Le rire enfla. Il emplissait l'air. Faisait vibrer l'air. Je tremblais de tous mes membres, sans pouvoir me contrôler. Une plainte sortit de ma bouche, bruit infime comparé au boucan de ce qui riait. Elle rit de plus en plus, me brisant les tympans. Je souffre, mais ne peu rien faire. Tout autour de moi, je vois les murs exploser. Les explosions se rapprochaient petit à petit de nous. J'avais peur. Allais-je mourir comme ça ? Prostrée dans un coin ? Non, je ne voulais pas. Alors, en dépit de la chaleur qui régnait, du feu qui longeait le couloir, je me levais et courais vers la salle. Je traversais l'ombre qui riait. Elle se mit à me poursuivre. J'entrais dans la salle. Elle était sens dessus dessous. L'odeur de brûler était forte, les cadavres étaient calcinés. Mais surtout, la musique s'était remise en route. Les objets autour de moi implosèrent, le lustre me tomba dessus...
Et je me réveillais. J'étais couverte d'une sueur froide. Dans ma tête le rêve passait encore et encore. Les images me maintenaient éveillée. Je ne pus plus dormir de la nuit. Le lendemain, au petit déjeuner, je ne racontais rien du cauchemar. Mais j'étais agitée. Toute la journée sur le qui-vive. Guettant du coin de l'œil une ombre fantasque. Mais je ne vis rien de la journée. Le soir, en allant me coucher, j'étais pleine d'appréhensions. J'avais parlé de mon rêve à Megan, ma meilleure amie. Elle m'a répondu, " Susan, c'est qu'un rêve. Il t'arrivera rien. Les rêves ne s'expliquent pas, oublie le. ". Ce que j'avais essayé de faire, en vain. J'étais dans mon lit et me tournais encore et encore sans réussir à m'endormir. Mais quand je réussis, je ne rêvais pas.
En me réveillant, je me sentais bien, en pleine forme. J'allais en cour. J'arrivais en retard, à cause du bus, et rejoignis Megan. Elle me demanda si j'avais encore rêvé. Je lui répondis que non. Elle paraissait soulagée pour moi. Je l'aimais tant.
Plusieurs jours passèrent sans cauchemar. Mais au bout d'une semaine, je refis ce rêve. Mais cette fois, en me réveillant dans un hurlement silencieux, je pouvais encore entre la musique. En allant à la cuisine, pour le petit déjeuner, la musique résonnait encore dans mes oreilles. Mais celle-ci s'estompait peu à peu jusqu'à disparaître. Je ne me sentais pas très bien. J'étais fatiguée et nauséeuse. Lorsque ma mère entra dans la cuisine et qu'elle vit mon visage pâle, elle me demanda si j'allais bien. Je lui répondis que oui, que c'était juste mon cauchemar qui me perturbait. Je lui expliquais donc en quoi il consistait. Une fois terminée, elle me pris dans ses bras et me dit qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. J'allais en cour et racontais à Megan ce qui m'était arrivé. Elle fronça les sourcils. Elle réfléchissait. Elle finit par me dire:
" C'est bizarre. A ne m'était encore jamais arrivé. Je ne sais pas quoi te dire... Mais si jamais tu te réveilles en pleine nuit à cause de ton cauchemar appelle moi, j'essayerais de te le faire oublier. "
Elle prenait ça au sérieux, cela me fit chaud au cœur. Je la pris dans mes bras avant d'aller en cour. La journée se déroula sans incident et j'oubliais bien vite mon rêve.Trois jours passèrent sans que le cauchemar ne revienne me hanter. Cette fois, en me réveillant, je pouvais entendre la musique et j'avais l'impression d'entendre le bois craquer sous les flammes. Je frissonnais. Je m'étais redressée, me retenant avec les bras sur l'arrière. La respiration haletante, je tentais de percer l'obscurité. Mais je ne voyais rien. Ni les flammes qui auraient dû lécher le bois que j'entendais craquer, ces flammes qui auraient dû faire fuir les ombres. Mais non, rien. Le noir total. Je me concentrais et finalement le silence revint. C'était un silence assourdissant et oppressant. Comme si vous saviez que quelqu'un vous observait et que ni vous ni lui ne voulait faire de bruit, de peur d'attirer l'attention. J'avais un horrible pressentiment. Je me tournais et tâtonnais sur la table de nuit pour prendre mon téléphone. Lorsque je posais les doigts dessus, je serrais fort, ne voulant en aucun cas le laisser partir. Il pouvait m'apporter une aide, un réconfort moral en permettant d'appeler Megan. Je cherchais son numéro dans mon répertoire et appelais. Au bout du fil je n'entendais rien. Même pas la tonalité du téléphone. Je fronçais les sourcils et réessayais. Toujours rien. Toujours ce même vide qui semblait me narguer. J'avais de plus en plus de mal à garder mon calme.
