one-shot.

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Il lui semblait que le monde autour de lui se fondait en un nuage de constellations, que les étoiles et les planètes dansaient dans un ballet silencieux. C'était terrifiant et même temps – en même temps terriblement calme. Les lueurs célestes se cachaient au creux de son regard éteint, où seuls ses prunelles colorées semblaient retracer les derniers stigmates de sa conscience. Parce que la mort l'étreignait devant le spectacle flamboyant, et que seule son âme un peu perdue contemplait sans voir les galaxies lointaines pourtant si proches. Ah. Ce que j'aurais aimé pour le lui dire. Ce que j'aurais aimé lui faire savoir ces mots que j'ai pas été capable de lui dire. Ce que j'aurais aimé contempler pour la dernière fois les étoiles avec lui.

~

Le souffle un peu erratique, Jisung regarda autour de lui. Les livres de la bibliothèque l'entouraient d'une aura ferme et chaude, tandis qu'en jetant un regard à l'extérieur, le jeune homme put deviner les premiers rayons du soleil percer à travers la nuit noire. Il faisait froid, l'hiver avait déposé sa couche de neige froide sur le monde. Et en regardant l'heure matinale défiler sur sa montre, le garçon tentait de revenir de ce rêve qui n'en semblait pas un. Les sensations déstabilisantes couraient toujours le long de chacune de ses vertèbres, et lorsqu'il posa ses mains gelées sur ses joues tout aussi transies, le monde s'échappa un peu à nouveau à lui – il ... pleurait ?

Les larmes coulaient silencieusement le long de ses joues légèrement rougies par les températures, il ne faisait pourtant pas si froid. C'était impénétrable, comme si son cœur meurtri hurlait dans sa poitrine, battait à rompre chacune de ses artères. Vis. Vis. Vis. Il pouvait entendre ses entrailles le lui hurler, son souffle désormais calme tremblait pourtant toujours.

Ce n'était pas un rêve hein ? Je vais vraiment mourir ce soir. On va tous mourir. C'est donc à ça que ressemble la fin du monde ? Sa conscience et son inconscient tentaient miraculeusement de traduire ses peurs et ses espoirs, d'interpréter pourquoi, à l'abri entre les milliers et les milliers de feuilles jaunies, il revoyait le soleil se lever une dernière fois. Le logique avait volé en éclat entre les étoiles déchirées, entre les astéroïdes fiévreux – il n'était que le débris d'un temps qui arriverait, un reliquat dont les prunelles reflétaient toujours malgré lui les astres passionnels.

- Yo Sungi – euh, ça va pas ?

Jisung se tourna dans un sursaut vers son interlocuteur, les mains toujours collées contre ces larmes qui n'avaient aucun sens. Il était sûr sans être sûr, il vivait des minutes qu'il avait déjà vécues sans pourtant les avoir vécues. Et Minho, son aîné de deux ans, se tenait devant lui sans comprendre la raison des larmes qui semblait avoir été arrachées au cœur de son ami.

- C-C'est rien, balbutia sans conviction le plus jeune en effaçant d'un revers de manche brut les traînées salines sur ses joues, juste la fatigue, des conneries du genre.

- Je suis pas bien sûr de savoir ce que je suis censé dire, mais je suis là ?, tenta le brun en déposant sur le bureau les livres qu'il tenait

- La première partie de la phrase n'était pas nécessaire tu sais, ne put que rigoler l'autre garçon

Sous ses prunelles brillantes, les traces rêches du pull qu'il avait passé pour essuyer ses larmes mettaient ironiquement en valeur son sourire craintif, comme si le monde allait s'effondrer sur ses frêles épaules.

Le scénario le voulait, c'était le destin. Il avait déjà vécu cette journée, à ce qu'il parait. Mais personne ne pouvait le lui confirmer, il était perdu dans une seconde chance avant que ce soir, les étoiles n'entrent en collision. Qu'avait-il pu faire dans cet aujourd'hui qui n'existait plus ? A part le regarder, lui parler comme si de rien n'était – ça n'avait ni sens ni intérêt, ça n'avait été qu'une journée banale dont les mots avaient été fugaces et timides. Il ne s'en souvenait même plus. Et pourtant, alors que son cœur battait au rythme du tic-tac des aiguilles, il se rendait compte qu'une fois de plus les mots restaient coincés dans sa gorge.

parting. minsung.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant