Je suis un chaos perpétuel
Un être à moitié
Un soleil éponge mes fenêtres
Fermées.
Perte de tout
Gain hypothétique
Roulette russe mentale
Chute mille fois répétée.
L'emprise du temps ronge les barreaux
mais la prison tient bon.
La peur est un geôlier d'une efficacité
Redoutable. Ses mains tremblent en permanence,
Mais son pas est certain dans les rues, les cités,
les orgues funéraires ou quelque renaissance.
J'ai ouvert comme en rêve un livre blessé. Il ne se laissait pas lire. Il s'est ouvert à une page arrachée. Voici la blessure encore fraîche. Je lui indiquais que je n'avais jamais aimé que les blessures et que la sienne était intéressante. On voyait la lacération le long de l'intérieur de sa tranche. Une sorte d'alcool s'en écoulait et j'aurais voulu m'en épancher, mais le liquide imprégnait les autres pages, qui devenaient floues, et ma langue ne parvenait pas à le recueillir. Le livre me dit : « tu ne le mérites pas, ceci n'est pas pour toi. D'autres sans doute pourront le goûter, en d'autres temps. Va, ne garde pas en toi cet espoir stérile. »
Je l'ai refermé le cœur amer et je l'ai conduit en titubant jusqu'à son étagère. Il ajoutait : « je n'ai pour toi ni haine ni ressentiment, mais le mal qui t'habite est trop profond pour que je te livre mon encre. Conserve ce souvenir dans ta mémoire brumeuse, c'est tout ce que j'ai à t'offrir. »