Je me rallongeais sans parvenir à me rendormir, et je sentais que la nuit passait lentement. Par moment je croyais réentendre le feu, le crépitement joyeux des flammes, la musique. Et dans ces moments là, la peur était horrible, immense. Je pleurais dans mon lit, face à des peurs irrationnelles. Lorsque je fermais les yeux, c'était les images qui me hantaient. Leur visage sans peau accompagné de leur sourire hideux. Je ne pouvais que garder les yeux grands ouverts sur l'obscurité menaçante.
Je me levais une heure avant l'heure normale pour prendre une douche et faire partir les illusions. Je pris mon petit déjeuner. Mais mon mauvais sentiment ne me quittait pas. Et quand je vis ma mère entrer dans la cuisine je manquais d'hurler de surprise. Son visage était pâle. Non, plus que pâle, il était blanc. Des cernes se profilaient sous ses yeux, et elle toussait. Mon père la rejoint. Il était dans le même état. Je tremblais, la bouche ouverte. Je partis en courant, attrapant mon sac en passant. Ils ressemblaient beaucoup trop aux personnes masquées de mon rêve. Je racontais tous à Megan. Elle secoua la tête et dit que c'était dû à la fatigue. Je passais une mauvaise journée. Je pensais sans cesse à mes parents. Quand, le soir, je rentrais, je les trouvais allongés dans le canapé. Ils étaient mal et toussaient terriblement fort. Je m'approchais d'eux et vit des mouchoirs en sang sur le sol. Ma mère toussa dans sa main, qui fut recouverte de gouttes de sang. Je m'approchais d'eux, puis reculait. Je vis ma sœur. Même état. Il n'y avait que loi qui n'était pas malade.J'allais dans ma chambre et m'endormis sans avoir mangé. Le cauchemar revint, plus puissant et réaliste que les autres. Et cette fois, quatre des danseurs étaient ma mère, mon père et mes sœurs. Je me réveillais en sursaut, en sueur. La musique était cette fois présente, ce n'était plus un petit reste, mais bien quelque chose de réel. J'allais voir mes parents dans leur chambre. Ils toussaient. Pire que hier. Pareil pour mes sœurs. Je décidais de ne pas aller à l'école et de les aider. Je passais ma journée à courir entre les chambres, apportant du linge humide pour leur front brûlant, jetant les mouchoirs pleins de sang. La situation empirait d'heure en heure.
Une semaine passa comme ça, cauchemar sur cauchemar, et la situation de ma famille empirait jour après jour. La musique était de plus en plus en forte et vivante. Je finis par appeler l'hôpital, qui vint chercher ma famille, en m'emmenant avec. On me fit des tests, mais je n'avais rien. Quand je demandais comment allaient mes parents, personne ne me répondait. Ils me firent passer la nuit à l'hôpital. Je me réveillais en hurlant au milieu de la nuit. Lorsque des infirmières vinrent me calmer je les pris pour les danseurs et j'essayais de les frapper. Mon inconscient ne voyait que le cauchemar. Elles finirent par me mettre sous sédatifs, et je me rendormis, replongeant dans ce monde d'horreur.
Le lendemain, on me dit qu'ils étaient tous morts durant la nuit. Ensuite, tout est allé très vite.Trois heures passèrent et une femme de l'orphelinat vint me chercher. Je fus placé dans l'orphelinat, ou personne ne me parlait, parce que j'étais folle. J'eus des entretiens psychologiques où je racontais mes rêves, et on me força à prendre des médicaments. J'étais violente avec les autres, même si les médicaments me fatiguaient.
Et puis, maintenant, après des mois de silence, j'entend à nouveau la musique.
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Rêve mortel
HorrorPour Susan, tout allait bien, jusqu'à ce qu'elle se mette à rêver... Susan nous livre son cauchemar éveillée. Faites attention, la prochaine fois que vous endormirez.