser les yeux et une impression bizarre me saisit quand je vois les quatre appels manqués qui barrent l'écran d'un trait noir. J'en viendrais presque à croire que j'ai fait un rêve prémonitoire.

Il est presque neuf heures. J'aurai dû me lever il y a une heure de cela, comme je l'avais prévu, pour bien travailler. Sachant pertinemment qu'il me faut un certain temps pour me préparer avant d'aller travailler, je n'ai aucune envie de me lever pour quitter le confort chaud et douillet de ma couette qui m'appelle à retourner dans les bras de Morphée.

Mes yeux sont grands ouverts à présent et se sont accoutumés à l'obscurité. Je me débats encore avec moi-même pour, oui ou non, enfin sortir de mon petit cocon. Finalement, je pose un pied au sol et cherche à tâtons ma pantoufle jusqu'à la trouvée, cachée sous le cadre du lit. Avec quelques difficultés et des douleurs dans mes membres endoloris, je me redresse en position assise. Un vertige me traverse m'étant levée trop vite, et j'étire mes bras bien haut au-dessus de ma tête tout en bâillant sans retenue.

J'hésite à d'abord me préparer avant de descendre déjeuner pour pouvoir gagner du temps mais mon estomac criant et grondant me fait revoir mes plans. Je décide donc avant tout de me rendre dans la salle de bain pour me rafraîchir pour ne pas arriver en bas comme un ours sortant de son hibernation. Toujours en pyjama, je me dirige vers la salle de bain et me poste devant le miroir pour y fixer mon reflet encore groggy, mes cheveux tout ébouriffés et mes yeux tombants.

Je prends mon gant de toilette que je passe sous un filet d'eau froide et frotte avec énergie ma peau ce qui m'aide un peu à me réveiller. La fraîcheur de l'eau se collant sur moi me fait du bien. Par moment, je laisse un instant le tissu humide contre moi jusqu'à ce que je doivent le retirer sous peine de manquer d'air. Une douce odeur me parvient depuis la cuisine me donnant encore plus faim. Après ma petite toilette rapide, je me dirige vers les escaliers pour descendre au rez-de-chaussée d'où j'entends des tintements d'assiettes et de casserole. Je rentre à pas de loup dans la pièce où se trouve ma colocataire, Bonnie, qui me tourne le dos, s'affairant aux fourneaux avec un casque sur les oreilles, la coupant du monde extérieur. Comme à son habitude, elle cuisine des œufs et du lards, le déjeuner typique. Sans faire un bruit, pour ne pas l'effrayer, je me dirige vers le frigo et me sers un jus de fruit, que je bois petit à petit. La boisson me donne une sensation fraîche et sucrée dans la gorge, calmant pour un instant ma fringale.

Je profite de ce petit moment d'accalmie pour plonger dans mes pensées et surtout pour repasser en boucle le rêve de cette nuit. Des images de mon reflet dans cette magnifique robe avec mes cheveux coiffés en haut chignon défilent devant mes yeux. Rien ne me ferait plus plaisir que de pouvoir vivre, ne serait-ce qu'une journée au début du vingtième siècle, participer à un bal et porter les plus belles toilettes de l'époque. J'émets un petit soufflement de nez suivis d'un sourire, lorsque cette idée me traverse l'esprit.

Mon regard est porté depuis un bon moment le plan de travail lorsque Bonnie se retourne manquant de peu de lâcher son assiette et la casserole encore frétillante. Elle ne m'avait pas entendu avec sa musique et devait être trop concentrée pour m'avoir remarquée.

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