Prologue

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Retourner au château après la guerre... Après la guerre.
Hermione avait cru qu'elle ne se terminerait jamais, cette guerre.

Mais elle était finie. Harry avait vaincu Voldemort. Il avait survécu, lui aussi. Après 7 ans de lutte, de longs mois de galère, ils étaient venus à bout du Seigneur des Ténèbres. Hermione avait encore du mal à y croire. Elle avait vraiment du mal. Elle se réveillait en sursaut au milieu de la nuit, la respiration hachée, et s'affolait subitement en plein après-midi parce qu'elle n'avait pas mis en place plus de barrières protectrices. Au fond elle se sentait encore en fuite. Elle courrait encore, encore, parvenant à peine à reprendre son souffle. Et elle priait, toujours, toujours, pour leur échapper. Mais ils l'avaient attrapée. Les mangemorts. Et ça Hermione, elle ne pouvait pas l'oublier.

C'était gravé dans sa peau.

Avec un reniflement, Hermione reposa la lettre sur son bureau. Le papier était froissé. Elle l'avait serré si fort en lisant les mots inscrits dessus. Recevoir une lettre de Poudlard l'avait prise de court. Pendant un instant c'était comme si elle était de nouveau en 1ère année. À cette époque, Hermione était encore une enfant. Une enfant naïve, un peu craintive, beaucoup trop timide, à la recherche de reconnaissance et à la soif intarissable de savoirs. Mais ce rappel du passé n'était pas la seule origine de sa surprise. Lors de la bataille finale, le château avait été sacrément détruit. Les plus grosses tours avaient survécu, mais les pierres tombaient en ruine. L'accès aux cachots avaient disparu, les escaliers ensevelis. Quand Hermione avait quitté ce champ de dévastation, elle n'avait jamais pensé qu'il pourrait être reconstruit. Pour elle, Poudlard était devenu une sépulture de la mort. La tombe de tant d'élèves vaillants. Des dommages collatéraux. Non, elle n'avait jamais pensé qu'il pourrait être reconstruit. Que l'on pourrait revenir à la normale. Faire comme si de rien n'était. Comme si rien ne s'était passé. Il fallait croire que si.

Et ça laissait étrangement un goût amer dans la gorge d'Hermione.

Elle, elle avait du mal à passer à autre chose. Et pourtant elle se forçait. Harry et elle avaient acheté une petite maison à Godric's Hollow et y vivaient en colocation. Hermione ne pouvait pas rentrer chez elle. Parce qu'elle n'avait plus de chez elle. Avant de partir en guerre, elle avait oublietté ses parents et s'était arrangée pour qu'ils disparaissent en Australie. Elle l'avait fait pour les protéger. Parce qu'elle ne pourrait pas supporter leur mort. Et parce qu'elle ne pensait pas, vraiment pas, qu'elle s'en sortirait. Et aujourd'hui elle devait vivre avec leur perte. Ils étaient en vie. Mais ils n'étaient plus auprès d'elle. Ils ne savaient même pas qu'elle existait. Qu'ils avaient une fille et qu'ils avaient passé de merveilleux Noël ensemble. Tout ça. Toute sa vie. Hermione l'avait effacée. Il ne lui restait plus qu'Harry. Et lui aussi, elle avait failli le perdre. Ron, lui, était reparti au domicile familial des Weasley. Ils ne communiquaient plus trop. Leur baiser dans la Chambre des Secrets avait définitivement chamboulé leur amitié. Et chamboulé Hermione. Harry allait souvent lui rendre visite. S'il ne venait pas au moins cinq fois dans la semaine Molly s'inquiétait. C'était normal. Elle l'avait protégé comme elle avait protégé chacun de ses enfants. Et c'était aussi son gendre. Harry n'avait pas encore demandé Ginny en mariage, mais il le prévoyait pour le jour de leur 19 ou 20 ans. Pour Harry c'était une évidence, de rester aux côtés de Ginny pour le reste de sa vie. Il se projetait dans le futur. Hermione était ravie pour eux, sincèrement. Mais elle avait du mal à se réjouir de toute cette joie des fois.

Peut-être parce qu'elle, elle n'était pas joyeuse.

Hermione soupira et se laissa tomber contre son lit, qui grinça légèrement. En emménageant dans cette vieille maison, Harry et Hermione avaient entrepris de la refaire intégralement. Ça les avait occupés. C'était bête mais de simples travaux leur avaient permis de s'évader de cette réalité pour quelques mois. Il restait encore à Hermione son lit à changer. Il venait de sa maison. C'était celui de ses parents, mais il était bien trop vieux maintenant. Elle ne savait pas pourquoi elle reportait toujours ça à plus tard. Mais tant pis. Elle verrait demain... Ou après-demain... Hermione inspira profondément et ferma les yeux, les détails de la lettre s'inscrivant sous ses paupières.

Collège Poudlard, École de Sorcellerie
Autrefois dirigé par le défunt Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore

Chère Mrs.Granger,

J'ai le plaisir de vous informer qu'une septième année a été mise en place spécialement pour tous les élèves n'ayant pu y assister l'an passé. Le château a été remis sur pieds et est prêt à accueillir de jeunes sorcières et sorciers talentueux, mais aussi ses anciens élèves. Vous êtes, évidemment, conviée à finir vos études à Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, Mrs.Granger, en l'expression de mes sentiments les plus distingués.

Minerva McGonagall,
Directrice

Le lit grinça et le matelas s'alourdit à côté d'elle. Elle ressentait la chaleur que le corps d'Harry émanait. Elle entendait son souffle sortir de ses lèvres. Elle pouvait presque voir sa poitrine se soulever au rythme de son cœur. Il était en vie. Il était en vie, se rassura-t-elle en retenant sa main, qui voulait se précipiter contre son cou pour prendre son pouls.

- Tu comptes y aller ?, demanda-t-il. Ron a bien ronchonné quand il a reçu sa lettre.

Hermione eut un sourire.

- Ron est un éternel paresseux.

- Mais il a l'air plutôt partant.

Hermione rouvrit les yeux et se tourna vers Harry, ses yeux se plantant dans les siens. Harry avait des yeux d'un vert incroyable. Aussi vif que l'émeraude. Il n'était peut-être pas le plus beau ou le plus grand, mais il attirait définitivement le regard. Même s'il n'était pas le fameux Harry Potter. Même s'il n'avait pas cette cicatrice, qu'Hermione vint découvrir en dégageant délicatement la frange de mèches noires de son ami.

- Elle ne t'a pas refait mal ?, s'enquit-elle.

Harry leva les yeux au ciel et prit la main d'Hermione, qu'il serra très fort dans la sienne. Elle lui posait cette question tous les jours.

- Elle ne m'a pas fait mal. Elle ne me fera plus jamais mal, lui assura-t-il.

Et il n'y avait aucun doute dans sa voix. Mais c'est vrai. Parfois il passait ses journées à attendre le moindre signe, le moindre indice, de la présence du Lord. Pour Hermione, il pouvait cacher cette peur. Elle était restée forte trop longtemps. Elle pouvait s'effondrer, maintenant, il la retiendrait.

- Peut-être... Qu'on devrait retourner à Poudlard après tout, murmura Hermione, ses yeux penseurs tournés dans le vide.

Harry lui adressa un sourire :

- Ce serait génial, Hermione.

Pattenrond sauta alors entre les deux amis et vint fouetter sa queue contre le nez d'Harry.

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Chapitre corrigé avec l'aide de menoetiade 💜

Hold me one more second Où les histoires vivent. Découvrez maintenant