[ Chocolat chaud, Neige blanche ] - Chanlix

Chocolat Chaud, Neige Blanche

Felix se redressa de son lit, la bouche sèche. C'était peine perdue. Peut-être qu'il aurait pu trouver le sommeil dans une autre vie, une où il était dans son lit avec un coussin qui ne lui brisait pas la nuque, avec des couvertures qui ne le pousseraient pas à choisir entre se râper le menton sur des fibres tressées aux orties ou lentement mourir d'hypothermie, et surtout, une où il n'avait pas Han Jisung qui exposait ses problèmes respiratoires en ronflant dans son oreille comme un phare attirant à lui les cargos de morphée.

Il avait essayé, il avait échoué, et il méritait d'aller boire quelque chose.

Discrètement, il glissa hors du lit double de la chambre d'amis, fermant la porte grinçante derrière lui en quittant les lieux sans trop s'inquiéter du bruit. Si Jisung était capable de dormir avec le boucan qu'il faisait, il survivrait à ça. Le couloir noir dans lequel il se trouvait à présent était à peine devinable, une lueur vacillante au bout laissant discerner les contours des murs. Changbin avait dû laisser la cheminée du salon allumée pour la nuit. Ce qui lui semblait dangereux et inconscient, mais bon, ce n'était pas lui qui avait un chalet de designer assez grand pour inviter une bande d'ados et tout leur matériel de ski et de snowboard, alors vraiment, qui était-il pour juger de sa façon de faire. Si ça se trouve il avait juste de très bons détecteurs de fumée.

Se traîner jusqu'à la cuisine ne demanda que quelques pas paresseux, ses pantoufles frottant silencieusement sur le parquet lustré. C'était un de ces états inconfortables où le corps est épuisé, et pourtant, l'esprit refuse d'avoir sommeil. Tous ses muscles souffraient des courbatures cumulées des derniers jours passés sur les pistes, la poudreuse éblouissante si omniprésente qu'elle avait réussi à brûler le visage de Jeongin, le laissant avec une marque blafarde autour des yeux comme un souvenir permanent de ses lunettes de soleil. Tout le monde lui avait dit de mettre de la crème solaire, pourtant. D'après les cris d'agonie dans la douche à leur retour, il regrettait maintenant de s'être cru plus fort que le soleil.

Felix alluma la lumière de la hotte, préférant ne pas se cramer la rétine avec les ampoules principales qui le faisaient se sentir au milieu d'un stade de sport, avec les spots aveuglants agressant ses yeux. Un chocolat chaud, ce serait bien. Réconfortant, réchauffant, donnant un semblant de raison à ses déambulations nocturnes. Il ne se serait pas levé pour rien. Il pourrait même en faire un vrai, un correct, avec du vrai chocolat. Et puis, ça l'occuperait.

Il partit à l'exploration des placards, assez familier avec leur contenu. Depuis leur arrivée pour les vacances, il avait toujours participé aux repas, avec une rotation de ses assistants. La cuisine n'était qu'un hobby, et il n'y excellait pas encore, mais c'était mieux que laisser Hyunjin en charge. L'huile qui saute dans la poêle ne devrait pas être une raison de se propulser contre le mur opposé avec un cri strident et ensuite s'effondrer sur le plancher. Un soupir lui échappa presque en y repensant. Ces oeufs au plat avaient été une épreuve.

Malheureusement pour lui, il n'y avait pas la moindre trace de chocolat autre qu'un paquet de Kinder Bueno, et il n'allait pas faire fondre ça. Abattu par sa défaite, il se résigna à sortir la poudre de cacao. Un chalet de luxe dans les Alpes avec sauna intégré, et même pas une pauvre plaquette Milka qui traîne dans les tiroirs. Encore une fois, il ne se plaignait pas de ce que Changbin leur offrait gracieusement, mais sa famille devrait sérieusement revoir ses priorités. Secouant la tête, il sortit une tasse du lave-vaisselle.

Une cuillère, deux. Et puis encore une. Ou deux.

Sortant le lait, Felix laissa ses pensées dériver. C'était quand même très gentil de la part de Changbin de les inviter pendant ces vacances. Il se plaignait ici et là, mais surtout à cause de la fatigue, et jamais à voix haute. Honnêtement, ces quelques jours avec leur groupe d'amis seuls sur cette montagne enneigée se présentait comme une de ces expériences qui restent toute une vie, un souvenir indélébile de sa jeunesse, de qui il était à ce moment de sa vie, de qui il aimait.