Trop dur, comment faire ?
Je sors ma tête de cette eau gelée en criant de douleur. Je n'arrive pas à contrôler mon souffle. Apprendre à respirer me paraît pourtant vital. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Autour de moi, c'est le vide total. Que des vitres, je suis enfermée. Seule. J'essaie de me mettre debout. Mes jambes sont lourdes et n'ont jamais appris à marcher. C'est dur. Je m'aide de la force de mes bras. Je me hisse autant que j'en suis capable. Et là, je tombe nez à nez avec mon reflet. Est-ce vraiment moi ? Des cheveux roux, assez longs, un peu abîmés. Des yeux noirs, mystérieux, inquiétants. Un nez rond. Des lèvres roses et fines. Un visage pâle. J'approche mes mains peu à peu. Quelle sensation étrange. Ça chatouille.
" CALYSTA ? CALYSTA ? TU M'ENTENDS ? "
Arrrg. Qui est-ce ? Ce gros Monsieur qui s'approche de moi en criant. Et qui est cette Calysta ?
" N'ai pas peur. Je suis Monsieur Vain, ton créateur. Nous avons peu de temps devant nous et je dois encore tout t'apprendre. Allez viens, je vais t'aider à sortir. "
Il me tendit une sorte de tissu blanc que je mis autour de moi. Ce Monsieur avait l'air heureux de me voir, comme s'il m'avait toujours connu. Mais que doit-il m'apprendre ? Où m'emmene-t-il ? Je ne connais rien de lui mais son sourire jusqu'aux joues, et sa longue barbe blanche entremêlée me donne envie de le suivre. Dans quel but ? Je l'ignore encore, mais j'espère bientôt le découvrir.
Un ascenseur vint nous chercher pour nous emmener dans une autre pièce de sa maison. J'étais un peu dans les vapes sur le chemin, il marchait vite, et moi je venais de naître aux yeux du monde. Naître à 17 ans, ce n'est pas commun.
Nous arrivâmes devant une grande porte en bois blanc.
« Voilà ta chambre Calysta, je te laisse un peu de temps pour te préparer. Je t'attendrais dans la salle à manger pour tout t'expliquer. Avances, te voilà chez toi. »
Monsieur Vain avait la chance d'habiter dans un de ces vieux châteaux de la Renaissance quoi que le siens était complètement modernisé.
La pièce qu'il m'avait dédié était juste magnifique. Une délicate odeur de monoï de Polynésie frétilla dans mes narines dès que la porte s'ouvrit. Les murs étaient peins d'un rose bonbons adorable. La commode et le bureau blancs écrus donnaient encore plus de beauté à cette chambre grâce à leurs moulures anciennes se situant à leurs pieds. Puis, au milieu de la pièce, un grand lit, immense. Je ne pu me retenir d'aller plonger dans ses draps. Quelle tendresse, qu'est-ce que c'est moelleux. Je me retournai et vis un tiroir dans mon meuble de chevet. En l'ouvrant, seul un objet y était présent. Une pierre turquoise, petite et ronde. Les lettres A et E y étaient mêlées. C'était étrange. J'étais attiré. Je senti que quelque chose en moi essayait de …
« CALYSTA ? Je t'attends ! , s'écria Monsieur Vain»
Mince, je me suis perdue dans la beauté de la chambre et le mystère de cette pierre. Il faut que je me dépêche. J'ouvre une grande armoire qui laissa apparaître un large choix de vêtements. Je décide de prendre une robe noire au tissu dentelé, et de petites ballerines vernis style Derbies, j'adore. Je descends les escaliers interminables de cette demeure pour finir par arriver au salon. OUAH ! Quelle pièce encore ! Dois-je m'attendre à être émerveiller à chaque fois que j'ouvre une porte ? C'était fabuleux ! Je me sentais comme projetée dans un monde de richesses, presque irréel. C'est comme si la poussière avait désertée l'endroit ! Que de beauté. De grandes baies vitrées apportaient de la clarté et me permettaient de découvrir le paysage. Tout se figea autour de moi. Je fus absorbée. Je n'entendis plus Monsieur Vain. J'ouvris une des fenêtres et me voilà au milieu d'un espace montagnard féerique. Je retirai mes chaussures, marchai et soudain je senti la fraîcheur de l'herbe verte caresser mes orteils. Quel plaisir de sentir la nature auprès de nous.