Sorcières, je vous aime

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Ce soir, mes sœurs, c'est le soir que l'humanité nous a accordées pour faire peur, pour exister, pour normaliser nos pratiques et se fondre dans la masse, pour nous sentir « normales », pour sortir de nos cabanes perdues, de nos grottes, de nos chaumières.

Ce soir, mes sœurs du monde entier, je peux écrire notre gloire sans que l'on me prenne pour une folle.

Alors voici :

J'aime les sorcières de toutes les couleurs, les blanches, les noirs, les pralines, les rosées, les dorées, les bicolores, les multicolores, les translucides.

J'aime les sorcières, les vieilles, les jeunes, les cabossés, les tordues, les bien droites, les petites, les grandes, les fines, les grosses et toutes celles qui sont au milieu.

J'aime les sorcières qui le revendiquent et le crient fort et celles qui agissent en silence.

J'aime les sorcières d'hier et de demain, les trouble-fêtes des contes et celles qui ont laissé leur nom au Panthéon.

J'aime les sorcières mangeuses d'enfants, avaleuses de plantes, celles qui ont des bocaux pleins à craquer d'herbes ou de biscuits, celles qui boivent la lune en tisane.

J'aime les sorcières confinées depuis toujours et celles qui ont le blues de ne pas pouvoir sortir sans attestation.

J'aime les sorcières qui aiment les hommes, celles qui aiment les femmes, celles qui aiment tout le monde ou personne, celle qui ont des corps d'hommes, qui se genrent différemment.

J'aime les sorcières qui travaillent dans les buildings, dans leur cuisine ou sur les chantiers, celles qui sont aussi artistes, PDG, mère de famille.

J'aime les sorcières qui ont été brûlées sur des bûchers, celles qui sont mortes sous les coups dans leurs appartements.

J'aime les sorcières bafouées, oubliées, égarées, perdues, désœuvrées, désarmées, abusées, celles à qui on a tout pris, celles à qui on ne veut rien donner.

J'aime les sorcières que sont ma mère et ma tante, celle qu'était ma grand-mère, celles que seront mes filles.

J'aime les sorcières qui ont fui leur pays, fui leur mari, fui leur famille et celles qui supportent en silence.

J'aime les sorcières d'une nuit, les apprenties, les confirmées, les expérimentées et celles qui apprennent tous les jours.

J'aime les sorcières de la lune, de la terre, du soleil, des marécages ou des rivages, des tempêtes ou des oubliettes, celles du cœur, de la patience, de l'empathie, de la tendresse, du courage.

J'aime les sorcières qui se trouvent laides dans le miroir, celles qui s'y trouvent belles parfois, celles qui ne s'y regardent pas.

J'aime les sorcières quim'ont construit un avenir, qui m'ont éduqué, celles qui écoutent Piaf, Barbaraet Sanson et celles qui préfèrent Amy Winehouse, Diam's ou Aya Nakamura.


J'aime les sorcières qui vivent et celles qui ne vivent plus, celles qui ont bâti des empires et celles qui vendent leurs dessins sur Etsy.

J'aime les sorcières qui croient en Dieu, qu'il soit un ou plus nombreux, qu'importe le nom qu'elles lui donnent et celles qui ne croient qu'en elles.

J'aime les sorcières qui ont peur, celles qui doutent, celles qui pleurent, les intrépides, les sûres d'elles, celles qui tombent sans cesse et celles qui ont toujours marché droit.

J'aime les sorcières qui lisent cette ode et celles dont je ne croiserai jamais la route.

Alors voilà, sorcières, je vous aime.

Sorcière, je t'aime.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 31, 2020 ⏰

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